"Ils sont sans doute au courant d'événements dont on a pu prévoir plus de la moitié. Depuis le départ de Gamelin, Lantingette est arrivé. Le comité de correspondance avec le Canada a eu une audience de lord Sydney, mais la session était trop avancée pour introduire des mesures quelconques relatives à la province. Il n'est pas probable que le ministère aurait accepté aucun bill passé par le parlement sur ce sujet, parce que cela restreindrait ses pouvoirs, et le bill de Québec avait étendu le pouvoir de la couronne, en reportant sur le roi tous les pouvoirs du roi de France, pour ce qui regarde la propriété.
Il y a dix-huit ans que le chancelier a refusé de signer les lettres patentes concernant les biens des jésuites en faveur de lord Amherst, parce qu'ils étaient le fruit de la conquête du Canada, achetés au prix du sang et de l'argent du peuple, et par conséquent l'apanage du peuple et non pas du souverain. Le bill de Québec à mis de côté cette logique en introduisant les lois de France, en vertu desquelles c'est le roi et non le peuple qui conquiert. L'extension des pouvoirs de la couronne est le système que poursuit le ministère actuel; il ne détruira pas le système et la majorité en parlement n'a jamais été aussi soumise.
En outre, ils (ceux à qui cette lettre est adressée) sont divisés, ce quiseul fera tout manquer. Qu'ils reviennent au Canada; retirent les pétitions; s'unissent au sujet de réformes nécessaires, et qu'ils confient leurs demandes non pas à un grand comité, à un M. Mazères ou à M. Powis, qui sont dans l'opposition, mais à un agent sage et muni d'instructions complètes. Il serait nécessaire, en outre, de tout laisser au parlement. Lord Sydney et M. Nepean sont favor ables, et un peu de confiance gagnerait leur appui. M. du Calvet conseillerait d'autres mesures, mais c'est un fou, aveuglé par ses passions, qui se réjouirait d'avoir des compagnons d'infortune.
Il a ouvertement attaqué le ministère. Le général Haldimand a des amis puissants; le roi est son ami, et le ministère aussi. L'affaire de du Calvet ne sera probablement jamais réglée. L'enquête dans la province se fera sous les yeux d'Haldimand, qui reviendra auprès de son gouvernement. Tout le parti qui l'oppose tombera en poussière. Quant à du Calvet, qui fournira l'argent? Il est actuellement dans la baisse. (Suivent les détails de ses difficultés). Son tempérament aveugle et entêté l'a conduit à faire le diable auprès du comité parce qu'il ne voulait pas aller aussi vite qu'il le voulait; il a publiquement insulté Adhémar; et il ne reste plus que lui (Roubaud), qui grâce à son bon caractère soit toujours attaché à ce malheureux.
Cependant l'ingratitude de du Calvet pourrait le forcer à le quitter ; en outre il (Roubaud) doit de la reconnaissance au gouvernement. Treize guinées que lui a payé du Calvet paraissent à ce dernier un prix exorbitant pour un an de travail, de conseils et de services. Si ce n'eût été sa bonté de coeur lui-même (Roubaud) serait devenu l'ennemi de du Calvet. Adhemar partira dans le cours du mois prochain. Suit l'éloge d'Adhemar. Les encourage à calmer les craintes de leurs amis à propos du retour d'Haldimand, dont la conduite les satisfera, et le gouvernement est bien disposé; le désir d'avoir des prêtres et l'admission des Canadiens français aux emplois seront accordés.
Parle avec espoir de ses propres affaires et offre de devenir l'agent des Canadiens. Le reste de la lettre discute l'état politique de l'Europe."