"Mémoire pour le Canada" (contre Mgr de Saint-Vallier) - sous la sage direction de Mgr de Laval et de ses principaux collaborateurs (Bernières, Des Maizerets, Dudouyt), le Séminaire de Québec "fleurissait, on y élevait un grand nombre d'enfants...la paroisse était bien servie...les curés ou missionnaires de la campagne soutenaient avec joie et avec courage les grands travaux de leurs cures ou missions tirant sans peine leur conduite et leur subsistance du Séminaire...tout ce clergé était comme une seule famille...", etc (détails); cette Église qui se portait si bien, Mgr de Saint-Vallier l'a mise "à deux doigts de sa ruine entière en changeant tout"; dès son premier séjour au Canada, il voulut faire des changements "en divers endroits, surtout dans le Séminaire, et on commença dès lors à craindre si fort en Canada son caractère d'esprit remuant et inquiet qu'on écrivit en France qu'on ferait un fort grand bien si on pouvait le persuader de ne pas se faire sacrer et de ne revenir jamais"; à son retour au Canada, il commença à "désunir le corps ecclésiastique"; "il en sépara d'abord la tête en se retirant dans sa maison épiscopale...il conçut le dessein de faire repasser en France le supérieur du Séminaire, il écrivit au séminaire de Paris qu'on lui en envoyât un autre, il fit proposer à l'ancien évêque de se retirer dans une maison à la campagne", etc; on vit se manifester "la résolution qu'il avait prise de séparer du Séminaire la paroisse, le chapitre et les curés, de partager entre eux les revenus qui avaient été jusqu'alors en commun...d'ôter aux supérieur et directeurs du Séminaire...leur qualité de grand vicaire, leur supériorité des maisons religieuses, leur crédit et leur autorité dans le séminaire même, leur rapport avec les curés pour leur direction et leur subsistance, leur liaison avec les pères jésuites" et les sulpiciens "et la plupart des biens dont ils avaient joui depuis près de trente ans"; "il a interdit Messieurs de Bernières, Des Maizerets et Glandelet, a forcé les directeurs du Séminaire de Paris de nommer en leurs places un autre supérieur et d'autres officiers": le roi a donc dû le faire revenir en France; il était, à ce moment-là, "terriblement brouillé avec M. le gouverneur général, avec le Conseil souverain, avec le gouverneur particulier de Montréal, avec les officiers des troupes, avec quelques familles principales et avec les récollets"; "il avait même attaqué les jésuites en leur défendant de tenir leur congrégation les jours de dimanche, les menaçant que, s'ils n'entraient pas aveuglément dans ses desseins contre le Séminaire, il leur ôterait leurs missions et y enverrait des récollets..."; le ministre Pontchartrain crut qu'il n'était pas à propos qu'il retournât au Canada: "il a fait tout ce qu'il a pu pour éviter ce coup, il s'est raccommodé autant qu'il a pu à Paris avec les pères jésuites, avec les récollets et avec le Séminaire des Missions étrangères"; "il n'y a nulle espérance qu'il puisse jamais changer sa conduite" (détails sur son caractère et sur les principes qui guident son action); "il s'est rendu méprisable à presque tout le monde et odieux en particulier aux ecclésiastiques naturels du Canada y ayant entre eux et lui une antipathie réciproque difficile à surmonter"; il faut l'empêcher de retourner au Canada; l'archevêque de Paris et le père La Chaise ne firent consentir le roi de l'y renvoyer en 1692 "que pour essayer encore s'il pourrait se modérer"; le roi ordonna de le faire surveiller par un homme sage et désintéressé qu'on envoya pour cela avec lui, sans qu'il le sût: cet homme a témoigné qu'il ne fallait point espérer de changement.