Mémoire de La Galissonière (et Silhouette) sur les "colonies de la France dans l'Amérique septentrionale" - résume les arguments contre la conservation du Canada et de la Louisiane: pertes subies avec ces colonies, problèmes de transport (seules voies d'accès: le Saint-Laurent et le Mississipi), cherté des produits de ces colonies (raisons); montre l'utilité des colonies en général (détails); explique que les Anglais ont de grandes ambitions en Amérique et que le Canada est "la plus forte digue que l'on puisse" leur opposer: c'est le seul contrepoids capable de contenir les colonies britanniques dans leurs bornes et de les empêcher éventuellement de s'emparer de toutes les colonies du continent américain; cette mainmise sur l'Amérique donnerait aux Anglais la supériorité en Europe; les colonies françaises ont généralement eu l'avantage sur leurs rivales grâce particulièrement aux alliances contractées avec plusieurs nations indiennes et grâce aussi à la valeur militaire des Canadiens accoutumés à vivre dans les bois; "le froid excessif et la difficulté de la subsistance" ne permettront jamais aux Anglais de faire à la baie d'Hudson des établissements susceptibles d'inquiéter les Français; si, au début de la prochaine guerre, "le Canada ne prend pas l'Acadie, l'Acadie prendra ou fera tomber Louisbourg": cette dernière place est non seulement utile à la Nouvelle-France mais aussi à la France (port de relâche pour les vaisseaux, retraite pour les corsaires, pépinière de matelots, abondance de la pêche); il est essentiel de maintenir la communication entre le Canada et l'île Royale (nécessité de conserver la rivière Saint-Jean); il convient de "faire des établissements de vivres et surtout de bestiaux" à l'île Royale, à l'île Saint-Jean "et dans la partie du Canada qui avoisine la baie de Saint-Laurent"; explique de quelle façon il faut que les limites de la Nouvelle-Écosse soient réglées (détails); signale quelques mesures à prendre pour assurer la conservation du Canada et éviter sa ruine: fortifier non seulement Québec et Montréal mais aussi le fort Saint-Frédéric où il est important d'établir "un gros village français bien fortifié", peupler la région du lac Champlain, fortifier les forts Frontenac et de La Présentation et établir des villages dans le voisinage, détruire Chouaguen (lieu de contrebande, nid d'intrigues anglaises) ou se faire céder ce poste par les Anglais; il est essentiel de maintenir la communication entre le Canada et le Mississipi; il ne faut donc pas laisser les Anglais s'établir à la Belle Rivière (Ohio) où ils pourraient assez facilement rompre cette communication, corrompre les Indiens, attaquer les postes du pays des Illinois et celui des Miamis et se lancer à la conquête du Mexique; il convient d'établir quelques postes sur la Belle Rivière mais ces postes "n'acquèreront de solidité qu'autant qu'on augmentera les forces tant de Niagara que du Détroit"; s'il y avait 1 000 colons et une bonne garnison à Détroit, ce poste nourrirait et défendrait tous les autres et serait "à portée d'en imposer à presque tous les Sauvages du continent"; il faut également fortifier (peupler) le pays des Illinois (douceur du climat, fertilité du sol, boeufs) ainsi que la Louisiane (détails); le meilleur moyen de renforcer les colonies d'Amérique du Nord est d'y envoyer beaucoup de monde; ce peuplement doit être formé principalement de soldats qui deviendront en peu de temps de bons habitants; on peut y joindre un petit nombre de contrebandiers, de mendiants valides et même quelques femmes de mauvaise vie (détails); "enfin, le Canada où la fécondité est merveilleuse peut servir de pépinière pour entretenir les colonies du Tropique".
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