Mémoire de Denonville à Seignelay - les colonies anglaises et franç aises seront toujours "incompatibles" à cause de la religion et du commerce; les Anglais et les Hollandais ont tout fait pour chasser les missionnaires qui se trouvaient chez les nations voisines; il n'y a plus de missionnaires chez les Iroquois depuis plusieurs années; l'intérêt de l'évangile et "le bien du commerce" exigent la présence de missionnaires chez les Indiens; les Jésuites sont les plus capables de "gouverner l'esprit" de ces nations; les Abénaquis, les Hurons et les Iroquois ont le "plus de disposition au christianisme", mais les derniers penchent du côté des Anglais à cause des meilleurs marchés qui leur sont offerts; la mission de Laprairie qu'il a dû déménager à Montréal servira un jour "à la conversion générale des Iroquois": propose de l'installer entre Châteauguay et l'ancien village et de la bien fortifier; à cause de l'ivrognerie, il faut éloigner cette mission et celle des Sulpiciens des habitations françaises; progrès de la mission de Saint-François de Sales qui attire les Abénaquis du voisinage de Boston: prise de 16 forts anglais (Pemaquid) par ces Indiens qui sont fort attachés aux pères Bigot; ravages causés par l'eau-de-vie chez les Indiens et les Français; sainteté et pauvreté du clergé: il a grandement besoin des libéralités du roi tout comme les deux hôpitaux de Québec et de Montréal; nécessité de "resserrer la colonie... formant de bons villages" pour la protéger efficacement contre les ennemis et pour réduire l'esprit d'indépendance du peuple qui n'est pas facile à gouverner; les postes éloignés comme celui de Cataracoui affaiblissent le pays, augmentent la dépense et sont en général beaucoup plus nuisibles qu'utiles (discrédit des Français chez les Indiens); désordres causés par la course des bois: corruption des moeurs, fainé antise, abandon des terres, débauches avec les Indiennes, esprit d'indépendance, etc; remèdes envisagés pour corriger cette situation: exiger des voyageurs des certificats de bonnes moeurs, ne laisser monter aucun libertin dans les bois, occuper la jeunesse à la pêche "de morues et de baleines", etc; Champigny a promis de rembourser sur les premiers congés les marchands qui ont contribué à l'entretien des forts éloignés; se méfier des propositions des coureurs de bois pour de nouvelles découvertes; difficulté de trouver des gens pour aller chercher ceux que La Salle a laissés au Mexique; les missionnaires des Outaouais "sont fort traversés par les libertins et débauchés"; ceux qui oeuvrent du côté de Tadoussac sont fort en repos "par le bon ordre qu'y apporte le sieur de Granville"; aide sollicitée pour l'entreprise de d'Iberville contre le "poste du port de Nelson": accorder à celui-ci un brevet de lieutenant de vaisseau; ordonner à Champigny d'assister quelquefois aux assemblées de la Compagnie du Nord pour éviter les chicanes ruineuses; dessein des Anglais de détruire la colonie française (leurs intrigues auprès des Iroquois); impossibilité d'entreprendre quelque chose de considérable contre ces derniers; propose plutôt d'expédier six frégates pour s'emparer de Manate et Boston pendant que les troupes et les miliciens du Canada, sous le commandement de Callière, iraient détruire Orange; Perrot, Villebon, La Motte et Peré connaissent bien ces colonies anglaises; l'Acadie est "fort en danger vu qu'il n'y a aucun fort raisonnable": suggère d'en construire un à La Hève qui serait un poste plus avantageux que Port-Royal; souhaite qu'on ôte aux étrangers la pêche du Grand Banc et "des côtes du roi" et que les Acadiens et les Canadiens délaissent quelque peu la traite des pelleteries pour s'adonner à la pêche (baleine, etc); l'absence de capitaux rend de telles entreprises hazardeuses; doute que Riverin soit en état de payer la dépense pour les harponneurs venus de France; les alliés sont heureux de voir les Français en guerre contre les Iroquois parce que ça leur assure une certaine tranquillité; propose d'envoyer détruire le fort Frontenac qui n'a subi que peu de dommages (opposition de Frontenac); suggère de diminuer le nombre de coureurs de bois, de donner de l'emploi à un grand nombre de jeunes nobles de la colonie et de confier plusieurs postes d'officiers à des Canadiens; confier l'école d'hydrographie aux Jésuites plutôt qu'à Franquelin; fait l'éloge de Champigny, Callière, Vaudreuil, Gaillard (demande son rappel) Provost et des sieurs Crisafy; il y a plusieurs bons officiers dans les troupes; donner ordre de ré voquer les concessions non mises en valeur; mesures envisagées pour faire des villages; conserver le fort Chambly et y établir un village; tâcher de construire des forts par toute la colonie et de fortifier Québec; recommande Ramezay comme gouverneur de Trois-Rivières; octroyer une pension à la famille de Varennes qui est réduite à la mendicité; ne plus laisser marier facilement les officiers à des filles d'habitants car cela "met un air de vanité et de fainéantise dans les familles"; succès des scieries du séminaire de Québec et de François Hazeur; ordonner qu'on envoie de meilleurs fusils et que "les navires de Canada ne reviennent plus si tard".