Lettre de Bigot au ministre - la récolte a été très mauvaise l'année dernière; dès le début de novembre, Montréal manqua de pain et il dut y expédier 1 200 quintaux de farine (agitation dans le peuple); une ordonnance fut rendue pour défendre de vendre le blé au-dessus de 5 l. le minot (il se vendait jusqu'à 7 l.); on entreprit "des recherches de blé dans tout le gouvernement de Montréal" et l'on prit d'autorité celui qu'on y trouvait en le payant 100 sols le minot; Varin fit délivrer ces farines aux boulangers non sans en avoir réservé une partie "pour la subsistance de deux mois des garnisons des forts Saint-Frédéric, Frontenac, Niagara et du Détroit": ce commissaire n'en ayant plus en réserve que pour une dizaine de jours, il lui en envoie 600 quintaux qui lui restent tant de l'année dernière que des 3 000 minots de blé pris d'autorité dans le gouvernement de Québec; en a vendu 1 500 minots "pour semence aux habitants les plus maltraités"; a fait convertir le reste en farine pour les boulangers de Québec et de Montréal; le gouvernement de Québec ne peut plus rien fournir et un cinquième de ses habitants ne pourront semer faute de blé; après ce mois-ci, "Québec et ses paroisses voisines et Montréal vivront sur les envois" de France dont on espère l'arrivée prochaine; ces secours ne seront pas suffisants; prie d'envoyer 800 autres quarts de farine par le senau le Saint-Mandet sur lequel passe Jumonville pour faire rapport sur les Indiens rebelles: a fait charger du fer et des planches sur ce bâtiment; demande 100 chaudières de cuivre rouge pour les 500 hommes à envoyer à Détroit l'an prochain; prie d'envoyer 500 quarts de lard par la goélette l'Étoile du Nord: une partie de ce lard sera expédiée à Niagara pour le détachement de Paul-Joseph Le Moyne de Longueuil et le reste servira au ravitaillement des postes d'en bas; ne peut expédier 2 000 quintaux de pois à Louisbourg ("les habitants des campagnes en ont vécu"); demandera à Prevost de La Croix de lui envoyer de la farine et d'expédier des lards aux postes de l'Acadie: "se serait adressé à lui pour le tout" si l'Éole avait apporté des vivres à Louisbourg; s'il avait envoyé l'année dernière toutes les farines promises aux postes frontières de l'Acadie, "il y aurait eu quelque sédition de la part du peuple": en avait gardé 2 ou 3 000 quarts mais il n'en reste plus.