Lettre de Beauharnois au ministre - les Tsonnontouans sont descendus à Québec; a tenu un conseil à Montréal avec les Onontagués, Goyogouins, Onneiouts et Agniers au nombre de plus de 150; plus de 450 autres Indiens des pays d'en haut ont assisté à ce conseil: ces Indiens, y compris plusieurs Onontagués, l'ont suivi à Québec dès qu'on annonça l'arrivée d'une escadre anglaise; les Onontagués, en s'en retournant à leurs villages, ont passé à Chouaguen avec le pavillon français; leur a renvoyé Joncaire qui rendra compte des moindres changements qui pourraient survenir chez les Iroquois; ces derniers doivent rencontrer les gouverneurs anglais dans un grand conseil qui aura lieu à Orange; les autres nations d'en haut paraissent bien disposées: elles ont accepté la hache qu'il leur a présentée, aucune n'a accepté les colliers souterrains des Anglais les invitant à se déclarer contre les Français et il n'est pas question qu'elles assistent à aucun conseil des Anglais; les Indiens de Détroit ont envoyé différents partis contre les établissements anglais du côté de la Caroline mais plusieurs sont revenus bredouilles: selon Longueuil, certains ont passé cinq jours à la porte des villages sans que les Anglais ne sortent; deux partis de Hurons vont tenter d'aller dans des endroits où l'on est moins sur ses gardes; Longueuil engagera ces nations à lever d'autres partis pour "les entretenir toujours dans l'esprit de rupture avec les Anglais"; selon La Corne l'aîné, 60 Outaouais et Sauteux de Michillimakinac sont partis avec Noyelles fils pour Montréal afin de se joindre aux partis des domiciliés; les Chaouanons ont quitté l'endroit où ils étaient pour aller s'installer à la Prairie des Mascoutens: ils ont capturé et pillé huit commerçants anglais à la Belle Rivière mais n'en ont remis qu'un au détachement envoyé par Longueuil (craint quelqu'accommodement néfaste entre ces Indiens et leurs prisonniers); l'exploitation des postes s'est faite avec beaucoup moins de marchandises que les années dernières; "le peu qu'il y en avait chez les marchands équipeurs, le haut prix où ils les ont portées et le peu de valeur des pelleteries" rapportées au retour "ont dégoûté les voyageurs d'équiper"; il n'en est monté que dix à Détroit malgré sept congés gratis et que neuf canots à Michillimakinac; la même diminution a été observée dans tous les postes affermés, tels les forts Frontenac et Niagara qui ne sont pas bien pourvus de marchandises de traite et qui le seront encore moins l'an prochain, étant donné qu'il n'est venu aucun secours cette année; craint que cette pénurie de marchandises ne pousse les Indiens à abandonner les postes français pour ceux des Anglais; seul le roi peut redresser la situation en envoyant du secours de très bonne heure l'an prochain.