Nous présentons ici un historique sommaire de la conservation des documents originaux de France concernant le ministère de la Marine. Le Dépôt des archives de la Marine fut établi en 1699 dans un pavillon situé au fond du jardin des Petits-Pères, place des Victoires à Paris. En 1720, on inaugurait au même endroit un Dépôt des cartes et plans destiné à réunir toutes les cartes marines, tous les plans, journaux de navigation et mémoires nautiques qui, jusqu'alors, étaient incorporés aux autres séries. Les deux dépôts furent transférés à Versailles en 1763 dans le nouvel immeuble des départements de la Marine et des Affaires étrangères, rue de la Surintendance. Cependant, dès 1775, le Dépôt des cartes et plans retournait à Paris. Le Dépôt des archives demeura à Versailles jusqu'en 1837, avant de rejoindre à Paris le département de la Marine qui, depuis 1789, occupait un immeuble de la rue Royale.
Parmi les efforts remarquables accomplis au XVIIIe siècle dans l'administration des Archives, il convient de signaler les suivants. Tout d'abord celui qui organisa ce service et qui le dirigea de 1699 à 1740, Pierre Clairambault, se préoccupa du classement des pièces et de la confection d'instruments de recherche; il chercha aussi à exercer un contrôle sur les archives en formation. Le successeur de Clairambault, François-Maurice Lafillard (1740-1754), écrivit un grand nombre de mémoires sur l'origine des institutions maritimes, sur la biographie des officiers, et dressa des listes et des états de toutes sortes. Laurent Truguet, qui fut chef du Dépôt de 1754 à 1761, adopta un cadre de classement en dix séries dont quelques-unes subsistent encore aujourd'hui.
De la Révolution jusqu'au milieu du XIXe siècle, la situation des Archives se détériora. L'insuffisance de locaux convenables et de personnel qualifié entraînèrent des destructions massives et des vols considérables de documents, des démembrements de fonds et des classements aberrants, des versements irréguliers, bref une véritable désorganisation du service. Sous le Second Empire (1852-1870), les autorités supérieures manifestèrent beaucoup plus d'intérêt envers les Archives. En effet, un arrêté du 12 août 1861 les constitua en un service spécial rattaché au Cabinet du ministre et comprenant deux sections: les archives historiques antérieures à 1789 et les archives administratives. La même année, un règlement ministériel édictait des mesures pour le classement et la conservation des pièces, la confection d'inventaires et le mécanisme des versements. Une masse énorme de documents fut classée, reliée et constituée en séries, les locaux furent agrandis et l'on s'efforça de récupérer les documents volés qui passaient dans les ventes publiques.
Les réformes entreprises au cours de la décennie 1860-1870 se poursuivirent sous la Troisième République. La Commission supérieure des Archives de la Marine, instituée en 1883, fit adopter un cadre de classement convenant à la fois aux fonds anciens et modernes. Elle patronna la publication d'un Inventaire de la série B et d'un État sommaire des Archives antérieures à la Révolution. En 1899, le manque de place nécessita le transfert aux Archives nationales des séries anciennes du Fonds de la Maritine, antérieurs à 1789.