Canada. Ministère des pêches et des océans : Au cours des années précédant la Confédération, les pêches du Canada étaient administrées sous l'égide du gouvernement britannique. En vertu de cette structure, chaque colonie était chargée de veiller à ses propres intérêts en matière de pêche. Dans la Province du Canada (le Haut-Canada et le Bas-Canada), les questions reliées aux pêches étaient gérées par une direction du ministère des Terres de la Couronne. Le ministère de la Marine et des Pêcheries a été créé le 1er juillet 1867 et a été officiellement constitué le 30 juin 1868 avec la promulgation d'une " loi visant à instituer le ministère de la Marine et des Pêcheries du Canada " (31 Vic. C.LVII). L'honorable Peter Mitchell, l'un des Pères de la Confédération, a été nommé le premier ministre du Ministère. En vertu de cette loi, le nouveau ministère était mis sur pied et devenait légalement responsable des pêches côtières et continentales du nouveau dominion. La Loi prévoyait la nomination d'un secrétaire du Ministère qui était investi de l'autorité de superviser et de diriger les autres agents et fonctionnaires du Ministère et de détenir la maîtrise absolue des affaires du Ministère. La Loi constitutionnelle de 1982 renforçait ce mandat en conférant au Ministère la compétence fédérale à l'égard des pêches, des ports publics et de la navigation. Le mandat prévoit toujours que le Ministère gère les principales voies navigables du Canada afin qu'elle soient propres, sécuritaires, productives et accessibles, veille à l'utilisation durable des ressources halieutiques et facilite le commerce maritime (Rapport annuel de 1983).
C'est la Loi des pêcheries de 1868, ou " loi pour réglementer la pêche et la protection des pêcheries " (31 Vic. C. LX), qui décrivait en détail les responsabilités de la Direction des pêches du Ministère et présentait les postes et les fonctions du personnel qui doterait la Direction. La Loi habilitait le Ministère à nommer des observateurs, des inspecteurs et des gardiens des pêches. En outre, la Loi réaffirmait les articles de la réglementation maritime concernant la protection des pêches côtières et la prévention de pêche illicite dans les eaux canadiennes.
En vertu des lignes directrices de la Loi, un commissaire a été nommé en 1869 (C.P. 896, le 26 novembre 1869) pour superviser les opérations des pêches du Ministère relevant du sous-ministre. Les inspecteurs des Pêches, situés dans des districts et sous-districts devaient présenter des rapports au commissaire sur des questions d'information telles que la quantité et la valeur des prises de poisson, les conditions de pêche, l'état des rivières, les infractions mineures et graves aux lois sur les pêches, et les mesures prises en réponses aux manquements aux lois.
Au début des années 1880, les grandes lignes de l'organisation et des fonctions de la Direction des pêches prenaient forme. Le commissaire des Pêches relevait du sous-ministre et s'occupait du Service de protection de la pêche, du Service extérieur et de la Pisciculture. Le Service extérieur et la Pisciculture étaient gérés par un surintendant qui supervisait les activités des agents responsables et des garde-pêches. Cette structure a été renforcée par une " loi représentant le ministère de la Marine et des Pêches " de 1884 (47 Vic. Cap. XVIII), qui séparait la Direction de la marine et des pêches en deux ministères distincts. Les deux directions ont subi diverses réorganisations (par exemple, " loi concernant la direction de la Marine et des Pêches ", Vic. c. XVII, 1892) jusqu'à ce qu'elles soient fusionnés avec le ministère du Service naval en 1914. C'est au cours de cette période de la fin du dix-neuvième et du début de vingtième siècle que le Ministère a lancé une série de commissions qui ont étudié les domaines tels que le développement de la pêche en eaux douces, des différends au sujet de la pêche dans les eaux limitrophes (empiétements de la part des Américains, Russes et Japonais dans les eaux canadiennes). Avant 1914, le Ministère était fortement engagé dans la répartition des pouvoirs entre les paliers fédéral et provinciaux pour ce qui était de leur compétence et de leur contrôle, suite à une décision du Comité judiciaire du Conseil privé en 1898. C'était également à cette époque que le Musée des pêches du gouvernement a été établi à Ottawa (en 1904).
