Lettre de Vaudreuil de Cavagnial au ministre - a expédié des forces du côté de Carillon pour permettre à Montcalm de "s'opposer à de nouveaux efforts des Anglais" et pour favoriser la formation de gros détachements qui pourront "inquiéter et détruire les convois des ennemis espérant par là...leur faire abandonner le lac George pour se replier sur le fort Lydius"; un détachement commandé par Joseph Marin de La Malgue "s'est très bien tiré" d'une rencontre avec une troupe de quelque 800 Anglais ayant à sa tête Robert Rogers; Montcalm a renvoyé une partie des Canadiens pour faire les récoltes; craignant une nouvelle attaque contre Carillon, il a fait préparer des voitures à Saint-Jean et a "renouvelé un commandement général pour que chaque habitant fût prêt à marcher au premier ordre"; ne s'attendait pas à une attaque contre le fort Frontenac: d'après le rapport de Paul-Joseph Le Moyne de Longueuil, les Anglais ne songeaient qu'à rétablir le fort Bull, etc (détails); des éclaireurs (Indiens de La Présentation, Mississagués) parvinrent à l'avertir de la marche des Anglais (détails); a aussitôt fait une levée de 1 500 hommes dans le gouvernement de Montréal et a confié ce détachement à François Lefebvre Duplessis Faber; cependant, il était trop tard: un corps de 4 500 hommes, ayant à sa tête John Bradstreet, s'est emparé du fort Frontenac; reproche à Payen de Noyan de ne pas s'être débarrassé des barques soit en les brûlant soit en les envoyant à Niagara ou à La Présentation; l'ennemi a trouvé au fort Frontenac "beaucoup de vivres, marchandises et artillerie qui étaient destinés pour les postes de la Belle Rivière et de Niagara": tous les Français et Canadiens qui s'y trouvaient ont été renvoyés "quoique prisonniers de guerre"; Noyan a fait l'éloge de tous les officiers (d'Espinassy), soldats, miliciens et Indiens; donne ordre à Testard de Montigny de se rendre à Niagara avec 5 à 600 hommes; craint pour ce poste qui "se trouve dépourvu de monde et de munitions, M. de Vassan en ayant envoyé une partie à la défense de M. de Lignery à la Belle Rivière"; songe à des "tentatives sur la Belle Rivière si les Anglais s'en sont rendus maîtres"; fait monter 1 500 hommes de Québec et de Trois-Rivières: on établira un camp à La Présentation "pour couvrir la colonie par ce côté, donner de l'inquiétude aux Anglais à Chouaguen, les empêcher d'aller à Niagara"; dès que les récoltes le permettront, il fera "marcher tout ce qui sera en état" et tentera de s'opposer au rétablissement de Chouaguen; a donné ordre de brûler le fort Toronto si les Anglais s'y présentent et de se replier sur Niagara; tâchera l'hiver prochain de mettre "la colonie dans l'état où elle était avant la guerre afin que, si on venait à faire la paix", il fût possible de conserver les mêmes possessions; la paix "paraît d'une nécessité absolue pour cette colonie" (épuisement des troupes, forces considérables de l'ennemi, etc); suivant maints rapports, "après la prise de Louisbourg, l'armée victorieuse entrera en rivière (dans le fleuve) soit pour y opérer" ou tout au moins pour "l'engager à diversion": la colonie serait alors en grand danger (forces insuffisantes, etc); si la guerre se poursuit l'an prochain, il faudra envoyer de puissants secours au Canada; permet aux vaisseaux de guerre qui sont devant Québec de s'en retourner en France mais ordonne à Du Chaffault (commandant de l'escadre) de les ramener s'il apprend que la flotte anglaise s'approche (explications).