Mémoire des négociants et habitants du Canada adressé au ministre Maurepas (signé par Pierre Trottier Desauniers et Louis Charly Saint-Ange, syndics des négociants de Québec et de Montréal) - l'escorte de trois vaisseaux de guerre accordée aux navires armés à Bordeaux et à La Rochelle n'a pu prévenir tout malheur: trois des bâtiments armés à Bordeaux, soit le Saint-Jean de Dieppe (Charles Varin), l'Aimable Gracieuse de Bayonne (Girard Jaublery) et le Lion de Nantes (Charles Parent) se sont éloignés de la flotte et ont sans doute été pris par les corsaires anglais qui croisent au banc de Terre-Neuve et à l'entrée du golfe; se plaignent de la piètre protection accordée aux bâtiments marchands par les commandants des trois vaisseaux de guerre (détails à ce sujet); la perte des trois navires, qui étaient chargés de vins, d'eau-de-vie et de marchandises sèches, a provoqué une pénurie et une hausse excessive des prix; le navire l'Heureuse Marie (capitaine Curaudeau) et le brigantin l'Union (Pierre Chaboisseau), partis de Québec en 1743 pour les îles du Vent, ne sont point de retour; un grand nombre de bâtiments français ont été pris par les corsaires, entre autres cinq morutiers malouins à la côte du Labrador (détails) et cinq autres au Petit Nord (rapport du capitaine Aubert); une chaloupe anglaise a enlevé un engagé au poste de Mécatina; un bateau parti de l'île Royale pour aller charger des vivres à Québec a été poursuivi jusqu'à l'île aux Oiseaux; le missionnaire du poste de Saint-Augustin craint que les Anglais n'aient détruit l'établissement de Foucault et Boucault à la baie de Phélypeaux; un corsaire de Guernesey a déclaré que le gouverneur de Boston avait l'intention d'envoyer l'an prochain un plus grand nombre de corsaires pour ravager toute la côte nord et sud du fleuve jusqu'au Bic où on laisserait des navires de guerre avec ordre de prendre tous les bâtiments français, ceci en vue d'affaiblir le Canada qui serait attaqué dans deux ans; les corsaires ont emporté cette année au moins la moitié du commerce de la morue et pourraient l'an prochain priver la France de ce commerce et de celui des huiles de poisson; les établissements de la côte nord du fleuve et ceux de la côte sud risquent d'être détruits; tout le commerce du Canada avec la France, l'île Royale et les îles du Vent, est en péril; proposent, pour redresser la situation, les choses suivantes:, 1. fréter quatre frégates de Saint-Malo de 30 canons, mettre 250 hommes sur chacune et confier le commandement de ces bâtiments à Dubois, Duruble, Desmarets Vincent et Louvet 2. faire partir ces frégates avec les navires marchands au plus tard au début de mars, deux d'entre elles croiseraient tout l'été sur le banc de Terre-Neuve, les deux autres se rendraient à Québec et assureraient la navigation entre le Canada et l'île Royale, etc. 3. faire escorter par deux navires de guerre de 50 à 60 canons les bâtiments qui partiront de Bordeaux, Bayonne, La Rochelle et Nantes au mois de juin 4. ordonner que les bâtiments qui partent de Québec à l'automne feront voile tous ensemble à la fin d'octobre ou au début de novembre sous l'escorte des frégates de Dubois et Duruble (autres détails); le Caribou a fait une sortie à Louisbourg sous le commandement de Morpain et a pris une goélette armée en course: La Saussaye a fait des changements inutiles sur ce bâtiment.