Tisseyre, Pierre, 1909-1995 : Pierre Tisseyre (journaliste et éditeur) est né à Paris le 5 mai 1909, fils de Charles Tisseyre (1880-1945) et de Marguerite Vabre. Après des études de droit à Paris et son service militaire à Saint-Cyr, il est conseiller juridique des Films Paramount pour l'Europe de 1931 à 1935. Amateur de ping-pong (sport très populaire en Europe depuis les années 1920) et auteur d'une rubrique sur le sujet au journal sportif «L'Équipe», il organise les championnats du monde à Paris en 1932. Quelques années plus tard, en 1935, avec ses amis Jean de Gramont et Roger Dupont, il part à l'aventure en automobile tentant de battre le record de la traversée de l'Afrique. Les trois amis décident d'un nouveau trajet en partant d'Alger plutôt que du Caire en Égypte. Ils arrivent en triomphe au Cap en un temps record de quatre-vingt-neuf jours. À son retour, Pierre Tisseyre s'établit à New York, se marie à une Américaine, et, tout en travaillant au grand magasin Saxe Fifth Avenue, continue de collaborer, comme il le faisait en France, aux journaux «Candide», «Gringoire», «Le Petit Journal» et «La Petite Gironde».
En 1939, lorsque la guerre éclate, Pierre Tisseyre retourne en France afin de s'enrôler dans l'armée. En 1940, il est envoyé, avec la compagnie qu'il dirige, dans le village de Formerie (entre Amiens et Rouen). Après cinquante-cinq heures de siège contre les Allemands qui ont envahi le village du 7 au 9 juin 1940, Tisseyre et ses hommes sont pris par les nazis et internés dans des camps de prisonniers de guerre en Pologne et en Allemagne, du 10 juin 1940 au 8 mai 1945. Durant sa captivité, les Allemands lui font traduire des documents et taper sur une machine à écrire des documents officiels en français et en allemand. Pour passer le temps au camp, il fonde et s'occupe de la publication de «L'Écureuil», un journal de camp hebdomadaire, il donne des conférences et fait du théâtre. Il entreprend aussi le récit du siège de Formerie sous le titre de «55 heures de guerre» et envoie les différents chapitres de son manuscrit à sa mère qui les fait publier aux Éditions Flammarion. Le livre remporte le prix Cazes en France en 1943 alors qu'il est toujours en captivité. À sa libération à la fin de la guerre, Pierre Tisseyre retourne dans sa famille où il apprend que son père est mort dans le camp de concentration de Buchenwald, que son frère François a été abattu en essayant de s'échapper d'un camp de prisonniers et que son épouse américaine, le croyant disparu, s'est remariée.
De retour à Paris, le directeur littéraire des Éditions Flammarion désire qu'il termine de rédiger le récit de sa captivité intitulé «Barbelés» qu'il avait entrepris dans les camps après la publication de «55 heures de guerre» en 1943. Des circonstances familiales et professionnelles l'empêchent de finir le récit. Tisseyre retourne à New York en novembre 1945 où il fait, entre autres, des traductions de textes sur le droit d'auteur de divers pays pour la Twentieth Century-Fox Film Corporation. Il se dirige ensuite vers Montréal où le journal «L'Équipe» lui demande d'aller récupérer des droits d'auteur. En décembre 1946, il rencontre Michelle Ahern et le couple se marie en 1947. Au cours de la même année, il rencontre Charles Spilka et Horace Marston, fondateurs aux États-Unis après la guerre du Cercle du livre de France (CLF). À leur demande, Tisseyre dirige le bureau montréalais du CLF. Il réédite alors des oeuvres françaises pour lesquelles le club du livre achète les droits d'auteurs. En 1949, il décide d'éditer des oeuvres originales et crée le prix du Cercle du Livre de France. Il fonde la maison d'édition Le Cercle du Livre de France qu'il dirige en parallèle avec son club de livre. L'entreprise est connue depuis 1975 sous le nom des Éditions Pierre Tisseyre. En 1952, il fonde, avec des associés, le Cercle du livre romanesque; en 1960, les Messageries du Saint-Laurent; en 1965, les éditions du Renouveau pédagogique; en 1967, les éditions Mirabel.
Très impliqué dans le domaine de l'édition, Pierre Tisseyre est président de l'Association des éditeurs canadiens de 1958 à 1960, du Conseil supérieur du livre de 1960 à 1977, de l'Association pour l'exportation du livre canadien de 1974 à 1987, de la Société des éditeurs de manuels scolaires de 1977 à 1986 et de la Société canadienne française de protection des droits d'auteur de 1977 à 1987.
En 1978, Pierre Tisseyre reçoit l'Ordre du Canada en «reconnaissance de sa contribution au développement de la littérature en langue française, à l'édition, et à la défense du droit d'auteur ainsi que pour le rôle qu'il a joué afin de faire connaître cette production littéraire au niveau international». Il est décoré de la Croix de guerre, fait chevalier de la Légion d'honneur en 1979 et récipiendaire du prix Fleury-Mesplet en 1988. Une plaque a été érigée à la Place Pierre Tisseyre à Formerie (France) en 2000 afin de commémorer le siège de la ville par les Allemands du 7 au 9 juin 1940. Un timbre sur Le Cercle du livre de France et Pierre Tisseyre a été émis par Postes Canada en 2000.
Pierre Tisseyre décède le 3 mars 1995.
Tisseyre, Charles, 1880-1945 : (Adrien) Charles Tisseyre est né le 21 juillet 1880 à Chalon-sur-Saône (France). En 1907, il marie Marguerite Vabre, fille d'un grand entrepreneur de Paris : ils ont quatre enfants dont Pierre Tisseyre qui naît à Paris en 1909. De 1908 à 1936, il est collaborateur, chef de service et co-directeur de la Société de l'Édition phonographique et cinématographique qui défend et protège les droits d'auteurs en Europe.
En1914, Charles Tisseyre est mobilisé dans l'armée où il est lieutenant et capitaine dans le 244e régiment d'infanterie de la 23e compagnie de France. À son retour en 1919, il est élu député de Saône-et-Loire jusqu'en 1924. De 1936 à 1940, il est collaborateur de la section sociale de la Confédération générale du patronat français, puis de la Fédération des industriels et commerçants français.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, il fait partie du groupe de Résistance l'Organisation civile et militaire (OCM) où il est d'abord chargé de l'organisation d'un des secteurs de Paris et ensuite de la banlieue parisienne. Il doit abandonner ce secteur car, en 1941, la plupart des chefs de groupe sont arrêtés. Tisseyre s'occupe alors de cette organisation dans divers départements régionaux. Trahi, il est arrêté le 3 septembre 1943 et déporté dans le camp de concentration de Buchenwald où il meurt le 8 avril 1945. Charles Tisseyre est décoré Chevalier de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre avec citations.