Deyglun, Serge, 1929-1972 : Serge Deyglun est né à Montréal en 1929, fils de l'auteur dramatique Henry Deyglun et de la comédienne Mimi d'Estée (Reine Leborgne). Il fait des études, entre autres, au Collège Stanislas d'Outremont et au Scolasticat des Pères du Saint-Esprit d'Ottawa (B.A., 1947). Il commence très tôt à jouer au théâtre et est aussi chansonnier et poète. Il poursuit et termine sa carrière en tant que journaliste et est considéré comme le premier spécialiste des questions halieutiques et cynégétiques (pêche et chasse) au Québec, autant par ses interventions dans le domaine de l'écrit, qu'à la radio et à la télévision.
Serge Deyglun fait donc très tôt ses débuts au théâtre, dès l'âge de 6 ou 7 ans, dans les pièces de son père Henry Deyglun, au Théâtre St-Denis et en tournée au Québec, ainsi que dans ses radioromans. Il continue de jouer pendant ses études et fait partie de la troupe Barry-Duquesne dès 1936. Il joue au Monument national, dans les tournées en province et dans les radioromans aux stations CKAC, CKVL et CBF.
En 1948, attiré par le goût de l'aventure, il s'engage dans la marine marchande où il voyage vers les Antilles, en Amérique centrale et en Amérique du Sud pendant près de deux ans. A son retour, il travaille en forêt comme bûcheron et mineur dans les mines de nickel de Sudbury.
Il ramène alors à Montréal d'amusantes parodies de chansons "bûcheron-western". Il fait ses débuts de chanteur parodiste, à Montréal, au cabaret Saint-Germain-des-Prés en compagnie de Raymond Lévesque, Normand Hudon, Jacques Normand, Dominique Michel et autres. Il est chansonnier au cabaret Le Faisan doré en compagnie de Charles Aznavour. En 1953, sous les conseils et parrainé par ce dernier, il part pour Paris avec Raymond Lévesque où il obtient un succès certain dans les cabarets de la rive gauche et de Montmartre. De retour à Montréal en 1958, il enregistre plusieurs disques et participe à de nombreuses émissions télévisées comme interprète de ses chansons et ensuite comme scripteur tout en continuant de jouer au théâtre. En 1960, il remporte le Grand Prix du disque canadien, section fantaisie, décerné par le poste de radio CKAC. La même année, il publie un recueil de nouvelles, "Ces filles de nulle part", chez Atys, réédité en 1971 par Jacques Hébert. Il a auparavant, en 1950, publié un recueil de poèmes intitulé "Né en trompette", préfacé par Éloi de Grandmont.
En 1961, Serge Deyglun quitte le monde artistique et devient chroniqueur de chasse et de pêche au quotidien "La Presse" de Montréal, jusqu'à sa mort en 1972. Ses débuts dans le journalisme remontent cependant à 1946, époque où il signe des contes, des nouvelles et des reportages dans Le "Petit Journal", "Photo-Journal", "La Patrie" et "La Revue populaire". Il est co-fondateur, avec Henri Poupart, de la revue "Chasse et pêche". Il anime également plusieurs émissions radiophoniques et télévisuelles au poste CKAC et à Radio-Canada et parcourt la province en tournée de conférences afin de sensibiliser la population à la conservation et à la protection de la faune et de la flore. Il est écrivain, journaliste, narrateur de plusieurs films sur la chasse et la pêche. Il remporte d'ailleurs, en 1963, le Grand Prix de journalisme (Division de l'information sportive) décerné par l'Union canadienne des journalistes de langue française.
Serge Deyglun est auteur du script du film controversé "Les grands phoques de la banquise", produit par André Fleury, Artek Films Productions Ltée, en 1964. Tourné au large des côtes des Iles-de-la-Madeleine, le film montre des scènes sanglantes de la chasse annuelle au phoque. Il est présenté à Radio-Canada et à CBC. Deyglun est l'un des premiers à dénoncer le massacre dans ses articles dans "La Presse" et le débat alimenté par les nombreuses lettres des lecteurs oblige le ministre fédéral des Pêcheries, M. H.J. Robichaud, à réglementer la durée de la chasse et le nombre de prises afin de sauver les phoques. En 1968, Deyglun est nommé au Conseil supérieur de la chasse et de la pêche, organisme para-gouvernemental officiellement formé par Gabriel Loubier, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche du Québec. En 1970-1971, il milite activement en faveur de l'abolition des privilèges détenus par les clubs privés de chasse et de pêche et pour l'ouverture de ceux-ci au grand public. En 1973, la Fédération québécoise de la faune institue le Prix Serge-Deyglun, en hommage posthume à ce naturaliste et journaliste de marque dévoué à la cause de la conservation et protection de la faune et de la nature. "Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord" et autres documents contenus dans le fonds Serge Deyglun.