Mémoire de (Pierre) Glemet "pour servir à l'examen de la légitimité des lettres de change et billets d'ordonnance provenant des dépenses du Canada" - propose qu'une déclaration du roi ordonne à tous les détenteurs des papiers du Canada de les déposer dans tel bureau qu'il plaira au roi d'assigner et leur enjoigne "de déclarer d'où ils tiennent lesdits effets"; signale que les quatre cinquièmes des papiers à acquitter proviennent des dépenses de la fin de l'année 1758 et des années 1759 et 1760 et que, pendant cette période, "le commerce et tout ce qui s'appelle fournitures pour le roi" a été monopolisé par le munitionnaire Cadet ou d'autres gens ayant un intérêt dans les affaires de la Grande Société; note que la cherté des marchandises "n'a point été occasionnée par leur rareté mais par le discrédit du papier circulant dans la colonie": ce discrédit était dû aux manoeuvres de certaines personnes (explications); croit que les lettres de change des tirages de 1756, 1757 et 1758 ne doivent être susceptibles d'aucun examen "sauf celles qui sont entre les mains des commissionnaires de la Grande Société"; les lettres de change tirées en 1759 et les billets d'ordonnance montent au moins à la somme de 55 millions (de livres); tous les négociants du Canada doivent en avoir et les négociants de France, particulièrement ceux de Bordeaux, Bayonne et de Montauban, "doivent avoir prodigieusement du papier par le haut prix que les armateurs ont frété leurs navires et par celui qu'ils ont vendu" leur effets (explications); tous les navires expédiés à Québec en 1759 "ont été frétés à 500 l. par tonneau de port", à l'exception du Duc de Fronsac (Bigot, Cadet) qui le fut à 1 000 l. par tonneau (détails); tableau des prix auxquels les articles les plus connus "revenaient rendus à Québec tous frais faits": prix de vente de ces articles à Québec (détails), comparaison avec les prix des années 1744-1747; si le papier actuel est "susceptible d'une réduction", il ne faut pas "excepter celui qui paraîtra appartenir aux ouvriers", journaliers et paysans de la colonie: eux aussi ont profité de la situation (l'a constaté lorsqu'il a été envoyé par Murray à Montréal pour faire des propositions à Vaudreuil de Cavagnial et Bigot); il y a "des gens actuellement en France venant du Canada qui y ont gagné des lettres de change avec tant de facilité et pour des sommes si prodigieuses qu'ils en sont embarrassés": ils ont cherché à s'en défaire à tout prix: "ils ont trouvé des personnes assez hardies ou assez peu consciencieuses pour en prendre à 75 jusqu'à 85 pour cent de perte".