Mémoire concernant "les fraudes qui ont engraissé une grande quantité de sangsues du bien public" dont François Bigot, Joseph-Michel Cadet, Almain, Louis Du Pont Duchambon de Vergor, Michel-Jean-Hugues Péan, des écrivains de la Marine, des gardes-magasins et des commandants de postes - explique comment on volait le roi dans les villes et dans les postes à l'occasion des achats pour le compte du roi, des travaux commandés pour le service, des distributions de vivres et d'équipement aux troupes, des transports de provisions dans les postes, des présents faits aux Indiens, etc (détails); Montreuil, ayant voulu faire une "récapitulation des vivres", trouva "le plus effroyable excédent" (abus d'un officier des troupes de terre chargé de la majorité des milices); trouve que Vaudreuil de Cavagnial "s'embarrassait peu...du tort que des âmes vénales faisaient à l'honneur de la France" (explications); rappelle la conduite honteuse de Duchambon de Vergor au fort Beauséjour et à Québec (détails); prétend que certaines malversations ont causé beaucoup de tort aux colons et aux réfugiés acadiens; dénonce l'abus des faux certificats dans les postes (ceux de la Belle Rivière, etc); prétend que les dépenses faites pour s'assurer la faveur des Indiens "ont toujours été vaines" et "n'ont que trop fréquemment servi de prétexte à des fraudes" (explications); trouve négligeable la participation des Indiens dans les combats (explications, exemple de la bataille de Sainte-Foy); on ne peut aucunement se fier à ces nations qui ont constamment tendance à prendre le parti du vainqueur; lorsqu'il a fallu évacuer certaines places, on n'a reçu aucun appui des Indiens: ils "se sont retirés sur leurs nattes y conservant la neutralité" (quelques bandes ont même conduit les Agniers "par la main jusqu'à faire coup sur les Français"); lors de "la défaite du village de Saint-François", certains ont poussé l'infamie jusqu'à conduire le détachement de Robert Rogers et les Agniers "pour aller détruire leurs propres frères"; les Indiens domiciliés sont employés aux découvertes: explique comment on leur donne des vivres et des marchandises (rôle joué par les missionnaires, etc); les Indiens sont naturellement paresseux et ivrognes et les bienfaits du roi "les entretiennent dans leur mollesse" (faible étendue des cultures dans les missions de Lorette, Saint-François, La Présentation, etc); les efforts des missionnaires pour leur donner de bonnes habitudes de vie ont été infructueux (explications); on n'aurait dû récompenser les Indiens "que dans les cas mérités"; on aurait grandement contribué à se les attacher en favorisant l'établissement de commerçants chez eux (explications); il aurait été très avantageux de peupler certains endroits des pays d'en haut comme le pays des Illinois, Détroit et Michillimakinac (raisons) en laissant s'y établir les habitants occupés au transport des marchandises et à la construction de fortins et même en y envoyant de France cinq à six cents bons agriculteurs; "bien loin de favoriser ces établissements...on agissait de manière à prouver qu'on s'y opposait" (exemples): "le gouvernement ne laissait le champ libre du commerce qu'à ceux qu'il favorisait ou que pour les personnes en place" (difficultés suscitées à Desauniers qui refusa la société d'André Grasset de Saint-Sauveur); on n'aurait pas dû construire certains forts, entre autres les suivants: La Présentation, Toronto, Carillon, fort de la Monongahéla et de la rivière au Boeuf, etc; ces postes n'ont servi qu'à empêcher certains laboureurs de cultiver leurs terres et ont contribué au dépeuplement de la colonie; on aurait dû se limiter à deux bonnes places (Niagara, Frontenac) au lac Ontario (établissement d'une marine sur ce lac pour éloigner les Anglais); au lac Champlain, il eut suffi de bien fortifier et de peupler du côté de Saint-Frédéric et d'établir une marine sur le lac (explications); suggère la construction d'un chemin entre le fort Saint-Jean et Longueuil; les habitants des paroisses de Chambly, Saint-Charles, Saint-Denis, Saint-Antoine, Saint-Ours et Sorel sont riches; les terres sont moins productives dans le gouvernement de Québec (raisons); l'île d'Orléans est prospère (détails); "il eut été important d'élever une citadelle" sur l'île aux Coudres; les farines tirées d'un moulin de la seigneurie de Mme Péan étaient destinées à l'Amérique méridionale; on dit qu'il reste encore dans la colonie 22 000 habitations ou terres concédées; ces terres ne sont pas entièrement défrichées pour diverses raisons: incurie des gouverneurs et des intendants, guerre, utilisation de la main-d'oeuvre à la construction de forts et au transport des provisions, tendance de cette main-d'oeuvre à déserter le foyer paternel ou conjugal et à passer l'hiver dans la débauche et le libertinage, levées pour les milices; en outre, les habitants étaient mécontents de "ce que le munitionnaire, autorisé du gouverneur et de l'intendant, leur enlevait leur blé, leurs boeufs de même que leurs autres animaux"; recommande d'établir 10 000 soldats dans la colonie: propose des impôts soit pour contribuer à l'entretien de ces troupes soit pour inciter les habitants à défricher (détails); les 10 000 hommes de troupes pourraient être répartis comme suit: 600 au fort Duquesne, 600 à la Presqu'île, 1 000 à Niagara, 1 500 au fort Frontenac, 1 500 à Saint-Frédéric, 500 au fort Saint-Jean, 2 000 à l'île aux Coudres et 2 300 à Québec, Montréal et Trois-Rivières; il faudrait caserner les troupes des villes car, logées chez les habitants, elles sèment le désordre et le libertinage (explications): quelques jours avant la capitulation générale de la colonie, plus de 700 hommes ont abandonné leur bataillon pour se rendre chez leurs hôtes; les troupes "pourraient être employées aux travaux des places durant la paix": aucune place n'était bien fortifiée, même pas Québec; la construction des vaisseaux pourrait être fort avantageuse: abondance des bois, facilités qui se trouvent à Sorel et à Québec, produits fournis par les forges du Saint-Maurice (détails sur ces forges), etc; il faudrait établir une monnaie "qui ne fût pas susceptible de fraudes ainsi que l'a été celle qui...subsistait" (infinité de fausses ordonnances, indulgence envers les faussaires); il conviendrait de favoriser l'exploitation des mines de cuivre des côtes de l'Acadie; dans cette région-là, seuls les forts Beauséjour et Gaspereau étaient vraiment nécessaires: les autres (ceux de la rivière Saint-Jean, de Chipoudy, etc) étaient fort inutiles; si la Nouvelle-Écosse était rétrocédée à la France, il conviendrait de la joindre au gouvernement de Louisbourg: si l'Acadie française avait été réunie à l'île Royale, Drucour n'aurait pas refusé de la secourir lorsqu'elle fut attaquée.