Szilasi, Gabor, 1928- : Gabor Szilasi est un photographe documentaire de renommée nationale et internationale. Il reçoit le prestigieux Prix du Gouverneur général pour l'ensemble de son oeuvre en 2010, ainsi que le prix Paul-Émile-Borduas en 2009. Il présente de nombreuses expositions partout au Canada, y compris sa première exposition rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Montréal en 1997 (accompagnée de l'ouvrage Gabor Szilasi : Photographies/Photographs, 1954-1996, publié chez McGill-Queen's University Press). La deuxième exposition a lieu au Musée canadien de la photographie contemporaine (Musée des beaux-arts du Canada) en 2009. Ses oeuvres sont exposées à l'échelle internationale en France, en Italie, en Pologne, en Hongrie et au Portugal. On compte plusieurs publications en solo sur son travail, dont The Eloquence of the Everyday, de l'historien photographique David Harris. Les oeuvres de Gabor Szilasi se trouvent entre autres dans les collections du Musée des beaux-arts du Canada, du Musée des beaux-arts de l'Ontario, du Centre canadien d'architecture, du Musée d'art contemporain de Montréal, de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée des beaux-arts de l'Alberta et de la Banque d'oeuvres d'art du Conseil des arts du Canada, ainsi que du Stedelijk Museum, à Amsterdam, et du Fotografiska Museet, à Stockholm.
Il a également exercé une grande influence comme professeur de photographie, d'abord au Cégep du Vieux-Montréal, puis à l'Université Concordia pendant 25 ans, et comme conférencier national et international sur son travail et sur la photographie documentaire.
Gabor Szilasi est né à Budapest, en Hongrie, le 3 février 1928. Sa mère est tuée dans un camp de concentration nazi, et sa soeur et son frère meurent des suites de maladies avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, laissant derrière Gabor et son père Sandor. Il s'inscrit à l'école de médecine en 1946, mais tente de fuir le nouveau régime communiste en 1949. Il est capturé et emprisonné pendant cinq mois. Après sa libération, il est inscrit sur la liste noire du gouvernement et ne peut plus reprendre ses études, mais il trouve plutôt du travail pour la construction du métro de Budapest. En 1952, Gabor Szilasi achète son premier appareil photo, un Zorki russe, et commence à prendre des photos de sa famille, de ses amis et des rues de Budapest. Il photographie également les événements du soulèvement hongrois à Budapest en octobre et en novembre 1956. En 1957, lui et son père fuient la Hongrie pour l'Autriche en tant que réfugiés, apportant avec eux les négatifs de Gabor Szilasi. Par la suite, leur demande d'établissement au Canada est acceptée; ils montent à bord d'un navire en Italie et accostent à Halifax le 12 février 1958. Gabor Szilasi reçoit un diagnostic de tuberculose au point d'entrée de l'immigration et est immédiatement envoyé à l'hôpital. Il y passe deux mois là-bas et dans un hôpital de Québec où son père a trouvé un emploi au gouvernement provincial. Pendant cette période, il passe de nombreuses heures à étudier des magazines illustrés comme Life, Paris Match et Vogue, développant son oeil photographique.
À sa sortie de l'hôpital en avril 1958, il commence à rencontrer des membres de la communauté photographique de Québec. Cela lui donne un accès crucial à d'autres photographes et à une chambre noire. Il remporte le premier prix dans un concours en août 1958, ce qui lui procure l'argent nécessaire pour acheter un appareil photo de la marque Leica.
Gabor Szilasi déménage à Montréal en janvier 1959 et commence à travailler comme technicien de chambre noire. Quelques mois plus tard, il se voit offrir un poste de photographe pour le Service de Cinéphoto du Québec (plus tard l'Office du film du Québec [OFQ]), pour lequel il se déplace fréquemment partout au Québec, développant ainsi un amour pour la diversité des différentes régions, de leur population et de leur architecture. Au cours de cette période, il assiste également régulièrement aux nombreux vernissages de la scène très active des galeries à Montréal, devenant ainsi une sorte de photographe non officiel pour ces événements. Il rencontre celle qu'il épousera, Doreen Lindsay, à l'une de ces expositions et devient un membre important de la communauté artistique de la ville. Ces photographies feront par la suite l'objet de l'exposition Le monde de l'art à Montréal, 1960-1980 au Musée McCord, en 2017-2018.
Gabor Szilasi quitte l'OFQ en 1971 et enseigne la photographie au Cégep du Vieux-Montréal. En 1972, il devient brièvement membre du Groupe d'action photographique (GAP), un groupe de photographes influents voués à la documentation de la vie quotidienne au Québec, dont Michel Campeau, Roger Charbonneau, Serge Laurin, Pierre Gaudard et Claire Beaugrand-Champagne. En 1979, il quitte le cégep et devient professeur au Département de photographie de l'Université Concordia, où il demeure jusqu'à sa retraite en 1995. Tout au long des années 1970, Gabor Szilasi poursuit son exploration photographique des personnes et des environnements québécois et commence à exposer ses oeuvres à Montréal, à Toronto et ailleurs. À la fin de la décennie, il commence à documenter à la fois l'architecture et les gens de diverses communautés montréalaises, y compris une célèbre série de 150 photographies prises le long de la rue Sainte-Catherine, de Westmount jusqu'à Hochelaga-Maisonneuve. Il produit également une nouvelle série de portraits diptyques, dans lesquels une image noir et blanc de la personne assise est placée à côté d'une image couleur de la pièce dans laquelle le portrait a été pris.
Au cours des années 1980, il voyage moins dans la province et commence à concentrer son travail sur Montréal, sa ville de résidence. Il commence aussi à photographier et à enseigner à l'étranger, y compris en Hongrie, en France, en Italie, aux États-Unis et en Pologne. Son travail à Montréal comprend une série de vues panoramiques des intersections de rue prises avec un appareil photo à soufflet emprunté, ainsi qu'une série de photographies en couleurs d'enseignes de commerce au néon à Montréal (Lux, 1982-1984). Dans les années 1990, il documente les communautés multiculturelles du district de Saint-Michel et crée une nouvelle série de portraits collaboratifs à l'aide d'un appareil photo Polaroid de type 55.
Après sa retraite, Gabor Szilasi accepte une série de commandes de différents organismes, dont le Cirque du Soleil, le Centre canadien d'architecture et le Musée des beaux-arts de Montréal, et continue de travailler sur divers projets indépendants, incluant une série de portraits de poètes montréalais en 2007. Ses oeuvres sont largement exposées et collectionnées à cette époque, au Canada et à l'étranger. En 2006, Photo Sélection Magazine nomme Gabor Szilasi l'un des 25 photographes les plus importants de l'histoire du Canada. En 2009, le Musée canadien de la photographie contemporaine, au Musée des beaux-arts du Canada, et le Musée d'art de Joliette, au Québec, organisent une grande rétrospective de ses oeuvres intitulée L'éloquence du quotidien et accompagnée d'un important catalogue.