Mémoire concernant diverses nations indiennes - Beauharnois a expliqué aux Iroquois que c'est à l'usage immodéré de l'eau-de-vie anglaise qu'ils devaient attribuer leur misère (disette de vivres); il les a priés de mettre fin aux brigandages que leurs "jeunes gens commettent pendant l'ivresse contre les Français qui passent au portage de Niagara"; on pense que ces Indiens resteront neutres en cas de conflit anglo-français; Outaouais et Sauteux de Michillimakinac, ne trouvant plus leurs terres assez fertiles, avaient pris le parti de s'établir sur une rivière éloignée; comme ce déménagement nuirait au commerce des Français et mettrait ces Indiens plus à portée des intrigues anglaises, Beauharnois les a exhortés à ne point quitter leur poste et Céloron les a déterminés "à visiter la profondeur des terres de cet endroit afin d'y former leur établissement": ces Indiens paraissent maintenant dans de meilleures dispositions; il faut éloigner les Chaouanons de l'endroit où ils habitent afin de rompre leurs liaisons avec les Anglais qui se sont introduits chez eux et parce qu'ils s'y trouvent exposés aux incursions des Têtes-Plates; les Hurons de Détroit ne semblent plus intéressés à s'installer près de Montréal: on devra leur laisser la liberté de choisir l'endroit de leur demeure; dispute survenue l'année dernière entre les Hurons de Lorette et les Iroquois du lac des Deux-Montagnes (enlèvement de colliers par le chef huron Vincent, intervention de Beauharnois qui a réglé ce différend); les Iroquois du Sault-Saint-Louis, ayant fait part de leur projet de se rendre à un conseil général tenu à Orange, Beauharnois leur a reproché non seulement "cette démarche particulière" mais aussi "les liaisons qu'ils entretiennent depuis quelques années avec les Anglais" et leurs efforts "pour engager d'autres Sauvages à en former avec eux": ses paroles "ont fait impression et ces Sauvages lui ont rapporté les branches de porcelaine qu'ils avaient reçues des Anglais"; les Sioux s'étant plaints à Marin de La Malgue des coups des Sauteux de Chagouamigon et du Sault-Sainte-Marie, Beauharnois a expliqué à un chef sauteux "qu'il avait accordé la vie aux Sioux"; il est douteux qu'on parvienne à nouer des liens solides avec ces derniers: l'un d'eux a coupé en morceaux un voyageur canadien du côté du Wisconsin; des chefs sakis et renards ont dit à Marin que certains de leurs guerriers et de leurs vieillards "étaient effrayés sur ce que des Français leur disaient que s'ils retournaient à la baie, on leur ferait un mauvais parti"; leur déclaration "pourrait bien n'être qu'un prétexte de n'y point venir"; il faut déménager ces Indiens pour "empêcher qu'ils ne forment des liaisons avec les Sioux".