Le ministre à MM. de Costebelle et de Soubras. Leurs attributions respectives. Le roi a été touché du zèle et de l'attachement des sauvages de l'Acadie, qui non seulement ne veulent pas séparer leur cause de celle des Français, mais ont déclaré hardiment aux Anglais qu'ils ne les reconnaissaient pas comme les maîtres de leur pays. Il faut secrètement et prudemment les maintenir dans ces sentiments. "J'ai appris avec beaucoup de surprise la manière dure et injuste avec laquelle le général Nicholson a traité les habitants de l'Acadie et l'opposition qu'il a formée à la sortie de leurs biens mobiliers et à la vente des immobiliers, ce qui est contraire non seulement aux ordres qu'il avait reçus de la feue reine d'Angleterre mais encore à ce dont il était convenu lui-même avec MM. de la Ronde et Pinsens. J'ai écrit sur tout cela à M. d'Iberville, à Londres, pour qu'il porte de vives plaintes au roi d'Angleterre. Je vous ferai savoir la suite, cependant, il est nécessaire que de votre part vous fassiez tout ce qui pourra dépendre de vous pour faire entendre raison au gouverneur Anglais sur la justice qu'il doit à ces habitants. Comme M. de Nicholson est rappelé, et que M. Vetch va le relever, je crains que ce dernier n'ait pas de meilleures dispositions, ayant déjà donné, dans le temps qu'il était à l'Acadie, trop de marques de sa mauvaise volonté et de sa haine pour ces habitants. Il sera nécessaire que vous m'informiez de tout ce qui se passera à leur égard. Je connais comme vous la nécessité qu'il y aurait, dans la situation où sont les choses, d'envoyer en droiture un vaisseau du roi à l'Acadie pour y embarquer les habitants. Si les avis que vous m'avez envoyés à ce sujet par le Sieur de la Ronde m'étaient parvenus plus tôt, on aurait pu prendre des mesures assez à temps pour l'exécution de ce projet, mais il est à craindre que la permission que Sa Majesté a donné ordre à M. d'Iberville de demander en Angleterre ne soit pas si tôt accordée et qu'elle ne vienne trop tard pour pouvoir envoyer ce vaisseau cette année. Dans cet état il faudra que vous examiniez ce que vous pourrez faire par vous-mêmes à ce sujet et par le moyen de la frégate Le Samslack et la flûte La Charente que Sa Majesté envoie à l'île Royale, en vous conformant sur cela aux dispositions où sera le gouverneur Anglais et à la conjoncture dans laquelle vous vous trouverez." "Sa Majesté aurait bien pu se déterminer à envoyer un vaisseau directement à l'Acadie, mais elle a jugé à propos d'en demander la permission en Angleterre dans l'incertitude si ce vaisseau serait reçu sans passeports, pour ne rien compromettre et éviter tout sujet de rupture avec les Anglais, attendu l'état présent de l'île Royale et la jalousie que leur donne ce nouvel établissement, ce qui demande qu'on agisse avec eux avec ménagement et circonspection." "Sa Majesté est très satisfaite de la fidélité que les habitants de l'Acadie témoignent pour son service. Il est certain que s'ils passent à l'île Royale, comme il y a lieu de le croire, cet établissement deviendra d'abord très considérable, et sera dans peu en état de ne rien craindre. Ainsi, il faut que vous mettiez en usage tout ce que vous pourrez imaginer pour les y attirer et les empêcher autant qu'il se pourra de s'établir à l'île Saint-Jean. Il convient mieux à tous égards qu'ils s'établissent au Port-Toulouse et vous devez les y engager." Feront des remontrances aux Anglais, au sujet de ceux des leurs qui font la pêche sur le banc en face du Port-Toulouse. S'efforceront de mettre dans leur devoir les prêtres d'un esprit inquiet et turbulent. Récollets de Bretagne et Récollets de Paris. Briqueterie au Port-Toulouse. Etablissement des sauvages de la mission du Père Gaulin à Antigoniche. Procès de Blanchet, accusé d'avoir assassiné un matelot anglais. Instructions diverses.