Nous présentons ici un historique sommaire de la conservation des documents originaux de France concernant les colonies. C'est Colbert qui créa en 1680 le Dépôt des Archives de la Marine et des Colonies. Le Dépôt a été installé en 1699 dans un pavillon situé au fond du jardin des Augustins déchaussés, place des Victoires, à Paris. Dirigé successivement par Pierre Clairambault (1699-1740), François-Maurice Laffilard (1740-1754) et Laurent Truguet (1754-1761), il fut transféré en 1763 rue de la Surintendance à Versailles, dans un hôtel spécialement construit pour les ministères de la Marine et des Affaires étrangères., Après la Conquête du Canada, les administrateurs coloniaux remportèrent en France une partie importante des papiers du Canada, de l'Ile Royale et de la Louisiane, qu'on déposa d'abord à La Rochelle, puis à Rochefort en 1765, sous la garde du sieur Haran. Onze ans plus tard, on inaugurait à Versailles un Dépôt des papiers publics des Colonies afin d'y conserver un double de tous les papiers publics établis dans les colonies et d'y verser tous ceux que la France avait alors recueillis: registres paroissiaux, minutes notariales, archives judiciaires et recensements. Ce dépôt, rattaché à celui des Archives en 1781, reçut en 1789 les papiers publics du Canada, de l'Ile Royale et de la Louisiane conservés à Rochefort depuis 1765. En 1776 fut aussi créé le Dépôt des fortifications des colonies. Ces deux dépôts devaient permettre de répondre aux requêtes de documents émanant de l'administration centrale., A la fin de 1789, le département de la Marine s'établit à Paris, sur la rue Royale, mais le Dépôt des archives demeura à Versailles jusqu'en 1837 avant de l'y rejoindre. De la Révolution jusqu'au milieu du XIXe siècle, les archives subirent maints dommages. En effet, l'insuffisance de locaux convenables et de personnel qualifié entraîna des destructions massives et des vols considérables de documents, des classements aberrants, des versements irréguliers, bref une véritable désorganisation du service., Malgré le désordre qui caractérise l'histoire de ces Archives, le fonds des Colonies garda sa personnalité propre au sein de la Marine. Les ministres et les premiers commis avaient généralement tenu à distinguer les dossiers coloniaux de ceux de la Marine. Cette distinction des fonds fut d'ailleurs reconnue en 1791, lorsqu'on forma deux divisions, la première appelée "Dépôt de la Marine à Versailles" et la seconde "Dépôt des Colonies et Chartes à Versailles", l'une et l'autre avec un chef et quelques employés. Cependant, dès 1796, les archives maritimes et coloniales étaient de nouveau réunies sous une seule autorité. En 1858, la création du Ministère de l'Algérie et des Colonies provoqua le transfert au Louvre des fonds coloniaux qui furent confiés à la garde de Pierre Magry. Mais la vie de cette nouvelle administration devait être brève et, dès novembre 1861, tout était réintégré dans les locaux de la rue Royale., L'autonomie des Archives des Colonies se confirme définitivement par leur transfert au Louvre dans le Pavillon de Flore, en 1893, et par la création du ministère des Colonies, l'année suivante. Ce dernier déménage, en 1910, avec toutes ses archives, rue Oudinot à Paris. Cependant, le manque de place nécessitera par la suite le versement aux Archives nationales de la majeure partie des fonds coloniaux anciens. La suppression, en 1958, du ministère de la France d'Outre-Mer (anciennement ministère des Colonies) et le rattachement de son service d'archives aux Archives nationales en 1961, n'ont pas entraîné le transfert de documents. En 1987, dans un esprit de regroupement fonctionnel, toutes les archives originales des colonies furent transférées au Centre des archives d'outre-mer à Aix-en-Provence.