Le Président du Conseil de Marine à M. de Vaudreuil. A vu le détail des courses que divers partis de troupes, de Canadiens et de Sauvages ont faites sur les Anglais jusqu'au milieu de leurs colonies. Les avantages que nous remportons dans cette espèce de guerre, quoique souvent assez peu considérables, doivent cependant affaiblir les Anglais et les jeter dans le découragement. Il convient fort de les harceler ainsi, mais en même temps, il faut veiller à ce que ces partis ne s'engagent pas trop, principalement lorsqu'ils sont composés de troupes de la colonie et de Canadiens dont il faut ménager le sang. Il est fâcheux que le Fort Duquesne n'ait pas été mieux placé et qu'on l'ait fait si petit. Un bon fort à cet endroit est chose importante, et il convient qu'on le mettre en bon état de défense. Est touché de la situation de la colonie et du zèle qu'on déployé les habitants en se dépouillant de leurs propres provisions pour fournir aux besoins de l'armée qui marchait sur le Fort George. Est satisfait du succès de ses négociations avec les Iroquois. Espère qu'il parviendra à retirer entièrement les Agniers du parti des Anglais, et il est fort heureux que les efforts de ceux-ci pour regagner les autres Iroquois n'aient servis qu'à les faire mépriser. La fermeté qu'il a montrée, pour se faire délivrer les meurtriers des 2 Français tués au Missouri, a été d'un bon effet. Le plan d'invasion des Anglais, tel que donné l'année dernière à l'ambassadeur Anglais en Hollande, était mal conçu. Il fait bien de se préparer à repousser une attaque sur Québec, mais il n'est pas à croire que les Anglais s'engagent dans le St Laurent tant qu'il y aura une escadre d'une certaine force à Louisbourg. Est persuadé, par tout les détails qu'il en a eus, que les Canadiens et les Sauvages ont beaucoup contribué au succès de l'expédition contre le Fort George et qu'ils méritent tous les éloges qu'il fait de leur zèle et de leur valeur, mais il voit avec peine qu'il lui fait continuellement des plaintes des troupes de France. Ne peut croire qu'il y ait de la prévention de sa part et l'exhorte à les traiter de manière à en tirer le plus grand parti possible. Ne doute pas non plus de tout le bien qu'il dit de M. de Lévis, mais croit-il que M. de Montcalm ait moins de zèle et de talent? Croit, comme il le dit, qu'il a soin de dissimuler devant le public les petits reproches qu'il croit pouvoir faire au commandant. Serait fâché s'il apprenait qu'il n'existe pas entre eux une parfaite intelligence. Ecrit à M. de Montcalm à ce sujet et compte qu'il s'appercevra de quelque changement dans sa conduite vis-à-vis de lui. Se concertera avec M. de Paulmy en vue d'obtenir le grade de Maréchal de Camp qu'il demande pour M. de Lévis. Il est fâcheux qu'après la capitulation du Fort George les Anglais ne soient exposés à la fureur des Sauvages malgré les précautions qui avaient été prises pour les garantir. S'est bien conduit dans cette affaire, et de la manière dont il est prouvé que les choses se sont passées, on ne peut rien nous imputer de cet évènement, au contraire, les Anglais doivent se louer de nos procédés généreux. Il est bien fâcheux qu'ils ne nous imitent pas et qu'ils maltraitent nos prisonniers, comme il le marque. Doit faire de grands efforts pour maintenir M. de Boishébert à la rivière St Jean, ce point étant important. A approuvé qu'il ait fait rester Le Bisarre et Le Célèbre à l'Ile-aux-Coudres et qu'il les ait renvoyés promtement en France puisqu'ils manquaient de vivres.