Confédération des syndicats canadiens : Le Conseil des syndicats canadiens est mis sur pied en 1969 en tant que centrale syndicale canadienne indépendante. Il prend le nom de Confédération des syndicats canadiens (CSC) en 1973.
La création d'une centrale syndicale canadienne indépendante est l'un des sujets abordés lors d'une conférence sur le travail tenue en 1953 à Hamilton (Ontario). Parmi les délégués à cette conférence se trouvent des représentants de syndicats de gauche qui avaient été expulsés des principales centrales syndicales canadiennes à la fin des années 1940, notamment le Syndicat des travailleurs unis de l'électricité, de la radio et des machines d'Amérique (UE), l'Union internationale des travailleurs des mines, bocards et fonderies (Mine-Mill) et le Syndicat des travailleurs de la fourrure et du cuir. Madeleine Parent et R. Kent Rowley (deux organisateurs syndicaux du Québec récemment expulsés des Ouvriers unis des textiles d'Amérique) assistent aussi à la conférence à titre de représentants du Conseil canadien du textile (CCT) fondé depuis peu. Bien que la création d'une nouvelle centrale syndicale fasse partie des options discutées, la conférence de Hamilton conclut que l'unité des travailleurs doit prévaloir; les syndicats expulsés devraient chercher à s'affilier de nouveau avec des centrales existantes au lieu de créer une centrale concurrente.
Les syndicats qui participent à la conférence de Hamilton poursuivent leurs activités sans affiliation à une centrale syndicale jusque dans les années 1960. En 1967, le CCT invite des délégués de Mine-Mill à son congrès à titre d'observateurs. Des réunions plus formelles sont organisées en 1968 par R. Kent Rowley du CCT dans le but de fonder une nouvelle centrale syndicale à l'échelle nationale. Lors d'une conférence tenue en juillet 1968 à Sudbury (Ontario), un directeur provisoire est nommé à la tête du nouveau Conseil des syndicats canadiens; ce directeur est chargé de rédiger un projet de constitution pour la nouvelle centrale syndicale. Le congrès de fondation, organisé par le syndicat Mine-Mill, va se tenir à Sudbury en juillet 1969. Outre Mine-Mill et le Syndicat canadien des travailleurs du textile et de la chimie (CTCU), appelé auparavant le Conseil canadien du textile, les autres affiliés de la première heure sont des syndicats qui ont rompu avec les centrales internationales américaines dans les années 1960, notamment la Pulp and Paper Workers of Canada (PPWC), l'Association canadienne des travailleurs industriels, mécaniques et assimilés (CAIMAW), la Bricklayers, Masons Independent Union of Canada, la Canadian Union of Operating Engineers et la Canadian Electrical Workers Union. Deux autres syndicats expulsés de grandes centrales, l'UE et le Syndicat des pêcheurs et travailleurs assimilés, sont invités aux réunions préparatoires, mais ils déclinent l'invitation.
Mise sur pied comme solution de rechange au Congrès du travail du Canada, dominé à l'époque par des syndicats internationaux basés aux États-Unis, la CSC fournit à ses affiliés un mode d'action concertée et de soutien mutuel face à des enjeux organisationnels, pédagogiques, législatifs, de négociation et autres. La CSC met de l'avant des procédures et un contrôle de la base par voie démocratique (incluant, pour un certain temps, des votes par référendum pour l'exécutif), et rejette les valeurs et les méthodes du syndicalisme d'affaires américain. Rassemblant au départ quelque 20 000 membres, la CSC va compter jusqu'à environ 40 000 membres dans les années 1980, grâce à de nouvelles affiliations et une nouvelle organisation. La centrale connaît une expansion majeure en 1972-1973 lorsque les travailleurs de l'aluminerie de la société ALCAN de Kitimat (Colombie-Britannique) quittent la United Steelworkers of America pour former un nouveau syndicat qui s'affilie à la CSC, la Canadian Association of Smelter and Allied Workers (CASAW). Les syndicats affiliés à la CSC participent à plusieurs conflits de travail qui attirent grandement l'attention et le soutien du public. Une grève est menée en 1971 chez Texpack à Brandford (Ontario), pour protester contre la perte d'emplois au Canada et la détérioration des conditions de travail après l'acquisition de l'entreprise par une multinationale américaine. La grève de 1973 chez Artistic Woodwork à Toronto (Ontario) porte sur le droit des travailleurs immigrants de se syndiquer. En 1976, les membres de la CASAW de Kitimat déclenchent une grève illégale en raison de l'imposition d'un contrôle des salaires par le fédéral. La grève chez Puretex à Toronto, en 1978-1979, est entreprise pour protester contre la vidéosurveillance des ouvriers sur les lieux de travail. Des membres de la CASAW de Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) participent à l'une des grèves les plus longues et les plus controversées des années 1990, le lockout des travailleurs de la mine Giant, exploitée par la Royal Oak Mines. En plus de réclamer l'indépendance canadienne et d'affirmer la nécessité d'un syndicalisme social (et non d'affaires), la CSC fait valoir que les membres canadiens des syndicats internationaux ont versé plus de cotisations syndicales aux États-Unis par rapport à ce que les syndicats américains ont dépensé au Canada; la CSC s'est appuyée sur des statistiques recueillies en vertu du Règlement sur les déclarations des corporations et des syndicats ouvriers pour étayer ses revendications.
Bien que la présidence nationale de la CSC ait souvent changé, la fédération connaît une remarquable stabilité administrative grâce au secrétaire-trésorier, lequel devient un poste salarié en 1974. Kent Rowley occupe cette fonction jusqu'à son décès en 1978; il est remplacé par John B. Lang (1978-1993) puis Karen Cooling (1993-2000). Le bureau national de la CSC se trouve à Toronto jusqu'en 1993, puis il déménage à Nanaimo (Colombie-Britannique). La CSC a une portée nationale, comptant suffisamment de membres pour former des conseils régionaux permanents en Colombie-Britannique et en Ontario. Il y a aussi pendant un certain temps des conseils régionaux au Québec et dans les provinces de l'Atlantique, et des conférences locales sont parfois organisées dans des régions où il n'y a pas de conseil formel. C'est en Colombie-Britannique que la CSC a le plus d'influence et un pouvoir important parce qu'elle compte parmi ses affiliés de très grands syndicats comme PPWC, CAIMAW, CASAW et le Syndicat canadien indépendant du transport.
La CSC amorce un net déclin dans les années 1990, quand plusieurs de ses affiliés la quittent pour fusionner avec d'autres syndicats (CAIMAW, CASAW, CTCU et Mine-Mill ont tous joint les Travailleurs canadiens de l'automobile). Des discussions sur la restructuration de la CSC, possiblement pour en faire « un seul grand syndicat », ne réussissent pas à enrayer ce déclin. Ne comptant plus qu'environ 7 000 membres, la CSC ferme son bureau national de Nanaimo en 2000. Un congrès spécial a lieu plus tard cette année-là pour réfléchir à l'avenir de la CSC; malgré un nombre décroissant de membres, le congrès décide que la CSC devrait continuer à fonctionner comme une centrale syndicale.