Lettre du ministre Colbert à l'intendant Duchesneau - le style de ses lettres fait clairement connaître le peu de disposition qu'il a à traiter Frontenac avec déférence: il y a plus à redire dans sa conduite que dans celle du gouverneur; désapprouve son ordonnance contre les charivaris; lui reproche d'être trop enclin à suivre les sentiments de l'évêque sur la question des boissons enivrantes; ne peut ajouter foi à ce qu'il dit au sujet du commerce fait par Frontenac: veut des preuves plus convaincantes; ne peut blâmer Frontenac d'avoir donné une permission pour aller à la chasse vers la baie d'Hudson: la fréquentation de cette baie est avantageuse au roi qui en conteste la propriété aux Anglais; transmission de deux ordonnances: le prévôt devra être "continuellement à cheval" pour arrêter les contrevenants; son ordonnance sur les dîmes était du ressort du Conseil souverain; les cures amovibles sont contraires aux canons des conciles et aux lois et coutumes du royaume; demander à l'évêque d'établir des cures fixes partout où c'est faisable: s'il refuse, en avertir le ministre, dans un tel cas, les habitants ne peuvent pas être contraints à payer la dîme; l'évêque exagère quand il dit qu'un prêtre ne peut pas subsister à moins de 600 l. au Canada, alors qu'il y a plus de 4,000 curés en France qui ne jouissent pas de 200 l. de revenu; le roi ne pourra le maintenir dans cet emploi s'il ne change pas de conduite; les provisions qu'il a données pour l'établissement d'un juge et procureur du roi en Acadie sont nulles: s'étonne qu'il entreprenne tant de choses sans aucun pouvoir du roi; plusieurs de ses allégations contre Frontenac ne sont point fondées: a peine à croire qu'il agit sans passion et sans intérêt; voir à ce "que la justice s'administre bien et promptement" dans toutes les juridictions et porter les habitants à "terminer leurs procès par accommodement et par voies d'arbitres", afin qu'ils puissent employer tout leur temps à la culture de la terre et au commerce; les porter au mariage pour augmenter la colonie; travailler à rendre le recensement annuel aussi exact que possible; indiquer le nombre annuel de baptêmes et de mariages; défendre les droits des fermiers; son ordonnance sur le défrichement des terres n'est pas conforme aux arrêts du Conseil d'État donnés sur le même sujet; son pouvoir ne s'étend qu'à faire exécuter les arrêts du Conseil et non à rendre des ordonnances de son propre chef; la distribution des munitions appartient à Frontenac seul; croit que les marchés publics et foires "ont peine à s'établir", à cause du "peu d'application qu'on y a donné jusqu'ici"; continuer la fabrication de la potasse et du goudron; donner beaucoup de soins à l'établissement de la pêche et du commerce; désapprouve son projet d'établir une compagnie pour acheter tout le poisson qui sera pêché: les denrées ne demeureraient point dans la colonie, si le commerce avec les Antilles était bien établi; favoriser principalement la recherche et la découverte des mines; approuve son ordonnance pour défendre la chasse dans l'étendue de la traite de Tadoussac; refus de Juchereau de La Ferté d'accepter la charge de conseiller au Conseil souverain: renvoyer ses provisions.
![[Lettre du ministre Colbert à l'intendant Duchesneau - le style ...]](/images/folder-80.png){kind=small}