Lettre de Frontenac au ministre Seignelay - est heureux de voir les affaires du Canada confiées à Seignelay; est malheureux de ce que le roi, influencé par les calomnies de ses ennemis, ne soit pas satisfait de sa conduite; proteste de son désintéressement; s'est abstenu l'année dernière de porter plainte contre Duchesneau, même après avoir essuyé toutes sortes d'outrages; envoie des preuves convaincantes pour justifier sa conduite et confondre ses calomniateurs; lui adresse "les preuves des barricades qu'a faites M. Duchesneau dans sa maison avec le soulèvement en armes de tous ses domestiques" et de l'outrage qu'il vint lui faire dans son cabinet: réclame la punition d'actions aussi pernicieuses; demande justice à propos de ce que le Conseil a fait contre lui en ordonnant d'envoyer au roi de faux procès-verbaux calomniateurs; ne peut accepter que La Martinière et d'Auteuil se soient servis de la voie juridique pour communiquer à la cour leurs plaintes contre lui: c'est vouloir soumettre le gouverneur à leur juridiction; lui donner raison contre eux et contre Villeray qui a été considéré par ses prédécesseurs comme "le principal instrument de toutes les divisions"; croit que le roi et Colbert ont été trompés sur l'âge de d'Auteuil qui n'avait que 22 ans et demi lors de sa nomination; incompétence de d'Auteuil qui est le jouet des ennemis de Frontenac; nécessité d'avoir un procureur général habile et prudent capable d'empêcher les cabales de Duchesneau au Conseil; désordres survenus au Conseil souverain depuis que Duchesneau s'est rendu maître des suffrages: peu d'ordre dans les registres, changements dans les arrêts, cas du jugement rendu contre Faure et David qui sont allés à la Nouvelle-Hollande, délai apporté à se prononcer contre le commerce avec les colonies étrangères; les ordres seront ponctuellement exécutés à l'égard des coureurs de bois: verra à ce que le libertinage soit réprimé; expliquera pourquoi il a remis au printemps prochain la distribution des 20 congés: le succès de ces permissions prouvera "combien les avis qu'on avait donnés étaient nuisibles à l'augmentation de ce pays"; n'a jamais distribué plus de 15 ou 16 congés; envoie Dulhut en France pour réfuter les calomnies de Duchesneau qui l'accuse d'avoir eu commerce avec les coureurs de bois; les nations iroquoises s'éloignent des Français par les intrigues visant à les porter à quelque rupture: incident survenu à Michillimakinac, ne peut suivre le conseil de l'ex-supérieur de cette mission de commencer la guerre contre les Tsonnontouans; mauvais état de "l'enceinte des murailles du château de Québec": demande quelques petits fonds annuels pour la rétablir; depuis le retranchement du fonds pour les dépenses inopinées, on est dans l'impuissance de prévenir ou de remédier à aucun accident: rétablir ce fonds; transmission d'un mémoire touchant les choses les plus nécessaires pour l'artillerie (manque de poudre, gages non payés); projet de Radisson "d'aller sur un bâtiment du sr. de La Chesnaye faire des établissements le long de nos côtes, en tirant vers la baie d'Hudson": n'a pu le permettre sans avoir reçu les ordres du ministre, ça pourrait nuire à la traite de Tadoussac ou provoquer des démêlés avec les Anglais de la baie d'Hudson; Radisson a demandé permission de repasser en Angleterre pour aller voir sa femme puis d'aller ensuite en France proposer son projet au ministre; envoie un placet des officiers subalternes établis au pays qui demandent des gratifications: seuls Dupuis et Granville en ont obtenus; recommande particulièrement Lavaltrie; accorder à Saint-Ours le gouvernement de Chambly ou la charge de prévôt de la maréchaussée; un gouverneur pourrait être utile en Acadie et empêcher cette colonie de se détruire tout à fait: recommande La Vallière (services rendus par son père La Poterie); les Anglais viennent pêcher et traiter le long des côtes de l'Acadie; ceux de Boston et de Terre-Neuve ont même enlevé les marchandises du Saint-Joseph, qui a fait naufrage au Cap-Breton: a envoyé La Vallière à Boston pour demander raison de ces pillages; recommande les familles Denys de La Ronde, Repentigny et d'Ailleboust: demande la charge de maître des eaux et forêts pour le fils de Denys; besoin de deux interprètes, l'un pour la langue huronne et l'autre pour l'algonquine: leur octroyer une pension de cent écus; le ministre le trouvera trop hardi de proposer tant de sujets de dépenses, mais les besoins du pays l'obligent à paraître imprudent; difficultés suscitées par l'évêque pour l'établissement des cures fixes; critique le règlement fait par l'évêque et Duchesneau pour les districts de paroisses: trop grandes étendues de territoires confiées à certains prêtres, beaucoup d'habitants seront ainsi privés de secours spirituels, commentaires sur les dîmes.