Commission royale sur les désordres à Halifax des 7 et 8 mai, 1945 (Canada) : La Commission royale d'enquête sur les désordres survenus les 7 et 8 mai 1945 à Halifax et en banlieue, en Nouvelle-Écosse, pendant les fêtes de la célébration de la victoire contre l'Allemagne a été créé en vertu du décret du conseil C.P. 3422 1/2 du 10 mai 1945 en vertu de la Loi sur les enquêtes (S.R.C., 1927, ch. 99) et sur recommandation du premier ministre par intérim. Le décret du conseil ne précise pas la partie de la loi sur laquelle repose la constitution de la commission. La Commission était mandatée pour enquêter au sujet des désordres survenus à Halifax les 7 et 8 mai 1945 pendant les fêtes de la victoire contre l'Allemagne, et présenter ses conclusions au gouverneur général en conseil. Le commissaire était Roy Lindsay Kellock.
Officieusement, les fêtes de la victoire en Europe (le jour de la victoire) ont débuté à Halifax vers 10 h 30, le lundi 7 mai 1945, lorsque les sifflets retentirent et que la radio annonça, peu de temps après, la défaite de l'Allemagne. Les gens quittèrent immédiatement leurs postes et envahirent les rues. Pour la population, ce jour devenait congé. Les forces armées poursuivirent cependant leurs opérations comme à l'habitude. Les marchands de vins et de spiritueux, les théâtres, les boutiques et presque tous les petits restaurants fermèrent leurs portes pendant le reste de ce lundi et le lendemain. Au cours de la journée de lundi, le climat de Halifax demeura paisible, mais le soir venu, vers 21 h, un groupe de marins, évalué à une centaine, brisa les fenêtres d'un tramway circulant dans la rue Barrington à proximité des camps navals. D'autres manifestations de violence impliquant des membres des forces armées et des civils se poursuivirent avec plus ou moins d'intensité et se terminèrent peu après minuit, lorsque la foule se dispersa et que la ville redevint calme pendant le reste de la nuit.
Le lundi, le maire Allan M. Butler déclara officiellement le mardi 8 mai "Jour de la victoire" et invita tous les citoyens à assister à des célébrations d'Action de grâce. Toutefois, le mardi 8 mai, vers 13 h, de violents événements éclatèrent lorsque des marins attaquèrent à nouveau un tramway de la rue Barrington et que des membres des forces armées et des civils participèrent à des émeutes qui se poursuivirent pendant tout l'après-midi. Les émeutes se propagèrent au-delà du port, à la ville de Dartmouth, qui subit d'importants dommages.
On convoqua à une réunion d'urgence les chefs des forces armées, le maire et le chef de police. Suite à cette réunion, le maire annonca que les fêtes du "Jour de la victoire" devaient se terminer le mardi à 18 h. On décida également de décréter un couvre-feu à 20 h dans les villes de Halifax et de Darmouth. Dès lors, les émeutes à Halifax et dans la région diminuèrent d'intensité et se terminèrent vers 21 h. Des édifices commerciaux, des bureaux et des banques avaient subi des dommages importants, surtout dans le centre-ville de Halifax. Au total, 564 compagnies firent état de pertes matérielles et on constata le bris de 2 624 vitrines et autres fenêtres. De plus, 207 compagnies furent victimes de pillage, dont plusieurs marchands de vins et spiritueux. On ignore à combien s'élevait l'ensemble de ces pertes, mais le gouvernement du Canada versa plus d'un million de dollars aux victimes des émeutes des 7 et 8 mai et en indemnité pour les pertes encourues lors de l'explosion du magasin de la base navale de Dartmouth qui s'est produite deux mois plus tard.
Les désordres de Halifax coïncidèrent avec une élection fédérale générale. Il y eut des controverses politiques après que les journaux de Halifax eurent formulé des critiques à l'endroit de membres des forces armées et d'employés municipaux relativement aux émeutes, qui firent d'ailleurs la manchette des journaux dans d'autres régions du Canada. Cette controverse fut alimentée par les demandes d'indemnisation déposées par les hommes d'affaires dont les commerces avaient été pillés ou qui avaient subi des pertes matérielles.
J.L. Ilsley, alors premier ministre du Canada par intérim, réagit rapidement à la situation et constitua une commission royale d'enquête sur les désordres le 10 mai. De plus, le 12 mai, le contre-amiral L.W. Murray, commandant en chef de la Marine royale du Canada de la région canadienne du nord-ouest Atlantique, fut relevé de ses fonctions; le lendemain une commission navale d'enquête sur la participation de marins aux émeutes fut mise sur pied. (Voir J.M. Cameron, Murray the Martyred Admiral, Hantsport, Lancelot Press, 1980, p. 102-119; et Rapport sur les désordres survenus à Halifax les 7 et 8 mai 1945, Ottawa, Imprimeur du Roi, 1945.)
Les audiences de la commission se sont déroulées à Halifax du 17 mai au 18 juin 1945. La commission a reçu 155 pièces à conviction. Collection de l'inventaire général de RG33-57.