Lettre de Beauharnois au ministre - redoute une invasion des Anglais par mer (il ne faut pas se fier à leurs échecs des années 1690 et 1711); ne pense pas que les forts Saint-Frédéric, Chambly et les fortifications de Montréal puissent arrêter totalement l'ennemi s'il y a invasion du côté des terres; énumère les mesures prises pour mettre la colonie en état de défense: ouvrages effectués à Montréal (batteries, plates-formes, nombre de canons disponibles) et à Québec (batteries, retranchements, plan de Chaussegros de Léry pour un ouvrage en pieux, etc), rétablissement des anciens forts dans les côtes et construction de nouveaux forts, ravitaillement et augmentation de la garnison du fort Saint-Frédéric, transfert dans ce fort des canons du fort Chambly, ouvrages exécutés à Niagara sous la direction de Chaussegros de Léry et La Morandière, augmentation de la garnison de ce poste et nomination de Céloron de Blainville comme commandant, commande de 5 à 6 milliers de boulets aux forges du Saint-Maurice; a envoyé des colliers aux Indiens de Détroit, aux Ouiatanons et aux Miamis pour faire chasser les Anglais de la Belle Rivière: les rapports des commandants de postes et les promesses des Indiens (Outaouais, Potéouatamis, etc) sollicités donnent lieu de prévoir de multiples opérations de guerre dans cette région l'hiver prochain; conformément aux instructions royales, a pris diverses mesures pour ruiner les entreprises anglaises dans le Nord; a expédié des ordres dans divers postes (Michillimakinac, Alemipigon, etc) pour "la destruction des établissements des Anglais du côté du Nord et entre autres d'un nouveau qui s'est fait à vingt lieues environ au-dessus de Michipicoton par un fuyard canadien qui y a amené 7 à 8 Anglais"; a chargé Guillet d'engager les nations du Témiscamingue d'attaquer au printemps le fort Rupert et d'autres postes du côté de la baie d'Hudson; a prévenu celui-ci qu'il enverrait un parti de Français et d'Indiens avec quelques officiers pour "tomber en même temps sur ces postes"; selon La Chauvignerie, les Iroquois promettent de rester neutres dans le conflit actuel mais ne veulent absolument pas que l'on touche à Chouaguen ou à Niagara; les Tsonnontouans descendus à Montréal ont tenu le même langage; toute attaque contre Chouaguen pousserait Anglais et Iroquois à s'en prendre à Niagara "qui forme le passage de tous" les postes français des Lacs; préfère donc pour le moment ne rien tenter contre Chouaguen et, s'il se fie aux dires des Indiens, les Anglais laisseront Niagara tranquille; compte envoyer divers partis d'Indiens et de Canadiens en Nouvelle-Angleterre l'hiver prochain; a incité les Indiens de Panaouamské et de Narantsouak à défendre les intérêts du roi et ces alliés ont fait quelques incursions aux environs de Port-Royal; a engagé les Abénaquis de Saint-François et de Bécancour de se joindre à leurs frères de l'Acadie pour faire la guerre aux Anglais; la situation précaire de la colonie avant l'arrivée des farines n'a pas permis d'expédier tous les secours demandés par Duquesnel; ce commandant, qui destinait l'Ardent et le Caribou pour le siège de Port-Royal, annonce maintenant qu'il va faire retirer Duvivier et ses troupes de cet endroit: cette conjoncture "fait différer" le secours de Canadiens qu'on projetait de lui envoyer par la Gironde; a demandé à Duquesnel de lui communiquer tous les détails sur les opérations futures (plans de conquête, arrangements pris, situation des Anglais en Acadie, etc); on lui expédiera le plus de vivres possible; on lui enverra des hommes, s'il en a absolument besoin (projet d'embarquer des matelots et des Canadiens sur la Gironde); le Canada a intérêt à garder chez lui le peu de miliciens dont il dispose: le tiers de ces gens sont sans armes (manque de fusils dans la colonie); choisira avec soin les commandants de postes et de partis et les agents qui négocieront avec les Indiens; convient que les missionnaires ont une énorme influence sur les Indiens et c'est pourquoi il leur témoigne beaucoup d'égards et de marques de confiance; n'épargnera rien pour maintenir les Indiens dans les intérêts des Français et pour en tirer tous les avantages possibles: tout porte à croire qu'ils donneront des marques de leur fidélité; vingt-cinq Loups sont venus dire qu'ils ne voulaient plus rester sous la domination anglaise et qu'ils désiraient s'établir avec leurs frères sur les terres françaises; n'a pas pris d'engagements précis avec ces Indiens; leur a permis d'aller parler à leurs frères de Saint-François et de Bécancour: l'entrevue s'est passée en présence des missionnaires et n'a donné lieu à aucun soupçon sur leurs motifs; quatre villages de Loups se sont retirés chez les Tsonnontouans: Joncaire l'informera de la conduite de ces Indiens et de celle des Iroquois.