Pearson, Lester B., 1897-1972 : Premier ministre du Canada (1963-1968)
Lester Bowles Pearson est né à Newtonbrook (Toronto) le 23 avril 1897. Il étudie l'histoire à l'Université de Toronto avant de s'engager dans le Service de santé de l'Armée canadienne en 1915. Il est transféré au Royal Flying Corps en 1917. Ses camarades pilotes l'appellent « Mike », un surnom qu'il gardera jusqu'à la fin de sa vie.
Pearson se blesse dans un accident de la route à Londres, en 1918. Il est en convalescence chez lui lorsque la guerre prend fin. Il poursuit ses études à l'Université de Toronto et passe ensuite deux ans à Oxford, où il fait partie de l'équipe de hockey universitaire qui remporte la première Coupe Spengler, en 1923.
Pearson enseigne l'histoire à l'Université de Toronto avant de se joindre au service extérieur du Canada en 1927. À Ottawa, il participe à la Commission royale chargée d'étudier le mécanisme de l'achat et de la vente à terme du grain (1931) et à la Commission royale d'enquête sur les écarts des prix (1934). Il gravit ensuite les échelons à Londres (1935-1941) et à Washington (1942-1946), où il est ambassadeur de 1945 à 1946. Il représente le Canada aux conférences qui mènent à la création des Nations Unies (1945) et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (1949).
En 1948, Pearson est nommé secrétaire d'État aux affaires internationales par le premier ministre Mackenzie King. Il est ensuite élu dans la circonscription d'Algoma-Est. Il reste secrétaire d'État pendant le mandat de Louis Saint-Laurent et reçoit le prix Nobel de la paix en 1957 pour le rôle qu'il a joué dans la résolution de la crise de Suez.
Pearson succède à Saint-Laurent comme chef libéral en 1958, puis il est élu premier ministre en 1962 et réélu en 1965. Bien qu'il ne dirige jamais un gouvernement majoritaire, Pearson prend de nombreuses mesures qui façonnent le Canada contemporain, dont l'adoption du nouveau drapeau national (1965); des commissions royales d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1963) et sur la situation de la femme (1967); et les célébrations du centenaire du Canada (1967). Voulant moderniser la protection sociale, il crée le Programme canadien de prêts aux étudiants (1964) et le Régime de pensions du Canada (1965), en plus d'adopter la Loi sur les soins médicaux (1966). Il supervise la signature du premier Accord entre le Gouvernement du Canada et le Gouvernement des États-Unis d'Amérique concernant les produits de l'industrie automobile (1965), la mise en place d'un système de points en matière d'immigration (1967), et l'unification de la marine, de l'armée de terre et de l'armée de l'air au sein des Forces armées canadiennes (1968).
Après sa retraite en 1968, Pearson préside la Commission d'étude du développement international et le Centre de recherches pour le développement international. Il occupe aussi le poste de chancelier de l'Université Carleton (1969-1972), où il donne également des cours.
Pearson devient Compagnon de l'Ordre du Canada en 1968 et il est nommé à l'Ordre du Mérite en 1971. Il a épousé Maryon Moodie en 1925. Il est décédé à Ottawa le 27 décembre 1972 et est enterré au cimetière MacLaren, à Wakefield (Québec).
Pearson tente de modifier le racisme systémique des pratiques du gouvernement fédéral qui provoque des traumatismes persistants chez les peuples autochtones, ceux-ci étant arrachés à leurs terres, privés de leurs droits et victimes d'exclusion. Il présente un projet de loi au Parlement sur les revendications territoriales indiennes, fait du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien un organisme autonome (1966) et commande l'étude Hawthorn-Tremblay (1966) sur les besoins d'ordre économique, éducatif et politique des Autochtones. Pendant cette période, cependant, des enfants autochtones sont retirés de leurs foyers et adoptés par des familles de colons au Canada et à l'étranger, dans le cadre de la « rafle des années 1960 ». De plus, les pensionnats et les externats autochtones poursuivent leurs activités.
Pearson adopte les opinions racistes et homophobes courantes à son époque. En tant que secrétaire d'État aux Affaires extérieures, il s'oppose à l'accueil de troupes noires américaines sur le sol canadien. À la fin des années 1950 et au début des années 1960, les membres de la communauté 2SLGBTQI font l'objet d'une purge au sein de la fonction publique fédérale et de l'armée canadienne.
Les dommages causés par les politiques et les mesures en place pendant le mandat de Pearson ont été reconnus ces dernières années. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada conclut que le système des pensionnats autochtones correspondait à un génocide culturel. Le premier ministre en fonction présente des excuses pour les pensionnats autochtones en 2008 et en 2017. En 2017, la Cour supérieure de l'Ontario juge que le Canada a manqué à son devoir de diligence envers les enfants adoptés dans le cadre de la rafle des années 1960. Le gouvernement fédéral conclut ensuite un accord de 800 millions de dollars pour indemniser les enfants inuit et ceux des Premières Nations qui ont été adoptés. En 2017, le premier ministre présente ses excuses aux Canadiens de la communauté 2SLGBTQI pour les mauvais traitements subis, et il crée un fonds d'indemnisation de 100 millions de dollars.