Norton, John (Teyoninhokarawen), 1770-1827 : John Norton (1770-1827) est né à Crail, en Écosse, ou près de cet endroit, le 16 décembre 1770. Son père, un Cherokee, avait été emmené en Écosse en 1764 par un officier de l'armée britannique ayant participé à la guerre anglo-cherokee. Il aurait commencé à utiliser le nom John Norton à cette époque et le transmit à son fils. Sa mère, Christian Anderson, était Écossaise.
Norton serait venu en Amérique du Nord avec ses parents alors qu'il était très jeune car son père y servait comme soldat. La famille serait ensuite retournée en Écosse, où il aurait été instruit. En 1785, il était à Québec avec ses parents. Comme son père, il intégra aussi l'armée mais il déserta en 1787 au fort Niagara. Il voyagea ensuite à l'ouest de New York et vécut peut-être chez les Cayugas.
En 1791, Norton était instituteur dans la communauté mohawk de Tyendinaga (Baie de Quinte, Ontario). La même année, il participa à des combats auprès de différentes nations autochtones dans la vallée de l'Ohio (bataille de la Wabash, 4 novembre 1791). Il travailla aussi dans le commerce des fourrures, pour le marchand John Askin, de Détroit.
Doué pour les langues, Norton oeuvra comme interprète à la fois pour le Département des affaires indiennes et pour Joseph Brant (Thayendanegea). Vers 1797, Brant l'adopta comme neveu. En 1799, il devint chef de la diplomatie et de la guerre pour les Six Nations (Haudenosaunee) et aurait reçu, à ce moment-là, le nom de Teyoninhokarawen.
En 1804, à la demande de Brant, Norton partit pour l'Angleterre pour effectuer un voyage diplomatique dont le but était de clarifier des questions de propriété foncière aux abords de la rivière Grand (Ontario) en lien avec la Proclamation Haldimand (25 octobre 1784). Son statut de représentant des Six Nations étant contesté, notamment par William Claus, surintendant des Affaires indiennes, il ne réussit pas à travailler avec les autorités coloniales britanniques. Il devint cependant populaire dans certains cercles politiques, intellectuels, philanthropiques et religieux et auprès d'aristocrates. Il traduisit l'évangile selon saint Jean en Kanien'kehá (langue mohawk) à la demande de la British and Foreign Bible Society, qui le publia dès 1804. En Écosse, il renoua avec des membres de sa famille maternelle. Il tenta en vain de se joindre à l'armée britannique.
Norton était de retour à la rivière Grand en janvier 1806. Il continua à entretenir des relations épistolières avec ses amis anglais, notamment Robert Barclay, John Owen et le duc de Northumberland. En 1808, il envoya à Barclay un journal relatant son voyage de 1804-1805, que ce dernier prévoyait publier (ce journal autographe fait aujourd'hui partie de la collection de Bibliothèque et Archives Canada).
En 1809-1810, Norton effectua un voyage chez les Cherokees, pour retrouver ses racines paternelles. De retour chez les Six Nations, il se démarqua pendant la guerre de 1812 en dirigeant des groupes guerriers autochtones. Les autorités coloniales britanniques reconnurent son efficacité et son influence auprès de leurs alliés autochtones dans le cadre de ce conflit. Après la guerre, il milita en faveur d'indemnisations pour les guerriers autochtones.
Norton était père d'au moins trois enfants : deux seraient morts en bas âge, mais son fils John (Tehonakaraa) atteignit l'âge adulte. À Niagara, en mai 1813, il se maria lors d'une cérémonie anglicane avec une jeune femme delaware (lenape), Catherine (Karighwaycagh).
En 1815, il partit pour l'Angleterre et l'Écosse avec son épouse et son fils John. Il y côtoya à nouveau sa famille et ses amis et fit plusieurs nouvelles rencontres, dont le célèbre écrivain Walter Scott et le prince-régent, futur roi George IV. Il reçut les titres honorifiques de major et de lieutenant-colonel des Six Nations et de leurs alliés autochtones (grade local). Il écrivit un journal qui portait sur son voyage chez les Cherokees, sur l'histoire des Haudenosaunee et sur la guerre de 1812 (ce journal fait partie des archives du duc Northumberland, au Château d'Alnwick, en Angleterre, et a été publié par la Champlain Society en 1970 et en 2011). Sa femme et son fils fréquentèrent l'école en Écosse, et ce dernier y demeura quelque temps pour poursuivre son instruction.
De retour dans le Haut-Canada en 1816, Norton se consacra à l'agriculture et au christianisme. En 1823, il blessa mortellement un homme, Joseph Crawford (Kahishorowanen), qu'il soupçonnait d'entretenir une relation intime avec son épouse. Sa sentence fut légère (homicide involontaire et amende de 25 livres), mais, craignant d'être victime de vengeance, il quitta la rivière Grand et entreprit un long voyage. Il se rendit chez les Cherokees puis sur le territoire mexicain (Nouveau-Mexique et Texas actuels). Il participa, auprès d'un groupe de Shawnees qui désirait s'y installer, à des discussions avec les autorités mexicaines. Il serait mort en 1827 à un emplacement inconnu, à 56 ans, sans avoir revu la rivière Grand.
Sources :
John Norton, A Mohawk Memoir from the War of 1812. John Norton - Theyoninhokarawen, Carl Benn, ed., Toronto, University of Toronto Press, 2019.
John Norton, The Journal of Major John Norton, 1816, Carl F. Klink, James J. Talman, ed., Introduction to reissue and additional notes by Carl Benn, Toronto, The Champlain Society, vol. 72, 2011 (1970).
Carl F. Klinck, "Norton, John," in Dictionary of Canadian Biography, vol. 6, University of Toronto/Université Laval, 2003 (1987).