Vaudreuil à de Léry. L.S. "Je vois avec peine, Monsieur, la lenteur des miliciens de votre compagnie à exécuter mes ordres, vous devés cependant vous appercevoir comme eux-mêmes qu'il n'y a plus a hésiter... le premier vent nord est peut conduire la flote qui est entierement reunie à portée de faire son débarquement ainsi vous ne sauriés avec vôtre compagnie assés vous hâter pour vous joindre à l'armée que j'ai rassemblée de la conservation de quebec depend exactement le salut de la colonie et particulièrement des habitans du bas du fleuve. Je m'attens que sitôt ma lettre reçue vous ferés marcher tous les hommes de votre compagnie en état de servir avec armes et bagages vous vous mettrés à leur tête avec tous vos officiers il faudra que ces habitans conduisent en même tems leurs boeufs à la pointe de levis conformement à l'ordonnance que j'ai rendue conjointement avec M. l'intendant, il suffira qu'ils laissent à leurs familles qui sont réfugiées dans les profondeurs les vaches et les veaux. Je prévois par cet arrangement à assurer cette ressource aux habitans, les mêmes boeufs leur seront rendus ou remplacés par d'autres que je ferai acheter dans le gouvernement de Montreal, s'ils restoient sur leurs terres ils seroient entierement perdus pour eux. Les anglais s'en empareroient et ces animaux les induiroient à chercher les familles ce qui les mettroient dans le cas de subir le plus triste sort. il n'y a pas en effet à se méprendre, l'ennemi m'edite la perte totale de tout ce qui s'appelle Canadien. Il faudra aussi que vos miliciens se fournissent de vivres pour se rendre à Québec et que ceux qui en ont le plus en fournissent à ceux qui n'en ont point les vivres leur seront payés par le Roi sur votre certificat. comme nous n'avons pas un instant à perdre je compte que 24 heures après la reception de ma lettre tous vos habitans seront en mouvement avec leurs boeufs pour suivre mes intentions. Je vous ordonne de faire arreter sur le champ ceux qui hésiteront de s'y conformer quelqu'amour que j'aye pour les canadiens les circonstances critiques où nous sommes me mettront dans l'absolue nécessité d'en faire une exemple de severité. Je vous préviens que je ne pourrai me dispenser d'en user de même à votre égard si vous et vos officiers ne me donnés dans une occasion aussi important des preuves de vôtre zele et de vôtre activité. les seigneurs, les gentil-hommes et les notaires qui sont dans votre paroisse ne doivent pas être plus exempts, je m'attends au contraire qu'ils donneront l'exemple aux habitans. Sitôt que l'affaire sera décidée à Quebec je renverrai tous les habitants chez eux ils ne seront certainement pas longtemps absens tous dépend du gain de la premiere bataille que je livrerai à l'ennemi mais il faut pour cet effet que toutes mes forces soient rassemblées.
"Mr. de Léry, Montesson, Le Borgne et Chev. de Celoron sont chargés de mes ordres conformement à ce que je vous marque. je vous recommande d'exécuter à la lettre tout ce qu'ils vous prescriront sous peine de désobéissance. Je vous prie de ne pas me mettre dans la nécessité de vous écrire une nouvelle lettre, il est surprenant que je sois obligé de vous réiterer mes intentions après vous avoir donné mes ordres et vous les avoir fait expliquer par les officiers qui en étoient chargés... Les habitants fourniront bien les toureaux, vaches et moutons suivant que leur situation le permetera."