Les documents contenus dans le fonds Raymond Chrétien témoignent de son parcours personnel et de sa carrière comme haut fonctionnaire et diplomate. On y trouve des documents portant sur ses études, ses premiers emplois au sein du gouvernement fédéral, ses premiers postes à l'étranger en tant que secrétaire et conseiller d'ambassade, ses divers postes comme ambassadeur au Congo, à Mexico, à Bruxelles, à Washington et à Paris et comme sous-secrétaire d'État aux Affaires extérieures. On y trouve également des documents plus personnels qui recoupent parfois les activités professionnelles de Raymond Chrétien comme des documents personnels touchant sa carrière au sein du ministère des Affaires extérieures, sa correspondance personnelle, ses journaux personnels, des discours et des entrevues, les prix et reconnaissance reçus, des coupures de presse ainsi que des documents touchant sa famille et son histoire familiale.
Le fonds est divisé en 9 séries soit 1) Jeunesse, études et début de carrière ; 2)Ambassadeur au Zaïre (Rwanda, Burundi et République du Congo) ; 3) Directeur général et Inspecteur général au ministère des Affaires extérieures ; 4) Ambassadeur au Mexique ; 5) Sous-secrétaire d'État associé aux Affaires extérieures ; 6) Ambassadeur en Belgique (Luxembourg) ; 7) Ambassadeur aux États-Unis d'Amérique ; 8) Ambassadeur en France et 9) Documents personnels et familiaux.
Chrétien, Raymond, 1942- : Raymond Chrétien est né le 20 mai 1942 à Shawinigan (Québec). Il est le fils de Maurice Chrétien, médecin à Shawinigan, et de Cécile Marcotte. II fait ses études au collège Immaculée-Conception et au Séminaire Sainte-Marie de Shawinigan. En 1960, il quitte Shawinigan pour poursuivre ses études au Séminaire de Joliette, où il obtient un baccalauréat es arts en 1962, et à l'Université Laval, où il obtient une licence en droit en 1965. À l'été 1965, il participe au séminaire annuel de l'Entraide universitaire mondiale qui se tient en Algérie et pendant lequel il découvre sa passion pour la diplomatie et les affaires internationales. Au printemps 1966, après avoir passé les examens du Barreau du Québec, il accepte une offre au bureau des affaires juridiques du ministère des Affaires extérieures à Ottawa. Il travaille d'abord au bureau des réclamations. En juillet 1967, on lui offre le poste de 3e secrétaire de la mission permanente du Canada auprès des Nations Unies à New York, dirigée par George Ignatieff. Au cours des années suivantes, il travaille dans divers ministères. Il est assistant-secrétaire au comité sur les relations fédérales-provinciales du bureau du Conseil privé, dirigé par Gordon Robertson, de juillet 1968 à avril 1970, directeur du cabinet du secrétaire du Conseil du Trésor, dirigé par Al Johnson, d'avril 1970 à janvier 1971, et chef de cabinet de Paul Gérin-Lajoie, président de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), de janvier 1971 à juillet 1972.
En juillet 1972, il revient au sein du ministère des Affaires extérieures et entreprend sa deuxième affectation dans une ambassade à l'étranger en tant que 1er secrétaire de l'ambassade du Canada à Beyrouth au Liban, sous la direction de l'ambassadeur Jacques Gignac. Raymond Chrétien vit alors les dernières années de la période de prospérité économique et de stabilité politique du pays. Déjà ébranlé par la guerre israélo-arabe de 1973 et les affrontements entre Libanais et Palestiniens au début de 1975, le pays est plongé dans une guerre civile qui perdurera jusqu'en 1990. En juillet 1975, Raymond Chrétien quitte le Liban avec sa famille pour s'installer à Paris, où il vient d'être nommé conseiller de l'ambassade du Canada, sous la direction de l'ambassadeur Gérard Pelletier.
