Lettre de La Jonquière au ministre - Le Loutre est certain que le London a été pris: une lettre de cet abbé pour Bigot a été portée à Chibouctou de même que la facture des armes et munitions qui y était jointe (détails); a donné ordre à Des Herbiers de se rendre maître du premier bâtiment de Chibouctou qui ira à Louisbourg et de ne point le lâcher tant qu'on n'aura pas rendu le London: a demandé à Saint-Ours et Boishébert d'user de représailles s'ils en ont la chance; résume des lettres interceptées par les Malécites (renseignements sur Chibouctou); les Anglais campent à Beaubassin, au nombre de 700 hommes, sous le commandement de Charles Lawrence; Louis de La Corne et Le Loutre ont mis tout en oeuvre pour les empêcher de s'y établir (détails): des Malécites et des Micmacs ont fait feu sur les premiers bâtiments de la flotte anglaise, des Indiens ont combattu contre les troupes anglaises qui avaient fait leur descente et ils ont tué 30 ou 40 soldats et en ont blessé autant; deux chaloupes anglaises ont tiré deux coups de fusil sur les troupes françaises mais La Vallière les a forcées de se retirer; comme il est important de ne pas céder un pouce de terrain aux Anglais avant la fixation des limites, il envoie 230 hommes pour renforcer les postes français dont le commandement a été confié à Pierre Roch de Saint-Ours Deschaillons; ce détachement est expédié sur le Saint-Joseph de Nantes et non sur la Diane de Duvignau (raison): supplément de vivres, d'armes et de munitions envoyé par Bigot; Saint-Ours a ordre d'armer les habitants et les Indiens et de se concerter avec Le Loutre pour engager les Indiens à harceler les Anglais; les habitants des rivières Petitcodiac, Memramcook et Chipoudy demandant de se retirer chez eux et ceux de Verkak, pointe de Beauséjour et Tintemarre ayant représenté leur triste situation, il a promis qu'il ne les abandonnerait pas et que, si leurs terres étaient déclarées anglaises, ils seraient bien reçus sur les terres françaises: il les a exhortés à rester sur leurs terres et à suivre les directives de Saint-Ours; la présence de ces habitants réconforte les Indiens: une grande partie de ces derniers se sont retirés chez eux et les autres ne tarderont pas à les imiter; espère que Saint-Ours et Le Loutre réussiront par des présents à ranimer leur zèle; les Indiens peuvent ôter aux soldats l'envie de passer chez les Anglais: ils ont arrêté quatre déserteurs dont deux de la garnison de Louisbourg (détails); Le Loutre rapporte que l'évacuation (émigration) des Acadiens s'est arrêtée d'abord parce qu'ils craignent de s'aventurer, n'ayant aucune nouvelle positive d'Europe, ensuite parce qu'il y a des bâtiments anglais dans la baie Française et des corsaires devant Port-La-Joie qui bloquent les bâtiments français expédiés avec les vivres; il faut "presser la décision des commissaires" chargés de fixer les limites: il est essentiel que la France ne cède aucun de ses droits car, si on adhérait aux prétentions des Anglais, ce serait la perte du Canada; envoie une carte de la Nouvelle-Angleterre, un plan d'une partie de la Nouvelle-France avec une lettre faisant valoir les droits de la France.