Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada : La Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada a été créé en vertu du décret du conseil C.P. 1786 du 8 avril 1949 en vertu de la Partie I de la Loi sur les enquêtes (S.R.C., 1927, ch. 99) et sur recommandation du premier ministre. La Commission était mandatée pour enquêter et de faire des recommandations sur : a) les principes sur lesquels devrait reposer la politique du Canada en matière de radiodiffusion et de télédiffusion; b) les organismes et les activités du gouvernement du Canada tels que l'Office national du film, le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée national, le Musée national de la guerre, les Archives nationales et les soins et la conservation des documents du gouvernement, et la Bibliothèque du Parlement; les méthodes de soutien financier accordé à la recherche, dont les bourses d'études offertes par divers organismes du gouvernement fédéral; le contenu et la nature éventuelle de la Bibliothèque nationale; la portée ou les activités de ces organismes, le mode de fonctionnement, de financement et de surveillance qui conviendrait le mieux; c) les normes qui devraient dicter les rapports entre le Canada et l'UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation) ainsi qu'avec les autres organismes de même nature; et d) les rapports qu'entretient le gouvernement du Canada avec tous les organismes nationaux bénévoles dans le domaine dont relève cette enquête. Les commissaires étaient Vincent Massey, président; Arthur Surveyor, Norman Archibald MacRae Mackenzie, Georges Henri Lévesque et Hilda Neatby. Le secrétaire était Archibald A. Day.
En 1948, le gouvernement du Canada dut faire preuve de diligence face à plusieurs questions concernant la radiodiffusion et la télédiffusion. Il était d'abord nécessaire d'établir une politique de réglementation et de surveillance des stations privées afin d'en définir ou d'en énoncer de nouveau le rayonnement et la fonction. Il fallait ensuite prévoir des dispositions financières pour la Canadian Broadcasting Corporation; il était clair désormais que les droits d'exploitation de 2,50 $ s'avéraient inadéquats et que le gouvernement devait choisir entre augmenter les droits et trouver une autre source de revenu afin de soutenir le réseau d'État. Troisièmement, on devait tenir compte du nouveau médium qu'était la télévision. Tout laissait croire que le pays aurait de nouveau à prendre le même genre de décisions qui avaient occasionné tant de difficultés à l'époque de la montée de la radio. De plus, il fallait décider dès le début si la télévision canadienne devait relever du secteur public ou être confiée à des intérêts privés et de la façon dont le réseau devait être développé afin de desservir l'ensemble du pays.
Outre la diffusion, on s'inquiétait également de la situation des arts et des sciences humaines et sociales au Canada. L'affaiblissement progressif des liens avec la Grande-Bretagne exposait le Canada à un débordement incessant de l'influence culturelle américaine. Celle-ci se faisant sentir un peu partout, il s'avérait nécessaire de prendre des mesures visant à promouvoir l'identité culturelle distincte du Canada. Il était indispensable de recourir à l'aide gouvernementale et à la commandite d'événements culturels et artistiques afin de contrer l'exil de nombreux Canadiens talentueux provoqué par le manque de perspectives d'avenir.
En 1941, une réunion tenue à la Queen's University, à Kingston, permit de créer la Federation of Canadian Artists et, en 1944, des représentants de 16 groupes artistiques, y compris la Federation, se rendirent à Ottawa pour présenter un mémoire au Comité spécial sur la rénovation et la restauration afin d'obtenir du gouvernement un soutien financier pour les arts. En 1948, un groupe d'artistes montréalais connu sous le nom des Automatistes publia le Refus global, manifeste proclamant une nouvelle vision du Québec et un nouveau statut pour les artistes québécois.
Par la suite, à l'occasion de la convention libérale nationale d'août 1948, la Canadian University Liberal Federation suggéra la mise sur pied d'une commission sur les arts. Brooke Claxton, ministre de la Défense nationale, apprit que les étudiants libéraux avaient été amèrement déçus du rejet de leur idée par la convention et promit d'en faire part au Cabinet. Dans un mémoire adressé au premier ministre Louis Saint-Laurent le 29 novembre 1948, Claxton ébauchait le mandat d'une commission qu'il souhaitait voir présider par Vincent Massey, ancien haut-commissaire délégué à la Grande-Bretagne. Claxton avait fait part de son idée à Jack Pickersgill, attaché spécial du premier ministre. Pickersgill en avait à son tour parlé à Lester B. Pearson, secrétaire d'État aux Affaires extérieures, quelque temps avant que Louis Saint-Laurent ne devienne premier ministre du Canada en novembre 1948. Claxton et Pearson ont ensuite convaincu Saint-Laurent du bien-fondé d'une telle enquête ainsi que de sa valeur à titre de capital politique.
Le 26 janvier 1949, à l'occasion du discours du trône, le gouvernement annonçait son intention de constituer une commission royale dont le mandat prévoyait " l'examen des activités des organismes du gouvernement fédéral concernant la radio, le cinéma, la télévision, l'avancement des arts, des sciences, de la recherche et de la conservation de nos documents nationaux, une bibliothèque nationale, des musées, des expositions, des rapports avec des organismes internationaux ouvrant dans ces domaines, et des activités conçues afin d'enrichir l'ensemble de la vie culturelle canadienne, de nous faire prendre conscience de notre patrimoine national et de promouvoir le Canada à l'étranger."
Donnant suite à cette proposition, le gouvernement constitua officiellement la Commission royale sur l'avancement des arts, lettres et sciences le 8 avril 1949. (Voir F.W. Peers, The Politics of Canadian Broadcasting, 1920-1951, Toronto, University of Toronto Press, 1969, p. 395; J.W. Pickersgill, My Years with Louis St. Laurent: A Political Memoir, Toronto, University of Toronto Press, 1975, p. 139; et Le Conseil des Arts du Canada : Un rêve réalisé, Ottawa, Archives nationales du Canada, 1987, p. 3-4.)
Les audiences de la commission se sont déroulées à St. John's, Charlottetown, Halifax, Saint-Jean, Fredericton, Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, Winnipeg, Regina, Saskatoon, Calgary, Edmonton, Vancouver et Victoria du 3 août 1949 au 8 juillet 1950. La commission a reçu 462 mémoires. Collection de l'inventaire général de RG33-28.