Mémoire pour dénoncer la conduite de Mgr de Saint-Vallier - dès son premier voyage au Canada, il fit des changements "mettant de nouveaux règlements dans le Séminaire, ôtant le chapelet pour augmenter, disait-il, le temps de l'oraison mentale, augmentant le nombre de trente enfants jusqu'à soixante et soixante-dix...et faisant...des aumônes excessives et des établissements prématurés aux dépens de son clergé...et, repassant en France, il laissa le Séminaire chargé de huit ou dix mille livres de dettes, étant au surplus brouillé avec les directeurs du Séminaire et surtout avec M. Des Maizerets..."; dès lors, on "écrivit de toutes parts qu'on appréhendait son retour" au Canada; il pensa d'abord y retourner seul mais des lettres de Denonville l'amenèrent à demander le retour de Mgr de Laval (explications); il prit ombrage de la présence de ce dernier qui pourtant ne se mêlait de rien et s'abstenait "de faire aucune fonction en public" (détails); dès les premiers mois de son retour, "il ôta à Messieurs Des Maizerets et de Bernières les commissions de grand vicariat et de supériorité des maisons religieuses où il leur défendit même de confesser, de diriger et de faire des conférences...il prétendit que l'érection de plusieurs cures fixes faite par son prédécesseur...était nulle, qu'il fallait aussi annuler l'union" des cures de Québec et de la côte de Beaupré au Séminaire "et qu'on devait regarder comme une chanson...l'institution du chapitre"; il demanda au Séminaire des Missions étrangères de Paris d'inciter Mgr de Laval à se retirer à la campagne, de rappeler Des Maizerets en France et de changer le curé de Québec; il assembla, en 1689, un conseil composé du jésuite Claude Dablon et de Messieurs Glandelet et Merlac mais, ne pouvant supporter des vues opposées aux siennes, il préféra bientôt "ne les point consulter du tout"; "pour saper peu à peu le Séminaire pour le temporel", il lui fit supporter autant qu'il put "toutes les dépenses du chapitre, de la paroisse et les pensions de plusieurs ecclésiastiques qu'il avait amenés de France"; il tenta de "priver entièrement le Séminaire des quatre mille livres sur l'état des charges" (mention d'autres tentatives de sa part pour détériorer les finances du Séminaire de Québec); "il a entrepris de détacher du Séminaire tous les curés de la campagne qui s'y étaient volontairement attachés et il n'a pas voulu que les nouveaux qu'il avait amenés avec lui de France s'y attachassent"; "dans le Séminaire même, il a soulevé autant qu'il a pu les inférieurs contre les supérieurs auxquels il leur défendait d'avoir leur rapport ordinaire pour leur conduite et leur conscience, voulant s'attirer immédiatement à lui-même la confiance de tous les particuliers" (détails); il a suscité des brouilleries et des divisions dans les autres communautés; il n'a rien négligé "pour ôter aux curés le détachement qu'ils avaient pour leur temporel dont ils s'étaient reposés jusqu'alors sur le Séminaire, il a voulu au contraire qu'on donnât à chacun d'eux tout leur revenu pour en faire ce qu'il leur plairait sans dépendre de personne" (conséquences néfastes); sans consulter l'archidiacre et les autorités du Séminaire, il a fait seul la distribution des 8 000 l. de supplément pour les curés (détails); a tout fait pour "obliger les jésuites et les autres communautés à abandonner entièrement le Séminaire": si les jésuites ont toujours conservé "la même liaison", d'autres "corps se sont sensiblement refroidis et éloignés"; il a tenté "plusieurs fois d'abolir le canonial de l'église cathédrale"; de retour en France en 1691, même si les directeurs du Séminaire des Missions étrangères de Paris lui ont dit "qu'ils ne voulaient point avoir de différends (et) qu'ils le laissaient le maître de tout", il a demandé des commissaires pour juger les contestations mais le roi les lui a refusés et a ordonné à l'archevêque de Paris de l'écouter avec le père Lachaise en présence des directeurs du Séminaire de Paris (détails); il a remercié le roi d'avoir approuvé ce qui avait été convenu (règlement de 1692) et a promis de ne plus se plaindre; à son retour au Canada, même si le supérieur et les directeurs du Séminaire de Québec ont reçu avec respect le règlement qu'il rapportait, il leur a fait mille difficultés (interdits prononcés contre Henri de Bernières, Charles de Glandelet et Louis Ango Des Maizerets, etc); est retourné en France, en 1694, espérant y trouver "de l'appui contre toutes les puissances et la plupart des communautés avec lesquelles il s'était" brouillé; a écrit aux jésuites et au Séminaire de Québec qu'il était fort content de leurs supérieurs de France (demande adressée à Mgr de Laval par le père Bruyas): a écrit en même temps à Dollier de Casson "qu'il n'avait trouvé en France aucun obstacle à ses desseins que de la part des jésuites et du Séminaire des Missions étrangères"; cet évêque veut gouverner son diocèse comme les diocèses de France et "former différents corps pour le chapitre, le Séminaire et la paroisse" ("il n'y a ni assez d'ecclésiastiques ni assez de biens pour faire à présent ce changement"); il s'oppose à ce "qu'un seul corps (le Séminaire) dispose de tous les biens et s'assujettisse tous les prêtres" (commentaires); il croit que "le rapport du clergé au Séminaire" nuit à l'autorité de l'évêque (observations); il n'a pas compris "qu'il fallait gouverner le diocèse du Canada autrement" que de vieux diocèses (explications); il craint l'influence de son prédécesseur (Mgr de Laval) "ne l'employant à rien et parlant même de lui ou à lui d'une manière déplorable": pourtant, "plus il a honoré son prédécesseur, plus il a été honoré lui-même comme il parut dans la translation des reliques qui fut faite à Québec le 25 janvier 1689" (détails); "il n'y a nulle apparence de pouvoir jamais avoir aucune paix avec lui" (énumération de ses défauts); il paraît nécessaire de l'empêcher de retourner au Canada (explications).