Canada. Directeur des terres destinées aux anciens combattants : A partir du dix-septième siècle, les gouvernements français et anglais établirent des anciens soldats sur les terres du Canada moderne afin d'assurer leur retraite et servir de rempart contre une invasion future. Les membres des régiments loyalistes reçurent des concessions de terre à la suite de la révolution américaine, tout comme les miliciens canadiens de la guerre de 1812. Le gouvernement canadien poursuivit cette tradition en accordant des concessions aux anciens combattants des invasions des Fenians, de la Campagne du Nord-Ouest de 1885 et de la Guerre des Boërs.
La première Loi d'Établissement de Soldats du 29 août 1917 (7-8 Geo. V, ch. 21), remplacée par une loi similaire le 7 juillet 1919 (9-10 Geo. V, ch. 71), garantissait des prêts aux anciens combattants qui voulaient se lancer en agriculture, pour l'achat de terres, de bétail et de machineries. Environ 25 000 anciens combattants bénéficièrent de ce programme, et empruntèrent 80 millions de dollars. Le gouvernement acheta plus de38 000 chevaux, 61 000 têtes de bétail et 18 300 moutons et porcs ainsi que de nombreuses pièces de machinerie. L'utilisation de terres fédérales marginales dans l'Ouest, l'effondrement des prix des produits agricoles en 1920 ainsi que la réalisation, par certains anciens combattants, des difficultés de la vie agricole firent qu'en 1931, seulement 11 612 anciens combattants demeuraient encore sur leurs propriétés. Les autorités reconnurent qu'une ferme ne peut être immobilisée jusqu'à 150 pour cent du prix de la propriété en dette portant intérêt.[Walter S. Woods, Rehabilitation (A Combined Operation), p. 140]. Néanmoins, le programme subsista longuement puisque deux anciens combattants de la Première Guerre mondiale remboursaient encore leur prêt en 1970.
La Loi sur les terres destinées aux anciens combattants du 1er août 1942 (6 Geo. VI, ch. 33) permettait aux anciens militaires d'acheter une terre avec des prêts gouvernementaux et d'obtenir des fonds additionnels pour l'achat de bétail et de machinerie. Les termes de remboursement permettaient aux pionniers de s'établir sans contracter de lourdes dettes au départ. Après avoir rempli leurs obligations pendant dix ans, les pionniers pouvaient obtenir des prêts équivalent aux deux tiers du coût de la terre et des améliorations et pour le coût total du bétail et de la machinerie. Plus de 140 000 individus demandèrent de l'aide pour devenir des agriculteurs à temps complet (3 200), de petits exploitants utilisant leur terre comme revenu d'appoint (95 000) ou des pêcheurs commerciaux (1 420). Cinq mille huit cent quarante et un pionniers s'établirent sur les terres publiques, et 1 800 anciens combattants des Premières nations s'établirent sur les terres des réserves. Au cours des premières années d'activité, les fonds prêtés sous l'égide de la Loi permirent l'achat de 13 143 tracteurs, 1 162 moissonneuses-batteuses, 7 600 chevaux, 30 566 têtes de bétail, 7 887 moutons et porcs et 145 bateaux de pêche. Reflétant le passage du temps depuis la Première Guerre mondiale, 4 116 poêles et cuisinières, 2 700 réfrigérateurs et 4 881 machines à laver le linge furent aussi achetés.
Afin de combler la pénurie de logements de l'après-guerre, l'Office de l'établissement agricole des anciens combattants a construit 2 673 maisons pour les anciens combattants à travers le Canada. Les défauts de construction, la difficulté pour faire effectuer les réparations et les prix de vente élevés furent sévèrement critiqués dans la presse. Par la suite, le programme Bâtissez votre maison a permis à 4 300 anciens combattants d'agir comme entrepreneurs de leur propre maison, et ce programme a connu beaucoup de succès.
Les prêts pour les nouveaux établissements, accordés selon la Loi, cessèrent en 1975 bien que de nouveaux prêts sur les établissements en place furent accordés pour les deux prochaines années. La population vieillissante d'anciens combattants avait remboursé la majorité de ses prêts au début des années 1990, et le gouvernement intégra l'Office de l'établissement agricole des anciens combattants au ministère des Anciens combattants en créant la Loi d'exécution du budget (organisations gouvernementales) en 1992. Bien que tous les partis de la Chambres des communes appuyaient cette disposition, il semble que cette Loi ne fut jamais promulguée. Aujourd'hui (l'an 2000) les comptes de la Loi sur les terres destinées aux anciens combattants sont distincts à l'intérieur du ministère des Anciens combattants bien qu'il n'y ait aucun agent responsable du programme.
Le directeur des terres destinées aux anciens combattants a été nommé en novembre 1942 et il administrait la Loi comme une entité distincte au sein du ministère des Anciens combattants. Le brigadier T.J. Rutherford, nommé en octobre 1947, entrepris des démarches pour intégrer le bureau du directeur au ministère. En plus d'avoir des officiers en place au bureau principal, le directeur était représenté dans les bureaux de districts et régionaux des Anciens combattants. Le directeur était responsable des anciens combattants sous la Loi d'établissement des Soldats et, plus tard, du Programme d'aide aux logements spéciaux pour aider les anciens combattants à faible revenu à défrayer leurs coûts de logement. En 1967, le directeur devint un directeur général au sein du ministère des Anciens combattants et sous-ministre adjoint en 1982.