En septembre 1978, Raymond Chrétien obtient sa première nomination comme ambassadeur du Canada à Kinshasa au Zaïre avec accréditation auprès du Rwanda, du Burundi et de la République du Congo. Il s'agit d'une période tumultueuse pour le Zaïre, dirigé par le président Joseph-Désiré Mobutu. Les relations de ce pays avec le Canada sont importantes, tant sur le plan de la coopération internationale que sur le plan commercial. À 36 ans, Raymond Chrétien est alors le plus jeune ambassadeur dans l'histoire du ministère des Affaires extérieures.
De retour à Ottawa à l'été 1981, Raymond Chrétien devient tour à tour, directeur des politiques relatives à l'industrie, l'investissements et la compétitivité (1981-1982), sous-secrétaire d'état adjoint, responsable de la Direction générale des industries manufacturières, de la technologie et des transports (1982-1983) et inspecteur général, responsable du contrôle de la gestion et de la vérification interne (1983-1985). Ce dernier poste l'amène à faire des tournées d'inspection dans plusieurs ambassades canadiennes et consulats à travers le monde.
En août 1985, Raymond Chrétien est nommé ambassadeur au Mexique, présidé alors par Miguel de la Madrid. En septembre 1985, Raymond Chrétien est témoin du tremblement de terre de Mexico et des efforts de la communauté internationale, dont le Canada, pour venir en aide à la population. La situation géographique et économique du Mexique en fait un important partenaire du Canada sur le plan commercial. L'ambassadeur y observe les premières volontés touchant la création de l'ALENA (Accord de libre échange d'Amérique du Nord) qui sera signé en janvier 1994. L'ambassade du Canada à Mexico est également la première d'une série de nouvelles constructions qui combinera au sein des ambassades canadiennes à l'étranger, la vocation diplomatique traditionnelle et la vocation de centre culturel.
De retour à Ottawa en 1988, Raymond Chrétien devient sous-secrétaire d'État associé aux Affaires extérieures, qui est alors dirigé par Joe Clark, ministre dans le gouvernement de Brian Mulroney. En plus de ses responsabilités comme gestionnaire du ministère, Raymond Chrétien dirige notamment les secteurs de l'Amérique latine, du Moyen-Orient et de l'Afrique. C'est ainsi qu'il participe activement aux délibérations du conseil des ministres qui mènent à la participation du Canada à la guerre contre l'Iraq en 1990. En 1991, Raymond Chrétien est pris à partie dans l'affaire Al-Mashat. Le gouvernement nomme et condamne publiquement des fonctionnaires fédéraux, les accusant d'avoir activé, sans autotisation préalable l'attribution du statut d'immigrant admis à Mohammed Al-Mashat, ancien ambassadeur iraquien à Washington. Après la tenue d'une commission ministérielle houleuse, l'affaire mena le gouvernement à s'interroger sur les responsabilités respectives des ministres et des hauts fonctionnaires et à faire des recommandations en matière d'éthique et de gouvernance.
En 1991, Raymond Chrétien est nommé ambassadeur du Canada en Belgique et au Luxembourg, poste qu'il occupe jusqu'en 1994. Il est témoin des relations tendues entre Wallons et Flamands et de la mise en place d'un État fédéral qui est officiellement reconnu par la constitution belge de 1993. Pendant cette période, Raymond Chrétien a également une perspective privilégiée sur l'évolution de la création de la communauté européenne, notamment l'adoption du traité de l'union européenne de Maastricht, signé en février 1992, ainsi que sur la guerre des balkans qui faisait rage.
Raymond Chrétien quitte ses fonctions d'ambassadeur du Canada en Belgique pour devenir, en janvier 1994, le dix-huitième ambassadeur du Canada aux États-Unis d'Amérique, poste qu'il occupe pendant deux mandats. Les États-Unis est le pays avec lequel le Canada entretient ses plus importantes et ses plus complexes relations diplomatiques et commerciales. L'arrivée de Raymond Chrétien à Washington est marquée par l'entrée en vigueur de l'ALÉNA, qui fait suite à l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, en y ajoutant le Mexique comme partenaire. Raymond Chrétien a souvent été amené à participer à des échanges importants dans les domaines commercial, culturel, politique, de la défense, etc. Parmi les dossiers chauds auxquels il a participé, celui de la pêche, qui mena notamment au Pacific Salmon Agreement de 1999, du bois d'oeuvre et de la sécurité des frontières.
