Lettre de Jacques Raudot au ministre - "l'esprit d'affaires (et de chicane) ... augmente tous les jours"; or, "l'ignorance et le peu de règles qu'on a observées" jusqu'ici dans toutes les affaires (contrats) occasionnent bien des litiges et risquent de les multiplier à l'infini; demande une déclaration du roi qui confirme dans leurs droits de propriété ceux qui sont en possession d'une terre depuis cinq ans; demande une autre déclaration validant "tous les décrets qui sont intervenus et tous les autres actes et contrats qui ont été passés jusqu'à présent et les droits que les particuliers ont acquis les uns contre les autres excepté dans les matières odieuses (usure, fraude, etc)"; comme "on n'a pas observé beaucoup de formalité dans les concessions", les seigneurs en ont profité pour assujettir les censitaires "à des rentes et à des droits fort onéreux", pour introduire "un retrait roturier" et le "droit de four banal" et pour commettre d'autres abus; demande une déclaration du roi qui fixe "tous les droits et rentes" dans les seigneuries, qui supprime le retrait roturier, qui conserve aux seigneurs le droit de banalité à condition qu'ils fassent bâtir un moulin "dans un an", etc; d'Auteuil a empêché la publication d'un arrêt favorable aux censitaires; propose de diminuer "les degrés de juridiction" que les habitants "ont à essuyer": supprimer les juridictions royales ou prévôtés; s'est appliqué à réformer plusieurs abus et à "mettre tout le monde dans son devoir": juges, officiers de guerre, seigneurs, huissiers, entre autres; mesures prises pour corriger les "mauvais usages" suivants: défense d'assigner aucun officier sans la permission du gouverneur général ou des gouverneurs particuliers, défense d'assigner les soldats sans la permission des officiers, coutume de "recevoir les requêtes en révision d'arrêts", défense de "faire aucune poursuite contre les absents"; s'insurge contre "la liberté qu'on s'est donnée depuis trois ou quatre ans de porter au Conseil du roi toutes les affaires de ce pays"; demande une déclaration "qui ôterait les récusations pour les alliances spirituelles" au Conseil supérieur (procès Mme de La Forest-Berthelot):pour remédier aux trop fréquentes absences des conseillers, il suggère de leur "procurer des gages"; caractère indiscipliné dur et féroce des Canadiens à cause de la "folle tendresse" que les parents ont pour leurs enfants; propose d'établir "des maîtres d'école dans toutes les côtes" qui leur "apprendraient de bonne heure à être soumis"; suggère de confier la formation de ces instituteurs aux frères Charon et aux curés; suggère de donner plus d'autorité aux capitaines de milice "en les faisant sergents dans les troupes ... avec cent livres d'appointements"; on pourrait les faire nommer conjointement par le gouverneur général et l'intendant; son secrétaire d'Aigremont, homme honnête et compétent, doit travailler à Montréal et c'est Raudot fils qui remplit ses fonctions avec l'aide de La Morandière.