Le président du conseil de marine à M. de Beauharnois. La plainte qu'il fait contre M. Dupuy, pour avoir placé le nom de l'évêque le premier dans le règlement au sujet de l'hôpital de Montréal, n'a pas de fondement. M. Dupuy n'a pu avoir en vue de lui susciter une affaire avec l'évêque, car ce qu'il a fait est conforme à la pratique en France. La demande des enfants de M. de Sabrevois, pour que la croix de St Louis accordée à leur père et retirée à sa mort par le baron de Longueuil leur soit remise, ne peut leur être accordée. Cette croix doit être rendue au roi, les provisions justifiant que cette marque d'honneur a été accordée à leur père doit leur suffire. Le nommé Carle, Italien, ne peut revenir en France, sans un ordre du roi. Puisque les provisions de gouverneur de Montréal en faveur de M. de Ramezay sont en tout semblables à celle données à M. de baron de Longueuil, il n'y a rien à changer. Approuve qu'il ait renouvelé l'ordre aux capitaines de vaisseaux de n'embarquer qui que ce soit sans sa permission écrite, cela est nécessaire pour prévenir la désertion des soldats. Le mémoire du Père Lafiteau sur les dissensions avec les Anglais est bien fait, mais il ne contient rien de nouveau. Ne voit aucune nécessité d'envoyer 1,500 hommes de vieilles troupes, les deux pays étant en paix et cette paix devant être incessamment cimentée de nouveau par le traité qui sera fait au congrès de Soissons. Il ne convient pas de rien règler avec les Anglais de la Nouvelle-Angleterre au sujet des limites, ni leur donner lieu de penser que le roi doute de sont droit sur le Canada. Il ne faut pas non plus leur donner lieu de croire que les Français veuillent faire de nouveaux établissements. Le meilleur parti est de se tenir en repos et de s'en tenir à déjouer les vues des Anglais sur le commerce de l'Ouest. Le génie des peuples de la Nouvelle-Angleterre est de travailler à bien cultiver la terrre et de pousser les établissements de proche en proche. S'ils les portaient plus loin ils auraient à en faire eux-mêmes la dépense. Les habitants de la Nouvelle-France pensent différemment: ils voudraient aller toujours en avant sans s'embarasser des établissements de l'intérieur, parcequ'ils gagnent plus et sont plus indépendants lorsqu'ils sont éloignées. Ces différentes façons de penser font que les colonies anglaises sont plus peuplées et mieux établies que les nôtres. Le meilleur parti est de bien établir le dedans de la colonie. A l'égard de l'Ile Royale il ne pense pas comme lui. Il regarde son établissement comme le moyen le plus solide pour augmenter la navigation. Il le regarde aussi comme le rempart du Canada, qui tomberait bientôt, aussi bien que les pêches, si les Anglais étaient possesseurs de Louisbourg. Espère qu'ils n'y parviendront jamais par l'attention qu'il donne de faire fortifier cette place de manière qu'on puisse l'attaquer impunément.