Lettre de Beauharnois et Hocquart au ministre - Mgr de Pontbriand n'a jusqu'ici supprimé aucune fête ni laissé aux habitants la liberté d'en chômer à leur discrétion: il craint peut-être que, dans ce temps de "calamité publique", une telle réforme ne soit vue comme un relâchement de la religion; n'ont pas eu le temps de discuter du mémoire de cet évêque sur la fixation des cures; "le peuple a vécu misérablement, plus de la moitié des habitants de la campagne se sont passés de pain depuis le printemps jusqu'aux récoltes" et ont dû vivre de chasse, de pêche, d'herbes et de laitages; cependant, personne n'est mort de faim, grâce en grande partie aux secours obtenus des cultivateurs aisés (collaboration empressée de ceux-ci), aux libéralités du roi et aux aumônes des notables, des communautés et des gens aisés; les secours de vivres étant arrivés fort tard, il ne s'en est consommé qu'une partie et le surplus sera expédié à Louisbourg: détails sur les envois de farines, de pois et de blé d'Inde à l'île Royale par la Gironde et d'autres bâtiments; recommandent que l'on charge des vivres sur les bâtiments de France qui iront à l'île Royale afin de mettre cette colonie "en sûreté de ce côté-là jusqu'en 1746"; il paraît nécessaire, à cause des corsaires, qu'il y ait à l'île Royale un nombre suffisant de vaisseaux de guerre ou de frégates et qu'il y ait des convois établis pour assurer la navigation entre le Canada, l'île Royale et la Martinique; la pêche du loup marin à la côte du Labrador et celle de la morue à Terre-Neuve et à Gaspé méritent également la protection des vaisseaux du roi; prient d'envoyer de bonne heure l'équipage du Castor pour que cette frégate puisse servir de convoi aux bâtiments qui partiront de Québec; doutent que les négociants canadiens commercent avec la Martinique l'an prochain, à moins d'être certains de trouver des convois à Louisbourg (désordres commis par les corsaires anglais à l'île Royale); "le commerce de Québec à l'île Royale ne peut s'entretenir qu'autant que l'île Royale fournira des retours, les principaux sont les guildives, sirops, cafés et sucres que fournit la Martinique"; les disettes successives ont interrompu la construction navale chez les particuliers; la guerre aura le même effet si la navigation n'est pas protégée par des convois: trois bâtiments du port de 80 tonneaux ont été construits l'hiver dernier mais leurs propriétaires n'ont osé les faire sortir; l'élevage des bestiaux ayant été considérable depuis l'an passé, les pertes de l'hiver 1742-1743 seront vite réparées: les "sorties qui s'en sont faites cette année pour l'île Royale" occasionneront peut-être une "cherté passagère" mais inciteront les habitants à produire davantage; auraient voulu remettre à plus tard le règlement "pour diminuer l'objet de la vente et consommation des veaux"; les Canadiens reconnaissent de plus en plus "les avantages d'avancer leurs défrichements" et le haut prix du blé depuis trois ans est pour eux un bon stimulant; la guerre et la rareté des vivres gênent la colonisation dans la vallée du Richelieu et la région du lac Champlain: état de la récolte aux environs du fort Saint-Frédéric, progrès des établissements de Péan, Beaujeu fils, Estèbe, Noyan et Foucault (peuplement, cultures, constructions); suivront les directives au sujet des postes reliés à l'entreprise de la mer de l'Ouest: en "useront de même à l'égard du produit de la ferme des autres postes sur laquelle il ne sera prélevé que la somme de 10 000 l." pour les pauvres familles et le reste remis dans la caisse du trésorier de la Marine; incluront des dispositions pour le bois d'épinette dans leur règlement pour la conservation des bois du Canada; toutes leurs tentatives pour engager les particuliers à couvrir leurs maisons de tuiles ont été infructueuses; Coton, gêné par la difficulté de nourrir ses ouvriers, n'a pu fournir quelques milliers de tuiles pour les poudrières; la recette du castor montera, semble-t-il, à plus de 200 milliers (le peu de neige a favorisé la chasse); n'ont eu vent d'aucun cas de commerce étranger chez les négociants: ceux qui commettront une telle faute seront envoyés en France pour y rendre compte de leur conduite; des Indiens du Sault-Saint-Louis sont allés dans la grande rivière et au lac Ontario au-devant des canots d'autres Indiens pour y trafiquer leur castor et le porter chez les Anglais: Beauharnois a donné des ordres au commandant du fort Saint-Frédéric et les marchandises rapportées de chez les Anglais ont été saisies (ménagements à observer à l'égard de ces Indiens); les Abénaquis descendus cet été ont paru bien disposés à l'égard des Français: le rapport de Duquesnel sur leurs démarches contre les Anglais de l'Acadie porte à croire qu'ils tiendront parole; il n'est venu que 43 soldats de recrue cette année: Beauharnois n'accordera aucun congé jusqu'en janvier 1745 et attend des ordres pour la suite; on continue d'envoyer un aide-major dans les côtes non seulement pour discipliner les milices et les exercer au maniement des armes mais aussi pour dresser des rôles exacts des compagnies; on oblige autant que possible les habitants à se munir d'armes mais ce n'est pas chose facile (indigence de certains, manque d'armes dans la colonie, nécessité d'en envoyer l'an prochain); exécution de l'ordonnance concernant les armes des soldats; exécution des arrangements prescrits pour le poste de Détroit; projet d'y établir un commandant sédentaire: difficulté d'y retenir le chevalier de Longueuil à moins de lui accorder le grade de major et de meilleurs appointements; exploitation du poste de Michillimakinac avec douze canots; affermage des postes suivants: Miamis (Charly), Kaministiquia (Maugras), Chagouamigon (Mme Denys de La Ronde) et rivière Saint-Joseph; entreprise de Louis Fornel au Labrador; proposition d'inclure la baie des Esquimaux dans les limites du Domaine du roi (ferme de Tadoussac); succès de la pêche du saumon dans le bas du fleuve: nécessité d'en exporter en France en raison de l'interruption du commerce avec les Îles (inconvénients); succès de la pêche du loup marin: exécution des ordres pour empêcher la multiplication des établissements de pêche (conservation de l'espèce); projet d'établir la pêche du hareng aux îles des Pèlerins; projet irréalisable de négociants de la Martinique de construire des bâtiments de mer au Canada; projet de règlement "touchant la trop grande division et subdivision des terres"; peuplement de la rivière du Sault de la Chaudière: déclaration de La Gorgendière, rapport de Jean-François Gaultier sur la fertilité des terres; nouvelle mission de la rivière Missisquoi: progrès, dépenses, projet d'y installer des Loups des environs d'Orange, requête d'Étienne Lauverjat, etc; secours sollicités pour les hospitalières de Montréal et de Trois-Rivières; réception de Guillaume Guillimin et Jean-François Gaultier comme conseillers et recommandation en faveur de Joseph Perthuis.