Mémoire d'un sulpicien (abbé Fénelon?) donnant une description du Canada et de ce qui s'y trouve d'avantageux tant pour les intérêts du roi que pour ceux de ses colonies - description du pays à partir de la région des Grands Lacs (cours d'eau, navigation, climat, ressources naturelles...): lac Supérieur (mines de cuivre), lacs Michigan et Huron, lac Érié (fertilité du sol, douceur du climat, abondance de poissons), lac Ontario et pays des Iroquois (terres fertiles, climat tempéré, nombreux arbres et animaux); description du pays (routes fluviales) entre le lac Ontario et l'île de Montréal: passages difficiles (rapides), région du lac Saint-François (beaux arbres, belles prairies), projet de canal à Lachine; situation avantageuse de Montréal: fertilité du sol, facilités de navigation; il y a des habitations françaises depuis l'île de Montréal jusqu'à huit ou dix lieues au-dessous de Québec: ces maisons "sont bâties de deux en deux arpents"; il n'y a à proprement parler "de lieux ramassés" (habitations rapprochées) qu'à Québec, Trois-Rivières, Montréal, au Cap-de-la-Madeleine et dans quelques villages près de Québec; on commence à prendre de la morue dans le fleuve à soixante lieues au-dessous de Québec et les baleines même y montent bien avant; les Français ont raison de remonter le fleuve pour y pousser plus avant les habitations, car le climat y est de plus en plus tempéré; les meilleures fourrures viennent du Nord; montre qu'en faisant un établissement au lac Ontario, les Français pourraient s'emparer de tout le commerce des fourrures, contenir ou détruire les Iroquois ou même établir de bonnes relations avec eux; en outre, les Indiens du Nord auraient plus de facilité à porter leurs pelleteries aux Français et ces derniers seraient en bonne posture pour découvrir les mines (de cuivre) des lacs Supérieur et Michigan; on pourrait également y fonder des missions; la colonie ne peut plus compter uniquement sur le commerce des pelleteries pour se soutenir, parce que le grand nombre de chasseurs détruit peu à peu les bêtes ou les éloigne; il faut donc avoir recours à la culture de la terre, à l'élevage des bestiaux et au commerce du bois; pour encourager les habitants, le roi enverrait de l'argent pour acheter leur bois; rareté et cherté de la main-d'oeuvre au Canada: on peut y remédier en envoyant des maîtres pour apprendre divers métiers aux jeunes gens; projet de forges à Trois-Rivières; on pourrait aussi exporter du bois aux Antilles, en Espagne et au Portugal; nécessité d'entretenir des troupes au Canada: avantages de les payer en argent et de les grouper en dix compagnies, utilité de les faire travailler pour favoriser leur établissement au pays, envoyer des recrues chaque année; propose la construction d'un fort à l'île aux Coudres ou à l'île d'Orléans; la brasserie de Talon sera très avantageuse à la colonie; ne permettre l'entrée du vin et de l'eau-de-vie que pour les besoins des particuliers et non pour la vente dans les cabarets, ceci afin de favoriser la brasserie et d'empêcher l'ivrognerie des Indiens et des Canadiens; interdire tout commerce aux ecclésiastiques; ne permettre le commerce des pelleteries qu'à ceux qui ont des terres défrichées ou qui sont mariés et l'interdire aux "volontaires"; ne permettre qu'aux seuls habitants de faire la pêche à la morue dans le fleuve et dans le golfe; projets de pêche sédentaire à l'île Percée et à Gaspé et de pêche à la baleine, au marsouin et au loup-marin dans le fleuve; une académie de marine à Québec serait plus utile au pays que le latin qu'on enseigne à la jeunesse; utilité des manufactures: souhaite que les projets de Talon (tannerie, industries textiles) se réalisent; empêcher qu'il se fasse des habitations au-dessus de l'île de Montréal (sauf au lac Ontario), tant que le territoire compris entre Montréal et Québec ne sera pas bien peuplé; il y a des chênes dans la région de Montréal; de Montréal jusqu'au Richelieu, le pays est fort beau et fort bon; le Canada est assurément un des plus beaux pays du monde; comme il est isolé en hiver à cause des glaces, il serait bon de bien fortifier un des ports en Acadie (Pentagouet, Port-Royal) et de "faire marquer un chemin par terre depuis l'un de ces ports jusqu'à Québec"; observations sur quelques havres et rivières: le Saguenay, la rivière Saint-Charles (havre admirable pour les vaisseaux), le Richelieu, le lac Champlain; avantages qu'on pourrait tirer de la région du lac Champlain (pins, chênes, vignes, mines de plomb) et de l'acquisition de la Nouvelle-Hollande; brève description de Québec avec mention de ses établissements religieux (utilité des Hospitalières); énumération des ressources naturelles du Canada: fertilité des terres, abondance des poissons (morues, baleines, marsouins, loup-marin, anguilles, saumons), bois de toutes sortes (goudron), mines de fer, de cuivre et de plomb, fontaines d'eau salée, soufre, chanvre, ortie, charbon de terre, fourrures; compte rendu des efforts de Talon pour l'exploitation de ces ressources: la brasserie, construction d'un grand magasin à Québec, élevage de toutes sortes d'animaux aux Islets, établissement d'une tannerie, construction de navires, visite des bois propres à la marine, exploitation d'une mine de fer; peu de conversions chez les Indiens: plusieurs Algonquins ou Hurons convertis s'adonnent à l'ivrognerie et à l'impureté, les missions iroquoises des Jésuites ne sont pas très édifiantes; propose de sédentariser les Indiens pour être en mesure de les convertir; montre que les conversions se font parfois "par faiblesse et par manque de connaissance"; les Français du Canada sont de meilleurs chrétiens que ceux de France et mènent une vie plus réglée: efforts louables de l'évêque pour fournir de bons ecclésiastiques et du gouverneur et de l'intendant "pour maintenir la justice".