Mémoire du roi à MM. de Beauharnois et Dupuy. Instructions générales sur leurs devoirs respectifs. Les plaintes faites contre les marchands forains sont intéressées. Il vaut mieux laisser le commerce libre. Tiendront la main à ce que l'Hôpital-général de Montréal entretienne toujours 8 maîtres d'écoles; la gratification de 3,000 livres qui est faite à cette institution n'a pas d'autre but. Rendraient un grand service à la colonie s'ils parvenaient à conclure la paix entre les Renards et les Illinois. Cela est nécesssaire pour établir un poste chez les Scioux qui sont alliés aux Renards et aux Sakis. M. de Longueuil a obtenui des Iroquois la permission de construire un fort de pierre à Niagara. Ils ont déclaré aux Anglais qu'ils ne leur permettraient pas de construire un fort à Chouengen. Les Français ont toujours fait seuls le commerce avec les sauvages des pays d'en haut, ce n'est que depuis le traité d'Utrecht que les Anglais font des tentatives pour pénétrer en ces lieux, persuadés qu'ils sont que la nation qui se rendra maîtresse des pays de l'Ouest le deviendra de tout le reste de l'Amérique. Dans le but de frustrer les Anglais de ce dessein, il convient de rétablir les congés, malgré les abus qui peuvent en résulter. Il faut travailler les Iroquois pour qu'ils délogent les Anglais de leur poste de Chouengen. Les commandants des postes français feraient bien d'engager les sauvages à piller les traitants anglais qui s'aventurent dans nos postes. Cela aurait l'effet de les dégoûter. En rétablissant les congés il ne convient plus d'affermer les postes, et la ferme de celui de Témiscamingue doit être résiliée. Voudrait bien se dispenser de permettre la traite de l'eau-de-vie, mais les restrictions devenant inutiles par la facilité que les sauvages ont de s'en procurer chez les Anglais, il convient de se relâcher de l'ancienne rigueur si l'on ne veut pas que la traite des fourrures ne passe en entier aux Anglais. Ne permettront aux porteurs de congés qu'une quantité limitée d'eau-de-vie et cela qu'aux endroits où les Anglais peuvent venir en contact avec les sauvages. Les anglais ayant bâti deux maisons et des magasins sur une rivière qui se décharge dans la Ouabache pour y traiter avec les Miamis et les Onyatanous, ils donneront des ordres à M. de Vincennes pour qu'il s'entende avec M. de Boisbriant afin qu'ils mettent des obstacles à l'extension des Anglais de ce côté. Presseront la confection du papier terrier s'il n'est pas encore terminé. Marchandises étrangères. La diminution du prix des écarlatines doit contribuer à faire cesser la fraude qui se faisait. Inspireront aux Abénakis l'idée de ne pas tolérer les empiètements des Anglais sur leurs terres. Ne souffriront point que les Anglais qui viennent à Montréal y restent plus de deux jours et veilleront qu'ils n'introduisent aucunes marchandises. Feront partir de Montréal ceux qui s'y sont établis sous le prétexte de faire des chapeaux, en réalité pour trafiquer des marchandises étrangères.