Lettre de Beauharnois et Hocquart au ministre - n'ont eu des nouvelles de la prise de Louisbourg que par des gens de mer qui ont réussi à s'échapper (rapport de Lacroix Girard, maître malouin); doutent que les Anglais veuillent restituer cette place qui servait d'asile aux escadres et aux corsaires français et qu'ils voient comme un autre Dunkerque capable de les tenir en respect, de ravager leurs côtes et d'interrompre leurs établissements de pêche; ils prendront au contraire toutes les précautions possibles pour s'y maintenir; ils n'ont pas voulu que les habitants de l'île Royale passent au Canada, sans doute pour ne point renforcer une colonie qu'ils ont dessein d'envahir; il ne faut pas que la pêche du poisson sec tombe entièrement entre leurs mains; la pêche dans le golfe, à Gaspé, au Labrador et sur une partie de l'île de Terre-Neuve n'est pas assez considérable pour satisfaire à la consommation et au commerce du royaume; le Canada ne pouvant plus écouler ses produits agricoles à Louisbourg, ses cultures tomberont (baisse récente du prix des farines); on pourrait peut-être faire un établissement à Gaspé (baie de Penouil) qui offre des facilités pour la pêche, l'agriculture et le mouillage des navires (détails), mais le passage du golfe est aujourd'hui barré par l'ennemi; on pourrait reconquérir Louisbourg en envoyant l'an prochain 2 000 à 2 500 hommes à la baie des Espagnols (avantages qu'offre cet endroit) auxquels se joindraient 2 ou 300 Canadiens et autant de Micmacs (détails concernant le nombre de vaisseaux de guerre nécessaires, le nombre d'ouvriers, d'artisans et d'autres employés demandés, les opérations prévues pour l'hiver suivant, etc); au cas où une telle entreprise s'avérerait trop risquée, il suffirait probablement de bien s'établir dans la baie des Espagnols pour inquiéter les Anglais et les inciter à rendre Louisbourg au retour de la paix; Dubois, commandant du Castor, recommande d'entreprendre la reconquête de cette place au printemps prochain, ce qui nécessiterait de plus grandes forces navales et militaires (détails sur ce projet: participation de 400 ou 500 jeunes Canadiens et des Indiens de Miramichi et de Restigouche, etc.); sous la domination anglaise, les Acadiens n'ont point poussé leurs établissements et ont continué de vivre modestement préférant économiser les espèces tirées de leur commerce avec l'île Royale; plusieurs d'entre eux, s'étant enquis de la possibilité de s'établir au Canada, n'ont reçu aucune réponse; la plupart des habitants de l'Acadie, selon Marin de La Malgue et les missionnaires, souhaitent retourner sous la domination française et seraient prêts à se soulever moyennant certaines garanties de succès (prise de Port-Royal) et une bonne protection contre les représailles: il suffirait d'employer la menace et la contrainte envers les hésitants; 2 500 sont en état de porter les armes à Beaubassin, aux Mines et à Port-Royal; selon Marin, la tristesse s'est emparée des habitants de cette dernière place le jour où il a décampé; cet officier n'a pas eu de misère à obtenir des secours des Acadiens (détails): il faut que ces gens soient payés pour les secours accordés, sinon on peut s'attendre à éprouver des difficultés avec eux (proposent l'envoi d'une somme de 80 à 100 000 l. en monnaie d'argent pour le paiement de pareils services); les Anglais tâcheront plus que jamais de conserver l'Acadie qui leur est nécessaire pour maintenir leur nouvelle conquête (Louisbourg); ils ne manqueront pas de fortifier Port-Royal et d'en augmenter la garnison: détails sur les fortifications, les effectifs militaires et l'artillerie de cette place au moment du départ de Marin, détails sur les préparatifs de défense ordonnés par Mascarène; pensent que les Anglais n'auront plus autant de complaisance envers les Acadiens et que ces derniers seront plus réticents à favoriser les entreprises françaises; ne sauraient croire que les Anglais puissent songer à déporter ces habitants, à moins que la désertion des Indiens ne les enhardisse à prendre ce parti (l'évacuation des habitants de Louisbourg provoque de l'inquiétude à ce sujet); les Micmacs n'ont d'autre ressource que de venir au Canada ou du côté de Restigouche et de Miramichi (secours expédiés à Miramichi); ces Indiens, par leurs menaces, ont empêché les Acadiens de livrer les bestiaux demandés par le commandant anglais de Louisbourg (détails); proposent de reconquérir l'Acadie avec 2 500 hommes de troupes (plan des opérations); si une telle