"Mémoire de l'état présent du Canada" (par Ruette d'Auteuil?) - résume ce qui s'est passé depuis une trentaine d'années au sujet du commerce des fourrures et de l'eau-de-vie avec les Indiens et tient les gouverneurs et les intendants responsables du déclin de la traite dans les villes, de l'expansion de la course des bois (multiplication des congés et permissions) et des désordres commis par les Indiens et les Français; ces autorités ont accaparé la majeure partie des profits de la traite allant jusqu'à établir des postes (Michillimakinac) pour favoriser leurs intérêts; dès la première année de son règne, Vaudreuil a envoyé Vinsenne négocier avec les Indiens; puis le gouverneur et l'intendant "ne laissèrent plus faire les commerces défendus" qu'à leurs créatures; le jésuite Carheil dut abandonner sa mission pour ne plus être témoin des choses horribles qui s'y passaient; en trois ans, il serait passé pour plus de 400 000 l. de castor par le poste de Chambly; mémoire des jésuites contre le rétablissement des congés; réponse de Vaudreuil et Raudot à ce mémoire; proposition de ces derniers de faire de Michillimakinac "un entrepôt unique de tous les canots qui montent par la rivière pour porter des marchandises aux Sauvages": le commandant de ce poste sera leur créature et "règlera sa conduite selon leurs intérêts": déclaration du chef outaouais Jean Le Blanc portant à croire que Vaudreuil aurait été l'instigateur des troubles survenus à Détroit en 1706; dénonce l'autorité absolue et arbitraire des gouverneurs et intendants dans plusieurs domaines; leur commerce abusif des boissons enivrantes a rendu les Indiens insolvables les poussant à aller en traite chez les Anglais; efforts des dirigeants, depuis Beauharnois, pour monopoliser le commerce du sel (dépérissement de la pêche de la morue), du blé, des lards et d'autres denrées (hausse des prix); abus commis par Vaudreuil et par les intendants Beauharnois et Raudot dans le "maniement des finances": dépenses excessives pour le transport des effets du roi, commerce des lettres de change, multiplication de la monnaie de cartes, fonds extraordinaires obtenus en 1709 sous prétexte de fortifications et de partis de guerre, etc; ces partis ne produisent "que du pillage aux soldats et des présents au gouverneur"; ce dernier s'est attiré le mépris des Indiens par son avidité; donne quelques explications au sujet des problèmes financiers de la colonie: autrefois, le roi envoyait des fonds "en espèces sonnantes ou effets équivalents" mais, depuis quelques années, on n'envoie rien au Canada "ni en espèces, ni en effets, ni en lettres de change", on paie les dépenses en monnaie de cartes mais on ne peut plus retirer ces cartes au moyen de lettres de change sur les trésoriers puisque ces dernières ne sont plus honorées; diminution des effectifs des 28 compagnies; mauvaise conduite de Vaudreuil lors du siège de Québec par Phips; a laissé Vetch espionner en 1705; commerce de Vaudreuil avec les Anglais: envoi de la barque de Louis Prat à Boston, ses efforts pour soustraire à la justice les sieurs de Rouville qui allaient commercer à Albany, lettre de change tirée par Dudley sur Vaudreuil et trouvée sur un officier capturé par des Indiens de l'Acadie; conduite scandaleuse de Livingston dans les couvents de Québec; reproche à Vaudreuil d'avoir abandonné Québec pour aller camper à Chambly; Raudot père "n'a jamais observé ni droit civil ni droit coutumier et encore moins les ordonnances pour la régularité des procédures"; il jugeait seul "de toutes causes en première instance et même en cause d'appel exclusivement au Conseil ... ce qui a causé la multiplication et l'impunité des crimes [sacrilèges, assassinats, adultères, incestes]"; incompétence des conseillers du Conseil choisis parmi les protégés du gouverneur et de l'intendant; interventions de Vaudreuil et Raudot pour supprimer les "voeux ordinaires et perpétuels" des soeurs de la Congrégation et pour empêcher les frères Charon de porter des "habits uniformes" et de faire des voeux; vexations subies par les honnêtes gens: d'Auteuil, Charon de La Barre et Mgr de Saint-Vallier (retenu en Europe); influence de Mme de Vaudreuil sur le ministre Pontchartrain; il faudrait réduire ce dernier "à n'avoir sur ce malheureux pays ... qu'une autorité semblable à celle qu'il a " sur les provinces du royaume; recommande de révoquer Vaudreuil et de laisser le roi seul choisir son successeur.