Commission géologique du Canada : Le 5 juillet 1841, la Natural History Society of Montréal et la Société littéraire et historique de Québec demandaient au Parlement de la province unie du Canada, lors de sa première séance, d'effectuer un levé géologique systématique de la province. La proposition a été adoptée le 10 septembre, et il a été résolu " d'accorder un montant n'excédant pas mille cinq cent dollars pour couvrir la dépense potentielle d'un levé géologique de la province " (Province du Canada, Assemblée législative, Journaux, 1841, p. 559, 10 septembre 1841). Le levé, commencé l'année suivante sous la direction de William Logan, portait sur une recherche de gisements houillers, élément essentiel au XIXe siècle pour le développement industriel. Tous considèrent maintenant ce levé comme les débuts de la Commission géologique du Canada (CGC). Le levé n'a pas permis de découvrir de gisements houillers dans le Haut ou le Bas Canada, mais on reconnaît immédiatement que ce travail a empêché les lotisseurs de gaspiller leurs propres finances limitées à des explorations dispendieuses.
Sous la direction de Logan, la Commission a respecté son mandat et, durant sa deuxième décennie, elle s'est mise à promouvoir l'industrie minière du Canada par le biais de présentations semblables à celles que l'on retrouve dans les musées, lors d'expositions internationales et à son siège social à Montréal. Au cours de sa troisième décennie, la Commission a aussi entrepris un programme exhaustif de publications en lançant le document de 983 pages de W. Logan intitulé " Geology of Canada ", et les premières cartes géologiques grande échelle.
Avec la Confédération, la Commission relevait du nouveau Secrétariat d'État du Canada (Décret du conseil, CP 1, 1er juillet 1867). Un de douze ministères, le Secrétariat d'État était chargé de la gestion et du contrôle des affaires et des terres indiennes (article 31), des terrains de l'ordonnance et de l'amirauté cédés à la province du Canada et situés dans les provinces de Québec et d'Ontario (article 34), et de toutes les terres domaniales appartenant au Dominion, qui ne relevaient pas de façon précise du ministère des Travaux publics (article 36).
La contribution de la CGC à la croissance industrielle du Canada a pris beaucoup d'ampleur à la suite de la cession de la Terre de Rupert au nouveau Dominion du Canada en 1871. Cette seule transaction a plus que décuplé l'assise territoriale du Canada. La CGC s'est vue confier le rôle clé de déterminer quelles ressources naturelles aideraient à financer l'intégration économique de la région à la Confédération et, à peine deux ans plus tard, elle devenait une direction du nouveau ministère de l'Intérieur (36 Victoria, ch. 4, 1873). Ce dernier était l'organisme spécial créé par le gouvernement fédéral pour incorporer les régions encore peu peuplées des Prairies à une nation allant d'une mer à l'autre, selon le rêve de de Sir John A. Macdonald.
Le ministère de l'Intérieur a pris une expansion rapide à la suite d'une augmentation de ses tâches administratives découlant du flot d'immigrants vers l'Ouest du Canada; la CGC est devenue un ministère distinct en 1890, mais relevait toujours du ministère de l'Intérieur (53 Victoria, ch. 11). Afin d'accroître le professionnalisme de la Commission, la nouvelle loi a également augmenté les qualités requises du personnel en exigeant que les nouvelles recrues soient diplômées d'une université, d'un collège ou d'une école minière reconnus. A la même occasion, la loi interdisait également au personnel de participer à des activités minières privées qui, d'une façon ou d'une autre, auraient pu être liées à leurs fonctions. Il était donc dorénavant interdit aux agents " d'acheter des terres de la Couronne, de faire rapport de leurs résultats à quiconque sauf leur supérieur immédiat, faire enquête ou préparer des rapports pour des particuliers ou d'avoir un intérêt pécuniaire dans une activité minière du Dominion ".
En réaction à de fortes pressions de l'industrie minière, la Commission géologique a été fusionnée en 1907 à la Direction des statistiques minérales du ministère de l'Intérieur pour former le nouveau ministère des Mines (6 et 7 Édouard VII, ch. 29). On a cru que ce nouveau ministère améliorerait le profil de l'industrie minière au sein du gouvernement, pour être l'équivalent des pêches et de l'agriculture qui avaient déjà leur propre ministère. Le nouveau ministère avait comme mandat " l'administration de toutes les lois décrétées par le Parlement du Canada relativement aux mines et à l'exploitation des mines " (article 4), et comprendait deux directions : une Direction des mines et une Direction de levés géologiques. A quelques exceptions près, chacune d'elles gardait ses responsabilités antérieures. La Direction des mines devait recueillir et publier des statistiques sur les opérations minières et sur les gisements de minerai et devait recueillir des spécimens à des fins d'expériences et d'exposition. La Commission géologique devait continuer d'examiner la structure géologique et la minéralogie du pays. Pour une première fois, la nouvelle loi autorisait la Commission à recueillir de la documentation ethnologique (même si elle le faisait déjà depuis plusieurs années). Elle a aussi confirmé que le nouveau Musée commémoratif Victoria relèverait de la curatelle du nouveau ministère (article 8).
