Mémoire de Riverin intitulé "Raisons du mauvais état des affaires de la colonie de Canada" - la Compagnie de la Colonie "n'avait pas les fonds nécessaires pour soutenir cette affaire" et a dû tout emprunter (gros intérêts); mentionne tout le castor acheté depuis 1700 (du fermier Guigues, des habitants, etc); montant des commissions, frais et intérêts de 1700 à 1704; montre qu'en raison de ses charges financières énormes et de la saturation du marché européen (bas prix du castor et mévente du gras), la compagnie est forcée de "donner à perte les castors" de ses recettes annuelles; mentionne la quantité de castor vendu en France et en Hollande de 1700 à 1704; pertes subies avec la ferme du roi: état des recettes provenant des droits d'entrée, de la traite de Tadoussac et des droits du Domaine depuis 1700, état des dépenses de 1700 à 1704 (frais de régie, marque des chapeaux, subventions, gratifications, etc), à cause de la guerre, "il ne va que peu de vaisseaux en Canada" et conséquemment les droits d'entrée rapportent peu; pertes subies avec le commerce de la baie d'Hudson: recettes et dépenses depuis 1700, reproche à la compagnie d'avoir fait des dépenses excessives pour ce commerce qui ne "rend presque que des castors gras dont la colonie est surchargée (achat d'une mauvaise barque à prix fort)", prise d'un navire par les Hollandais en 1704; pertes subies avec le commerce de Détroit: recettes et dépenses depuis 1701, charges excessives (gratifications aux pauvres familles, à Cadillac et à Tonty, etc), les peaux de cerfs, de chevreuils et autres "de semblable nature" se vendent mal, coût prohibitif du transport des marchandises; si Cadillac parvient à "se rendre maître absolu de ce poste", il sera "le maître de tout le commerce des Outaouais"; pertes subies dans l'exploitation du fort Frontenac: bas prix des peaux de cerfs, de chevreuils et d'autres animaux; les 10 000 l. payées pour ce poste "sont encore une charge" pour la colonie; situation financière actuelle de la compagnie: ses dettes, ses frais, commissions et intérêts à payer, ses pertes sur les ventes de castors, etc; elle doit "plus d'un million toutes ses ventes consommées" et paie plus de 100,000 l. d'intérêts; "les ventes annuelles se trouvent consommées tous les ans par les lettres de change annuelles de Canada, par les commissions, par les frais généraux et par les intérêts" et il ne reste rien de ces ventes pour rembourser une partie des emprunts; propose de cesser de recevoir des castors dans le bureau de Québec et de s'abstenir d'en envoyer en France pendant au moins trois ans; il faudrait abandonner pour toujours "les pernicieux commerces" de la baie d'Hudson, du Détroit et du fort Frontenac; c'est à tort qu'on dit que les Indiens porteront leurs fourrures aux Anglais et feront alliance avec eux (explications); les Français donnent un "prix plus haut" que les Anglais pour les "menues pelleteries"; on pourrait permettre aux Français d'expédier du castor chez les Anglais; reproche à la direction de la compagnie son incompétence, ses dépenses excessives pour des commerces non rentables, le trop grand nombre de commis et d'engagés, ses achats douteux (barque de Martin de Lino); dénonce ce dernier, ses intrigues pour soulever la direction contre lui, ses rapports trop optimistes qui ont eu des suites fâcheuses (grosses dépenses, procès), ses marchés (avec Gitton) dont il a tiré profit au détriment de la colonie; pourtant c'est lui, Riverin, que l'on blâme pour tout et pour rien: renvoi de Macard, diminution des appointements des employés, suppression de certains emplois, etc.