Lettre de La Galissonière au ministre - l'envoi de Boishébert et d'un détachement à la rivière Saint-Jean et la lettre adressée à Mascarène ont contribué à faire rendre le jeune Abénaquis enlevé par Gorham, ce qui a renforcé l'attachement de ces Indiens pour les Français; les Anglais ont dessein de soutenir leurs injustes prétentions; il faut prendre des mesures en Europe pour arrêter leurs entreprises; ils ne veulent pas seulement la rivière Saint-Jean mais "toute la côte depuis cette rivière jusqu'à Beaubassin, depuis Canseau jusqu'à Gaspé", ce qui leur donnerait plusieurs postes dans le golfe et les rendrait maîtres du pays des Abénaquis; en abandonnant ce territoire à l'Angleterre, on renoncerait à toute communication par terre du Canada avec l'Acadie et l'île Royale, on enlèverait à la plupart des Acadiens tout espoir de refuge sur les terres françaises (terres de l'île Saint-Jean peu attirantes) et les Anglais empêcheraient la communication de l'Acadie avec Louisbourg; les vues des Anglais se manifestent clairement dans la lettre de Shirley, dans les procédures faites à Annapolis Royal, dans leurs projets de bâtir à Chibouctou, à Beaubassin et aux Mines et dans le recrutement de colons en Europe; montre que leurs ambitions ne datent pas d'hier et indique sur quels titres ils appuient leurs revendications (cartes anglaises dont l'une figure dans Charlevoix, concession octroyée par Louis XIII, etc); pendant la longue paix qui a suivi le traité d'Utrecht, ils ont "escroqué de quelques Sauvages ...des reconnaissances contraires à la fidélité qu'ils doivent au roi, ils en ont fait autant des habitants de la rivière Saint-Jean"; ne sait pas s'ils ont obtenu "les mêmes soumissions des habitants de Chipoudy, Petitcodiac et Memramcook" (détails); comme dans les documents et livres anciens, l'Acadie, semble-t-il, est toujours qualifiée de presqu'île, en cédant l'Acadie suivant ses anciennes limites on n'a cédé que la presqu'île et les anciennes limites fixées en 1700 à Quinibeguy "n'ont point été ébranlées"; les Anglais se sont rendus coupables d'empiétements en construisant les forts Saint-Georges et Chouaguen; ce dernier poste ruine le Canada non seulement par les pelleteries qu'il lui enlève mais aussi par l'esprit de révolte qu'on inspire aux Indiens; suggère des négociations pour obtenir Chouaguen en laissant le fort Saint-Georges aux Anglais (explications); les récriminations des Anglais contre le fort Saint-Frédéric sont mal fondées (découvertes de Champlain, expéditions en territoire iroquois, etc); espère que l'affaire des prisonniers avec Clinton est réglée; envoie divers documents: lettre du prêtre Brassard, ordonnance contre celui-ci, requête des habitants de Pisiquid, mémoire de Charles Germain, etc; il sera facile d'empêcher les Anglais de s'étendre en dehors de la presqu'île de la Nouvelle-Écosse tant qu'on restera maîtres des Abénaquis et que les colons français obtiendront du secours: il faut voir à envoyer de Louisbourg des marchandises pour les besoins des habitants et des Indiens (traite); deux raisons l'ont engagé à défendre aux Abénaquis toute soumission envers le gouvernement anglais (détails); si Vaudreuil (lettre à William Dummer) n'attaquait "les usurpations anglaises que comme faites sur les terres abénaquises", il préfère lui-même qu'on les conteste comme faites en territoire français (raisons).