Vaudreuil à de Léry. L.S. "J'ai reçu, Monsieur, les deux lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire le 22 de ce mois. Je viens d'apprendre par M. de Repentigny que ses decouvreurs ont vu le fleuve couvert de voiles depuis l'isle aux Coudres et qu'il pense que des le soir du 23 il y en aura beaucoup qui auront gagnés le pied de la traverse, que sur les quatre heures apres midy il y a un vaisseau de ligne qui la faite et qui est mouillé jusqu'à la tête de la premiere division. Vous voyés par la Monsieur qu'il n'y a pas un instant à perdre pour faire lévacuation des habitans avec leurs armes et bagages. Peronne ne doit être exempt de se joindre à l'armée. M. Vincelotte, les autres seigneurs, gentilshommes et notaires doivent marcher aussy et il est de leur honneur de donner l'exemple aux habitans si vous aviez certitude parfaite que le Sr. Vincelotte ou autres personnes eussent détourné les habitans de se conformer à mes ordres, vous leur écrirés ou leurs parlerés pour leur réitérer mes intentions ou leur en faire sentir toute la conséquence si apres cela vous juger qu'il soit necessaire de les faire arrêter pour couper racine aux propos qu'ils peuvent avoir tenus aux habitans, vous n'hésiterés pas, mais vous ne devez en venir a cette extrémité que pour le bien de la chose même. Vous etes sur les lieux et en état de juger du bon ou mauvais effet que cela peut produire. J'écris à Mrs. les Curés et aux capitaines des milices des postes du sud une lettre circulaire relativement aux ordres que je vous ay donné... Je vous prie d'appuyer ces lettres des representations les plus touchantes... Je ne limitte point les habitans à fournir exactement des boeufs ils fourniront des vaches, des torreaux, des moutons, suivant que leur situation leur permettra, mais il faut qu'ils conduisent ces animaux le plus promtement qu'il sera possible à la pointe de Levy... J'ai mis tout en oeuvre pour sauver la colonie. J'attends incesament un tres grand nombre des sauvages des pays d'en haut, mais il faut indispensablement que j'aye toutes les milices du Sud, Je ne veux pas laisser un seul homme de l'arrière, il faut nécessairement que la bataille que je livreray aux Anglais soit décisive et les mettre hors d'etat de reiterer leur tentatives cette campagne. Vous pourez cependant laisser dans certaines paroisses suivant que vous le jugerés necessaire deux ou trois habitans pour faire des decouvertes, mais il faut que vous ne prenier que parmy ceux qui sont le moins en état de servir. Je ne manque pas d'écrire aux curés et aux capitaines d'engager les miliciens à se fournir des vivres jusqu'à quebec... à l'égard des cochons vous prendrez le party que vous jugerés le plus convenable... Quant aux famille de Kamoraska et de Rre. Ouel, vous ferés ce que vous pourez pour leur faire entendre raison du reste tempis pour elle si elles s'exposent à eprouver tout le mauvais traitement que l'ennemi leur prépare."