France. Bibliothèque nationale : Charles V installe en 1368 au Louvre, dans la tour de la Fauconnerie, sa Librairie particulière riche de 917 manuscrits. Mais, à cette époque, les collections royales sont dispersées à la mort de leurs propriétaires. C'est à partir de Louis XI, roi de 1461 à 1483 et véritable fondateur de la Bibliothèque Nationale, que la continuité de celle-ci est assurée. Transportée à Amboise, puis à Blois, la Bibliothèque rejoint la collection de la nouvelle Librairie que François 1er a créée en 1522 à Fontainebleau. En 1537, le roi introduit un principe nouveau enjoignant aux imprimeurs et aux libraires de déposer à la librairie du château de Blois tout livre imprimé mis en vente dans le royaume. Cette obligation, appelée dépôt légal, constitue une étape fondamentale pour la bibliothèque.
Ramenée à Paris dans la seconde moitié du XVIe siècle, la Bibliothèque connaît son véritable développement à partir de 1666 sous Colbert, qui a pour ambition d'en faire un instrument à la gloire de Louis XIV. Il fait transférer les collections royales qui ne pouvaient trouver place au Louvre et mène une politique d'accroissement des collections, achetant ou recevant en don un grand nombre de bibliothèques privées. En quelques décennies, la Bibliothèque s'empare de la première place en Europe. Les livres deviennent si nombreux qu'on ne peut plus se fier à la mémoire des bibliothécaires pour les retrouver. Nicolas Clément, entré à la bibliothèque du Roi en 1670, élabore une classification des livres imprimés dont les grands principes sont encore utilisés de nos jours. Les ouvrages sont répartis en vingt-trois classes, représentées chacune par une lettre de l'alphabet. Quant aux manuscrits, ils sont classés par langue et par sujet. L'abbé Bignon, nommé bibliothécaire du Roi en 1719, organise la Bibliothèque en cinq départements : Manuscrits, Livres imprimés, Titres et généalogies, Planches gravées et recueils d'estampes et Médailles et pierres gravées.
La Révolution française marque profondément la Bibliothèque. Le dépôt légal est supprimé pendant trois ans. Pourtant, la bibliothèque du Roi, devenue Nationale, enrichit considérablement ses fonds pendant cette période grâce aux confiscations pratiquées en France et à l'étranger : biens du clergé, bibliothèques des émigrés, collections particulières des princes. L'entrée en grand nombre de ces documents due aux confiscations révolutionnaires ne fait que rendre plus aigu le manque de place dont souffre alors la Bibliothèque. La première moitié du XIXe siècle est une longue période de tâtonnements. Tandis que de nombreuses voix réclament le déménagement de la Bibliothèque, d'autres s'impatientent du retard pris dans le catalogage des documents.
Au XXe siècle, la Bibliothèque ne cesse de croître par l'ajout de nouvelles salles. L'arrivée massive des collections pose des problèmes de conservation aigus, et la demande de plus en plus forte des lecteurs inquiète les responsables successifs de la Bibliothèque Nationale. Malgré son effort de modernisation et d'informatisation, l'établissement a du mal à s'adapter aux nouvelles conditions de la production imprimée et de la demande de lecture. Le renforcement du dépôt légal, considérablement amélioré par la loi du 19 mai 1925, contribue à l'expansion des collections. De nouveaux supports entrent dans son champ; dans le même temps, l'explosion de la production imprimée est visible. La presse périodique suit la même évolution. Cette extension des collections pose évidemment des problèmes de place. Les locaux de la bibliothèque sont saturés.
Sous l'autorité de son administrateur, l'accès à l'ensemble des fonds avait été réservé aux chercheurs ; la Bibliothèque Nationale était alors définie comme établissement "de dernier recours", devant prendre place au centre d'un réseau diversifié de bibliothèques de lecture publique, d'études ou de recherche. Dans les années 1970, ce dispositif montre ses limites. La grande salle de lecture de la rue de Richelieu ne comporte que quatre cents places. A ces difficultés liées à l'inflation de la production éditoriale et à la croissance de la demande, s'ajoutent des problèmes de conservation de plus en plus aigus : le papier acide vieillit très mal et la communication plus intense des documents participe aussi à leur dégradation. Confrontée à un niveau d'exigence considérablement accru, la Bibliothèque Nationale devait opérer une mutation profonde. Les débats et les crises des années 1980 ont préparé la décision annoncée par le président de la République le 14 juillet 1988 de construire une nouvelle bibliothèque.
Le 14 juillet 1988, le Président de la République annonce "la construction et l'aménagement de l'une ou de la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde ". Le site finalement retenu pour la construction est situé en bordure de Seine dans le XIIIe arrondissement de Paris. Dès 1990, les grands chantiers préparatoires au déménagement des collections sont lancés: récolement (inventaire) et informatisation générale des catalogues. En 1993, le ministre de la Culture et de la Francophonie décide la fusion de la Bibliothèque Nationale et de la Bibliothèque de France en un seul établissement. La Bibliothèque nationale de France est administrativement créée par le décret du 4 janvier 1994. Le 20 décembre 1996, la bibliothèque d'étude du site François-Mitterrand s'ouvre. Le 8 octobre 1998, l'ouverture de la bibliothèque de recherche scelle l'achèvement de ce grand projet.
Née de la fusion entre l'ancienne Bibliothèque Nationale et de l'Etablissement public de la Bibliothèque de France, la Bibliothèque nationale de France déploie aujourd'hui ses collections et accomplit ses missions sur plusieurs sites: le site François-Mitterrand (collections d'imprimés, périodiques, documents audiovisuels et documents informatiques); le site Richelieu (départements des Manuscrits, des Estampes et de la photographie, des Cartes et plans, des Monnaies, médailles et antiques, de la Musique, des Arts du spectacle); l'Arsenal; la Bibliothèque Musée de l'Opéra (Musique); la Maison Jean Vilar à Avignon (théâtre); le centre technique de Bussy Saint-Georges (Centre de conservation) et le centre Joel-Le-Theule à Sablé (Centre de conservation).
[Information tirée du site web de la BNF, 20-01-2006]