Mémoire de François-Charles de Bourlamaque sur le Canada - si cette colonie n'a pas procuré beaucoup d'avantages à la France, c'est qu'elle a été mal gouvernée et "sur des faux principes quant à son accroissement...à son commerce" et à sa défense; "nulle disposition pendant la paix, nulle frontière établie solidement...nul projet raisonnable pour se défendre ou pour attaquer, quelques troupes mais sans forme, instruction, ni discipline..."; on a trop compté sur les Indiens pour défendre la colonie: ils ne sont bons que "pour la petite guerre", pour avoir des nouvelles et pour faire des prisonniers (explications); on s'est montré trop complaisant avec eux (dépenses excessives) alors qu'il aurait fallu les traiter avec justice et fermeté; on a négligé l'exploitation des ressources de la vallée du Saint-Laurent pour aller établir des postes éloignés "sans utilité et sans communication": cela a "arrêté la culture des terres, détruit la plus robuste jeunesse" et n'a servi qu'à enrichir un petit nombre de particuliers; "tant qu'il restera à la France les deux bords du fleuve Saint-Laurent et des rivières affluentes depuis son embouchure jusqu'au lac Ontario et la faculté de traiter avec les nations sauvages par les lacs et par la grande rivière même sans aucune propriété sur ces lacs", on n'aura perdu que des chimères "et la source des vraies richesses ne...sera point ôtée"; le Canada, étant abondamment pourvu de ressources (détails), pourrait exporter beaucoup plus en France et aux îles de l'Amérique: fertilité de son sol (blé, chanvre), abondance des bestiaux (cuirs, laines, salaisons), poisson (morue), bois de construction (pour la marine), merrain, goudron, mines de fer, etc; cette colonie deviendrait avantageuse pour la France si on améliorait certains aspects de son administration (structures politiques, économiques et militaires, etc); il faut "se resserrer pour augmenter ses forces" et rapprocher les "frontières bien en deçà de ce qu'elles étaient" avant la guerre; ne recommande "aucun établissement solide à Niagara, à Frontenac et à Saint-Frédéric" tant que des objectifs plus essentiels n'auront pas été réalisés; l'île aux Noix peut assurer une bonne protection du côté du lac Champlain (explications); "du côté du lac Ontario, l'on n'aura pas grand chose à craindre si l'on veut se resserrer jusqu'aux rapides de Cataracoui" (explications): mauvaise décision d'Amherst d'attaquer par ce côté en 1760 (explications); "du côté de la mer, le fleuve Saint-Laurent n'offre aucune défense jusqu'à Québec" (explications) mais il est essentiel d'assurer une bonne défense à cette ville: mesures à prendre (détails), erreurs commises pendant la guerre de Sept Ans (absence de préparatifs de défense, capitulation précipitée, etc); se permet maintenant de proposer diverses mesures pour que le Canada soit bien gouverné, prospère économiquement et pourvu d'une bonne défense; recommande d'y établir un Conseil d'État composé du gouverneur général, de l'évêque et de l'intendant (détails); propose d'éliminer les postes de gouverneur de Montréal et de Trois-Rivières et celui de major général inspecteur commandant des troupes; suggère diverses mesures de nature économique (détails): réforme monétaire, contrôle des prix (taxe), contrôle des dépenses (règlementation), impôt pour forcer les colons à bien cultiver leurs terres (paresse des Canadiens), retrait des concessions non mises en valeur, établissement à Québec d'une chambre de commerce, établissement de magasins de sel dans les villes et les principaux forts, recensement des habitants et de leurs ressources, droits sur les vins, eaux-de-vie, marchandises de première nécessité, marchandises de luxe et la mélasse (bière de sapinette), envoi d'experts pour l'exploitation des mines de fer de la région de Trois-Rivières, envoi au Canada de 400 maîtres, compagnons et ouvriers de tout genre (forges, construction navale), immigration "de familles étrangères sans avoir égard à la religion", liberté de commerce dans les postes de traite, interdiction de tout commerce aux officiers civils et militaires, diminution du nombre de postes de traite éloignés, formation d'un corps de matelots pour les transports sur le fleuve et sur les lacs, etc; il n'est pas possible de rétablir les "troupes du Canada"; il est indispensable d'y faire passer des régiments d'infanterie qui y tiendront garnison pendant trois ou quatre ans (explications); il conviendrait qu'il y eût toujours en temps de paix douze bataillons de vieilles troupes (environ 6 000 hommes) dont deux ou trois de troupes allemandes (ces soldats pourraient se fixer au pays après trois ans de service); il y faut un corps d'artillerie d'au moins 200 hommes (détails); il y faut également un ingénieur en chef et quatre ingénieurs ordinaires; il conviendrait d'y former "une troupe de volontaires chasseurs commandée par des officiers canadiens qui entendent les langues sauvages" (détails); propositions concernant les choses suivantes: soldes, appointements, rations, habillement et équipement des troupes et des miliciens; "les milices du Canada sont très bonnes" et propres à la "petite guerre" (courage et esprit d'indépendance des Canadiens); dépenses qu'occasionnera le Canada pendant les premières années de la paix: appointements, gratifications, soldes, salaires, présents aux Indiens, fortifications, artillerie, forges, construction navale, frais de régie et de transport, hôpitaux, communautés religieuses, missions, etc; recettes: droits d'entrée, vente de sel et de poudre, etc.