Le ministre à M. de La Mothe Cadillac. A reçu ses lettres des 20, 25 et 28 octobre, qui sont de véritables volumes. Devrait bien les relire pour en élaguer les répétitions inutiles et ennuyeuses qui font perdre beaucoup de temps. Est bien aise qu'il se soit chargé de l'affaire de Détroit. M. de Vaudreuil a ordre de lui donner les soldats dont il a besoin, entre autres, tous ceux de sa compagnie et de celle de de la Forest. Pourra y amener des colons et aura tout contrôle sur ses soldats. Pourra aller à Québek, y envoyer ses officiers, etc., etc., comme il le jugera à propos. Trouve bon que les Sieurs Budemont, du Figuier et son fils le suivent, et qu'il permette aux soldats de faire un petit commerce comme cela se faisait à Michilimakinak. Ne doit pas hésiter de payer une avance de 40 pour 100 sur les marchandises qui sont à Détroit. Le roi n'a pas jugé à propos que son offre d'acheter tous les castors de la compagnie fut acceptée; celle d'Aubert convenait mieux. Son affaire de Détroit doit suffire à l'occuper. Est bien aise des assurances qu'il donne que Détroit deviendra le Paris de la Nouvelle-France. Doute qu'il puisse faire des compagnies régulières de soldats avec les sauvages. S'il pouvait les domestiquer, les rendre bons chrétiens et bons soldats, ce serait une belle chose, mais il est permis d'en douter. Il faudrait savoir ce que cela coûterait. N'a pas à revenir sur l'affaire de son procès, puisqu'il a obtenu ce qu'il désirait. Ne voit pas la nécessité de faire son établissement dans un autre endroit. S'il n'a pas d'autre objection que les ouvrages extérieurs du fort faits par de Tonty, il n'a qu'à les raser. Paiement des marchandises de la compagnie. Doit user de beaucoup de tact pour empêcher les sauvages de traiter avec les Anglais. A bien tort de critiquer M. de Vaudreuil, attendu qu'il peut avoir besoin de lui. Trouve bon qu'il amène 2 prêtres du Séminaire de Québek ou un Récollet, mais il doit les nourrir comme faisait M. de la Salle à Frontenac. Ne doit pas craindre que le roi change de sentiments à l'égard de Détroit. Sa proposition d'établir une "chamoiserie" au Canada paraît bonne. S'il croit que le Sieur Beaucourt, qui revient de Plaisance, lui serait utile pour servir en second, il peut le demander à M. de Vaudreuil. Il est bon officier et ingénieur en même temps.