Copie d'une lettre de Montcalm au maréchal de Belle-Isle - "si la guerre dure, le Canada sera aux Anglais peut-être dès cette campagne ou la prochaine"; pense que la colonie ne compte pas plus de 82 000 âmes dont tout au plus 12 000 hommes en état de combattre (bon nombre d'entre eux seront employés aux travaux et aux transports); les huit bataillons de troupes de terre font 3 200 hommes; les Anglais ont au moins 50 000 hommes; "le prêt et les vivres manqueront"; le gouvernement "ne vaut rien"; "les Canadiens se découragent, nulle confiance en M. de Vaudreuil ni M. Bigot"; le premier "n'a aucune activité, il donne sa confiance à des empiriques plutôt qu'au général envoyé par le roi"; le second "ne paraît occupé que de faire une grande fortune pour lui et ses adhérents et complaisants"; "l'avidité a gagné les officiers, gardes-magasins, commis qui sont vers la rivière Saint-Jean ou vers l'Ohio ou auprès des Sauvages dans les pays d'en haut font des fortunes étonnantes" (détails); Vaudreuil de Cavagnial "confierait une grande opération à son frère ou à un autre officier de la colonie comme à M. le chevalier de Lévis...le choix regarde ceux qui partagent le gâteau" aussi n'a-t-on jamais voulu envoyer Bourlamaque ou Senezergues au fort Duquesne comme il l'avait proposé; cette année, les dépenses monteront à environ 36 millions; il paraît que tout le monde se hâte de faire fortune avant la perte de la colonie; "l'envie de s'enrichir influe sur la guerre...au lieu de réduire la dépense du Canada on veut tout garder, comment abandonner des positions qui servent de prétexte à faire des fortunes particulières, les transports sont donnés à des protégés, le marché du munitionnaire (Joseph-Michel Cadet)" est tenu secret, etc (détails au sujet des pratiques frauduleuses de Bigot, Le Mercier et compagnie); le peuple, effrayé de toutes ces dépenses, "craint une diminution sur le papier monnayé du pays (et), mauvais effet, les vivres en augmentent"; les Français ont été chassés du fort Duquesne (l'ennemi connaissait "l'ordre trop public de M. de Vaudreuil d'abandonner"); "les Sauvages des pays d'en haut commencent à s'ébranler et à traiter avec les Anglais, les Cinq-Nations sont mal disposées"; "la perte du fort Frontenac est un coup fatal par la prise de notre marine sur le lac Ontario" (des Indiens disent à Vaudreuil qu'ils l'avaient averti trois semaines avant l'attaque); Pierre Pouchot va commander à Niagara: "on aurait dû l'envoyer dès l'automne dernier" (explications); "tous les préparatifs à Orange annoncent que les Anglais viendront de bonne heure à Carillon avec de grandes forces"; "à Québec, l'ennemi peut venir" si on n'a point d'escadre "et Québec pris la colonie est perdue": ne sait rien des projets de Vaudreuil qui ne le consulte pas; est attaché à Bigot, homme aimable.