entreprise devenait trop hazardeuse, on pourrait se borner à établir La Hève ou Chibouctou et s'y retrancher; si Port-Royal capitule, il ne sera pas difficile de faire prendre les armes aux Acadiens, "sauf à raser cette place dans la suite et faire un établissement plus considérable soit à La Hève ou à Chibouctou"; il serait avantageux de s'établir sur la côte est parce que la pêche y est extrêmement abondante (présence de quelques habitants sur cette côte, tels Paul Guidry, Germain Lejeune et Boutin); depuis la guerre, les Anglais ne font plus la sécherie du poisson sur cette côte par crainte des Micmacs (coup de ces Indiens, leur nombre dans chacune des missions particulièrement dans celles de Miramichi et de Restigouche, nécessité d'entretenir leur amitié); Jean-Louis Le Loutre est venu à Québec avec cinq députés micmacs (discours de ces Indiens, secours qui leur sont expédiés); ce missionnaire n'a eu aucun égard à la sommation de Warren et Pepperrell l'enjoignant de se rendre à Louisbourg; il est reparti avec ses Indiens pour se rendre à sa mission: détails sur le signal qui lui a été donné pour la communication (transmission d'ordres et de nouvelles) avec les vaisseaux du roi, remise du même signal au missionnaire de Miramichi (La Corne); le père Charles Germain est arrivé hier avec 25 Indiens du bas de la rivière Saint-Jean qui ont presque tous servi dans le parti de Marin; selon ce qui a été rapporté à ce missionnaire, les députés acadiens ont été bien reçus par Mascarène et celui-ci fait rétablir l'église de Port-Royal et a permis aux habitants de Beaubassin de se procurer un autre missionnaire (hypothèses pouvant expliquer une telle bienveillance); les Anglais auraient même permis à l'abbé Maillard de rester auprès des habitants de Saint-Pierre; les députés de l'île Saint-Jean qui s'étaient rendus à Louisbourg auraient été renvoyés chez eux sans réponse positive; Canseau a été fortifié (détails); le retard des vaisseaux fait craindre qu'ils aient été interceptés et que le Canada soit privé de secours; viennent d'apprendre par la voie d'Orange que dix vaisseaux français ont été pris: craignent que les vaisseaux de La Rochelle ne soient du nombre; les Anglais cherchent à affaiblir le Canada en interceptant les navires (nécessité d'expédier une escadre pour assurer la navigation maritime); selon divers rapports (de Gannes, Hiriard, etc.), Québec doit être attaqué le printemps prochain, de même que Montréal et le fort Saint-Frédéric; il faut que les vaisseaux qui apporteront du secours soient aux environs de Gaspé en avril et au début de mai; demandent 1 000 bons soldats; il n'en reste pas plus de 400 dans les trois villes; il est vrai que la colonie peut fournir 10 à 12 000 hommes adroits et braves mais il n'y en a que 6 000 bien armés; commentent l'offre de Hiriard d'apporter au printemps des munitions de guerre à la rivière Saint-Jean (proposition de confier des munitions au père Germain pour armer les Indiens de Medoctec, Restigouche, Miramichi, etc); les préparatifs faits à Boston et les rapports des éclaireurs ont suscité la crainte d'une attaque contre Québec cette année; la colonie a été mise en état de défense: on a préparé des cajeux d'artifice, fait un nouveau retranchement depuis le moulin de la rivière Saint-Charles jusqu'aux poudrières, installé une nouvelle batterie de 21 canons à la pointe à Carcy, commencé une enceinte de maçonnerie, établi des signaux de Saint-Barnabé jusqu'à Québec et mis une chaloupe d'observation à Rimouski et une autre à Sept-Îles; on a également fait descendre à Québec des miliciens du gouvernement de Montréal, des domiciliés du Sault-Saint-Louis et du lac des Deux-Montagnes et même des Indiens de l'Ouest qui étaient à Montréal; il y aura des chaloupes au printemps à Saint-Barnabé, à la Pointe des Monts et à Sept-Îles pour assurer la communication avec les vaisseaux de France (signaux); des gouverneurs des colonies anglaises doivent rencontrer les Iroquois à Orange: les Agniers informeront le commandant du fort Saint-Frédéric de ce qui s'y passera; Beauharnois a écrit à Shirley pour ravoir l'équipage de la goélette la Marguerite (Lagrois) en échange de prisonniers faits par Marin et par le navire l'Heureuse Marie; envoient une carte de la côte de Boston copiée par l'enseigne Le Mercier, l'extrait du recensement général de la colonie pour l'année 1744 (son exactitude) et l'extrait des mariages, naissances et sépultures pour la même année; Lefebvre de Bellefeuille passe en France.