Lettre de Beauharnois au ministre - selon Lusignan, commandant de la baie des Puants, tout semble tranquille chez les Sioux, les Sakis et les Renards; l'incident survenu entre quelques Sioux et les Sauteux de la pointe de Chagouamigon est une affaire de peu de conséquence et facile à raccommoder; tâche de prévenir toute dispute entre les domiciliés du Sault-Saint-Louis et ceux du lac des Deux-Montagnes: pour raffermir l'union entre ces Indiens et leur enlever tout sujet de jalousie, il les joint ensemble dans les différentes négociations où ils peuvent être utiles; il y a une grande différence dans la fidélité des uns et des autres: ceux du Sault ont toujours été enclins à commercer avec les Anglais; trois canots de leur village étant allés porter du castor à Orange, furent, à leur retour, arrêtés par un détachement envoyé par Fonville et commandé par Du Sablé: ce dernier voulant se saisir des marchandises qu'ils transportaient, les Indiens prirent aussitôt les armes mais la vue des soldats saisissant leurs fusils les intimida et ils se laissèrent finalement conduire au fort Saint-Frédéric où leurs marchandises furent confisquées; selon Beaucours, ces Indiens doivent descendre à Québec pour demander grâce: tâchera avec Hocquart de "concilier toutes choses"; la qualité des marchandises saisies fait croire qu'il y a quelques Français impliqués dans leur commerce: soupçonne particulièrement les demoiselles Desauniers; préférerait que celles-ci demeurent à Montréal où elles ont une grande et belle maison; le fonds de 2 000 l. pour l'établissement du village des Algonquins et Népissingues au lac des Deux-Montagnes a toujours été proprement utilisé: prie de le maintenir pendant quelques années et même de l'augmenter (contribution personnelle du sulpicien François Picquet); les ouvrages effectués au lac des Deux-Montagnes peuvent présentement servir "tant pour la sûreté de la mission que pour la défense de la colonie" mais ils seraient d'une grande utilité s'ils étaient entièrement finis; compte sur le zèle des Indiens de cette mission pendant la présente guerre; ne peut encore annoncer le déménagement des Chaouanons à la Prairie des Mascoutens: ces Indiens ne veulent pas de La Saussaye "pour lever leur feu" mais demandent Cavalier, Poudret et une trentaine de Français; il leur a envoyé Poudret pour les amener non seulement à déménager mais aussi à chasser les Anglais de la Belle Rivière en joignant leurs forces à celles des Indiens du Détroit, des Miamis et des Ouiatanons; est flatté que le ministre ait été satisfait de la diminution de l'année dernière dans la distribution des présents aux Indiens: prie d'approuver toute augmentation future qui serait justifiée; recommande Paul Marin de La Malgue et son fils.