Lorsque le contrôle des terres domaniales et de leurs ressources est finalement passé aux mains des trois provinces de l'Ouest en 1930, les quelques responsabilités en matière de développement des ressources naturelles qui restaient au gouvernement fédéral (et qui étaient réparties dans cinq ministères, soit des Mines, de l'Intérieur, des Affaires indiennes, de l'Immigration, et de la Division du Service hydrographique du ministère de la Marine) ont été fusionnées avec la Commission géologique dans le nouveau ministère des Mines et des Ressources (1 Édouard VIII, ch. 33, 1936). Cette réorganisation regroupait de nouveau, mais sous un nouveau nom, quelques-unes des anciennes fonctions du ministère de l'Intérieur, qui avaient été réparties dans des ministères séparés. La fusion devait entraîner quelques économies pour le gouvernement fédéral en lui permettant de centraliser divers services administratifs effectués auparavant par les cinq ministères.
Cette nouvelle situation est demeurée en vigueur jusqu'en 1947 alors que le ministère s'est réorganisé et a fusionné toutes ses activités de recherche sous la Direction des mines, des forêts et des services scientifiques (les activités non scientifiques liées à l'administration des ressources naturelles ont été regroupées sous la Direction des services de développement des terres). La Commission géologique a été placée sous l'égide de la nouvelle Direction des mines, des forêts et des services scientifiques avec le Bureau des mines, le Service fédéral de sylviculture, le Bureau des relevés et de la cartographie, le Service fédéral des forces hydrauliques, le Bureau de géographie, le Musée fédéral du Canada et les Observatoires fédéraux.
Tout juste trois ans plus tard, le gouvernement St-Laurent entreprenait une redistribution importante des fonctions des deux ministères fédéraux. L'ancien ministère des Mines et des Ressources et le ministère de la Reconstruction et des Approvisionnements ont été abolis (13 George VI, ch. 18) et à leur place furent créés trois nouveaux ministères : de la Citoyenneté et de l'Immigration (13 George VI, ch. 16), des Mines et des Relevés techniques (13 George VI, ch. 17) et des Ressources et du Développement économique (13e George VI, ch. 18). Ce remaniement était justifié parce que " ...l'importance de l'industrie des minéraux et des relations du gouvernement avec l'industrie était telle qu'il pouvait bien y avoir un ministre de la Couronne qui puisse consacrer toute son attention aux domaines des mines et de l'exploitation minière ". La Commission géologique du Canada était une des cinq directions du nouveau ministère.
Cet arrangement est demeuré inchangé jusqu'en 1966 lorsque le gouvernement a adopté la Loi sur l'organisation du gouvernement. Par la suite, le ministère des Mines et des Relevés techniques est devenu le ministère de l'Énergie, des Mines et des Ressources (14 et 15 Élizabeth II, ch. 25). Le nouveau ministère est devenu l'organisme principal du fédéral pour la découverte, l'enquête, le développement et la conservation des ressources minérales, hydrauliques et énergétiques du Canada. Pour s'acquitter de cette nouvelle responsabilité, le ministère a acquis du ministère du Nord canadien et des Ressources nationales la responsabilité de l'inventaire et de la planification des ressources en eau, l'exploration des ressources minérales pour certaines régions de compétence fédérale, dont la Baie d'Hudson et les plateaux continentaux, et la politique fédérale en matière d'énergie. Les organismes actifs du ministère étaient organisés en quatre groupes : Mines et Sciences de la terre, Eaux, Développement minéral, et Développement énergétique. Le groupe des Mines et des Sciences de la terre conservait la plupart des organismes originaux de l'ancien ministère des Mines et des Relevés techniques, notamment la Direction des relevés et de la cartographie, la Commission géologique du Canada, la Direction des mines, la Direction des observatoires, l'Étude du plateau continental polaire et la Direction de la géographie. Directeurs du Conseil géologique du Canada :
William E. Logan, 1842-1869; Alfred R. C. Selwyn, 1869-1895; George M. Dawson, 1895-1901; Robert Bell (intérimaire), 1901-1906; Albert P. Low, 1906-1907; Reginald W. Brock, 1907-1914; William McInnes, 1914-1920; William H. Collins, 1920-1936; Walter a. Bell, 1950-1953; George Hanson, 1953-1956; James M. Harrison, 1956-1964; Yves O. Fortier, 1964-1973.