Pendant son premier mandat à titre d'ambassadeur aux États-Unis, Raymond Chrétien est nommé envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies dans la région des Grands Lacs d'Afrique centrale pour effectuer une évaluation de la crise qui secouait cette région et faire des recommandations. D'octobre à décembre 1996, Raymond Chrétien effectue une tournée, sur le terrain, au cours de laquelle il rencontre les présidents des pays concernés. En décembre 1996, il soumet son rapport au Conseil de Sécurité des Nations Unies sur les mesures à prendre pour tenter de ramener la paix dans cette région trougblée de l'Afrique centrale.
Après près de sept années passées à Washington, Raymond Chrétien termine sa carrière diplomatique comme ambassadeur du Canada à Paris de 2000 à 2003, un poste politiquement, culturellement et historiquement très important pour le Canada. Outre ses activités diplomatiques touchant les relations culturelles, commerciales et les enjeux internationaux, dont la crise du 11 septembre 2001 et le déclenchement de la guerre en Iraq de 2003, Raymond Chrétien a pu suivre de près l'évolution de la communauté européenne, notamment la transition des monnaies nationales à l'euro comme monnaie unique.
Au cours de sa longue carrière, Raymond Chrétien a fait de nombreux discours et a participé à plusieurs séminaires, colloques et conférences sur les affaires internationales, tant au Canada qu'à l'étranger. À maintes reprises, il a accordé des entretiens à la radio et à la télévision en tant qu'expert en relations internationales et en politique étrangère.
Raymond Chrétien prend sa retraite de la fonction publique fédérale en 2004. Il joint alors les rangs du bureau d'avocats Fasken & Martineau, comme associé et conseiller stratégique spécialiste du droit des sociétés, du droit commercial, des relations gouvernementales et des règles d'éthique, ainsi que des affaires autochtones. De 2004 à 2008, il a été négociateur fédéral en chef pour les négociations avec les Cris de la Baie James concernant la mise en oeuvre de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. En 2010, le gouvernement du Québec le nomme représentant officiel auprès des autorités de l'État de New York, des États de la Nouvelle-Angleterre et du Gouvernement des États-Unis dans le cadre des discussions visant le développement des couloirs ferroviaires reliant Montréal à Boston et Montréal à New York.
Raymond Chrétien a également oeuvré au sein de plusieurs conseils d'administration et organisations. Il est membre du groupe des représentants nord-américains de la Commission trilatérale depuis 2005 ; président du conseil d'administration du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) depuis 2009 ; membre du conseil d'administration du Conseil international du Canada (CIC) ; président honoraire du conseil d'administration du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CÉRIUM) et président du Comité des gouverneurs des corridors de commerce Québec-Canada-États-Unis de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) depuis 2007. Raymond Chrétien est également membre du Conseil d'administration de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) depuis 2007, mentor de la fondation Trudeau de 2005 à 2007 et membre d'honneur du Réseau francophone sur les opérations de paix.
Raymond Chrétien a reçu de nombreux honneurs et distinctions au cours de sa carrière dont la décoration de l'Ordre national du Léopard du Zaïre (maintenant Congo) en 1981, le titre d'officier de l'Ordre de l'Aigle Aztèque du Mexique en 1989. Il a également été nommé membre de la société Omicron Delta Kappa (ODK) en 1996 ; membre honoraire du barreau de la Cour d'appel des États-Unis pour les forces armées en 1998 ; commandeur de la Légion d'honneur de la France en 2003 et officier de l'Ordre du Canada en 2010. Raymond Chrétien a également reçu des doctorats honorifiques en droit de la Brock University en 1999, de l'Université Laval en 2001 et de la State University of New York (SUNY) en 2002.
Raymond Chrétien est mariée à Kay Rousseau, fille de Blanche-Yvonne Bruyère-Sigouin et de Pidgeon Lawrence Rousseau. Ils ont une fille, Caroline, et un fils, Louis-François.