Lorsque la Colombie-Britannique s'est jointe à la Confédération en 1871, le gouvernement fédéral a reconnu la nécessité d'une forte présence dans la région du Pacifique pour surveiller les pêches et les océans. Le ministère des Pêches et des Océans (PO) a établi une administration centrale à Victoria, et en 1875, le Commissaire fédéral des pêches recommandait que la Loi sur les pêches (31 Vic., c. LX, 1868) soit modifiée pour comprendre la Colombie-Britannique. Au cours de l'année suivante, une proclamation a été émise pour élargir la Loi sur les pêches, qui entrait en vigueur le 1er juillet 1877. L'un des points saillants au Ministère a été la publication du Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, dont le premier numéro est paru en 1901.
En 1910, le bureau du Service de la protection des pêches (qui après 1922 portait le nom de Service de surveillance des pêches) a été mis sur pied dans les bureaux régionaux pour établir des directives administratives à l'égard de la surveillance et du respect des règlements en matière de pêches. En 1928, en vertu d'une décision du Conseil privé, conformément à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, le Dominion était déclaré responsable de la gestion des pêches côtières et continentales. Suite à cette décision, les années 1930 ont été le théâtre de l'expansion et du raffinement des unités et des bureaux spécialisés dans les bureaux régionaux. Un service d'ingénierie s'y est greffé, puis un laboratoire d'inspection s'est établi à Vancouver, et les deux relevaient directement du fonctionnaire en chef des pêches des bureaux régionaux.
En 1930, un ministère des Pêches distinct a été créé, une entente qui s'est maintenue jusqu'en 1969 lorsque les programmes des pêches et des forêts du gouvernement fédéral ont été fusionnés pour devenir le ministère des Pêches et des Forêts. Après la deuxième guerre, on a été témoin d'une augmentation substantielle de la taille et de la structure du Ministère. La structure administrative reformulée comprenait le Service de conservation et d'expansion, le Service d'inspection et de consommation, le Service des marchés et de l'économique et le Service des renseignements et de l'éducation. Avant et après la guerre, les bureaux régionaux ont participé à diverses commissions sur les pêches à l'échelle nationale et internationale, la plus importante étant la Commission internationale des pêcheries du saumon du Pacifique. La commission a été établie en vertu des dispositions de la convention de 1937 entre le Canada et les États-Unis dans le but précis de conserver et de protéger la pêche de saumon sockeye dans les eaux du fleuve Fraser en C.-B, et d'en assurer l'expansion. Au cours des années 1950 et 1960, on a accordé beaucoup d'attention aux questions du droit de la mer, ce qui a influencé le gouvernement fédéral à élaborer et à organiser de façon plus officielle et coordonnée ses activités océonagraphiques dans les eaux contiguës du Canada à des fins scientifiques, défensives et économiques. Au cours de la période de 1961-1962, on assiste à la création de la Direction des levés et de la cartographie et de la Direction des sciences de la mer. Cette dernière a été transférée par la suite au ministère de l'Énergie, des Mines et des Ressources en 1966, puis à l'Environnement en 1972. En 1972, on a également fusionné les directions des Pêches et des Forêts avec le nouveau ministère de l'Environnement. L'un des principaux projets pendant cette période a été l'expansion en 1977 des responsabilités territoriales océaniques du Canada. Le Canada a étendu ses eaux territoriales de pêche de 12 milles à 200 milles, ajoutant ainsi 632 000 milles nautiques sous la gouverne du Ministère pour la surveillance des pratiques de pêche des bateaux du pays et de l'étranger. La Loi de 1979 sur l'organisation du gouvernement a permis la création du ministère des Pêches et des Océans où l'on retrouve maintenant la gestion des pêches du gouvernement fédéral et les programmes de sciences océanologiques. Parmi les personnes bien connues qui ont occupé le poste de ministre ou sous-ministre au cours de l'histoire du Ministère, notons Sir Charles Tupper (1888-1894), Sir Wilfrid Laurier (intérimaire, 1906), Ernest Bertrand (1942-1945), James Sinclair (1952-1957), l'honorable Jeanne Sauvé (1974-1975), Roméo Leblanc (1974-1979; 1980-1982), Tom siddon (1985-1990), John Crosbie (1991-1993), Brian Tobin (1993-1996), Geoff Regan (2000-2006).