Cette sous-série se compose exclusivement de la correspondance adressée au chef de l'Opposition pendant la période 1990-1993 et un peu au-delà, certains documents portant la signature de Jean Chrétien à titre de premier ministre du Canada nouvellement élu. Elle contient 45 293 pièces de correspondance provenant de 30 646 correspondants .
Cette sous-série couvre également les quarante-sept jours de la campagne électorale de 1993, déclenchée le 8 août, attestant ainsi des activités du bureau du chef de l'Opposition dans ce contexte particulier. De plus, quelques pièces datent des débuts de la carrière de Jean Chrétien en tant que premier ministre du Canada.
La correspondance reçue au bureau du chef de l'Opposition permet de prendre le pouls d'une frange de l'opinion publique canadienne, des citoyens et citoyennes de milieux et d'origine relativement diversifiés y exprimant leurs opinions et doléances sur divers sujets de l'actualité canadienne et internationale, et également leurs préoccupations personnelles.
Outre les personnes qui s'expriment ainsi à titre individuel, on y retrouve un nombre important de lettres provenant d'entreprises, de groupes de pression et d'associations diversifiés, de même que de personnalités politiques canadiennes et provenant d'autres nationalités. C'est le cas, par exemple, de ministres conservateurs tels l'honorable Jean Charest, ministre de l'Environnement, de l'honorable Benoît Bouchard, alors ministre de l'Industrie, des Sciences et de la Technologie, de l'honorable Monique Landry, ministre des Relations extérieures et du Développement international et de l'honorable Perrin Beatty, ministre à Santé et Bien-être Canada et aux Communications ; du solliciteur général du Canada, Doug Lewis ; de membres du Sénat tels Jack Austin et Guy Charbonneau ; de maires tel Jean Doré, maire de Montréal ; d'ambassadeurs et de représentants d'ambassades de nombreux pays. Fait à noter, plusieurs pièces de correspondance constituent un échange entre Jean Chrétien et Brian Mulroney. Y sont entre autres abordés : le protocole d'entente Canada / États-Unis sur le bois d'oeuvre et la nécessité ou non de médailler les vétérans de la guerre de Corée.
Les grands enjeux ayant marqué le second mandat de Brian Mulroney, et amené Jean Chrétien à se positionner en tant que chef du Parti libéral et chef de l'Opposition officielle, se trouvent tous bien représentés au sein de la sous-série.
C'est le cas de tout le débat entourant la réforme de la constitution canadienne, les échos de l'échec de l'accord du Lac Meech étant nettement perceptibles, tout comme le débat entourant l'avènement d'un autre pacte constitutionnel qui se concrétisera par le rejet définitif de l'accord de Charlottetown à la suite du référendum national du 26 octobre 1992. Dans le contexte de ce débat constitutionnel, le cas plus spécifique du Québec est souvent abordé (Rapport Allaire ; Commission Bélanger-Campeau ; éventualité d'un référendum sur l'indépendance), de même que celui des droits territoriaux des Autochtones et Métis du Canada. En matière économique, l'Accord de libre-échange (ALE), question centrale des élections de 1988, est entré en vigueur le 1er janvier 1989 et, dans un contexte de récession économique, continue de susciter de vives critiques. La poursuite de la politique de libéralisation des échanges par le gouvernement Mulroney, qui négocie ensuite l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), incluant cette fois le Mexique, engendre également une correspondance nombreuse et polarisée. Il en va de même des privatisations et de la taxe sur les produits et services (TPS / GST), entrée en vigueur le 1er janvier 1991. L'appel aux sénateurs auquel Mulroney a dû procéder pour faire accepter ce projet de loi (TPS) par la Chambre haute est également abordé. En matière de défense nationale, les aléas des politiques, entre autres liés aux ajustements que suppose l'avènement du contexte post Guerre froide, sont perceptibles. La participation du Canada à la guerre du Golfe de 1990-1991, le déploiement de soldats canadiens en ex-Yougoslavie et l'achat de 50 hélicoptères EH-101 sont des sujets qui reviennent fréquemment. En dernier lieu, notons ici que des grands débats de société, et particulièrement celui sur l'avortement, occupent une place non négligeable au sein de cette sous-série.
Les réponses qui émanent du bureau de gestion de la correspondance du chef de l'Opposition sont rarement très détaillées - sauf lorsqu'elles comprennent des discours officiels de l'Opposition - mais permettent néanmoins de bien suivre les positions adoptées, et souvent d'en déduire les stratégies électorales sous-jacentes. Cette assertion est particulièrement valable pour les dossiers datant de la période de la campagne électorale de 1993. À cet égard, cette sous-série permet également au chercheur de comprendre le fonctionnement de la gestion de la correspondance du bureau du chef de l'Opposition libérale officielle. En effet, les documents qui s'y retrouvent sont régulièrement annotés par le personnel en place. De plus, il n'est pas rare d'y retrouver des consignes et commentaires émanant d'Eddie Goldenberg, à quelques occasions paraphés des initiales de Jean Chrétien.
L'art documentaire compris dans cette série se compose de divers oeuvres et objets reçus par Jean Chrétien dans le cadre de ses activités en tant que chef de l'Opposition officielle libérale. On y retrouve 7 macarons, 1 épinglette, 5 affiches, 1 autocollant et 1 écusson portant le message de divers groupes ou mouvements politiques, sociaux et culturels. Sont représentés, entre autres, les opposants à la TPS, la famille de Christopher Stephenson, les Premières Nations et des citoyens canadiens s'intéressant à l'unité nationale. La série comprend également 1 aquarelle envoyée à Jean Chrétien par un citoyen qui s'inquiète des manifestations anti-macédoniennes à North York, en Ontario.