Le Président du Conseil de Marine à M. le Contrôleur Général. Lui renouvelle ses instances sur la nécessité pressante de pourvoir sans délai à l'établissement de 4 à 500 familles acadiennes, composant environ 2,400 personnes dispersées sur nos côtes. A cru devoir écouter favorablement les Sieurs Rice qui demandent la forêt de Brix, appartenant au roi, située près de Cherbourg. Il offrent de se charger d'autant de familles acadiennes que ce domaine en pourra recevoir. Il contient environ 13,000 aprents dont 4,000 ne produisent rien, le surplus est en bois tellement dégradés que la forêt entière ne rend pas annuellement 12,000 livres. Il parait possible d'y placer presque tous les Acadiens en donnant ce domaine à bail emphitéotique sans exiger aucun prix principal ni redevance annuelle, mais sous la condition de faire les frais de l'établissement des Acadiens en nombre proportionné à l'étendue et au montant de l'estimation à faire de la forêt et des terres non boisées. Indépendemment de la justice qu'il y a à pourvoir ces Acadiens l'Etat se trouvera déchargé de leur entretien annuel qui dépasse 200,000 livres. Les Sieurs Rice, Irlandais catholiques, se soumettent à introduire en France l'art des salaisons de boeuf en formant une manufacture semblable à celle qu'ils viennent de quitter à Cork, en attirant leurs meilleurs ouvriers. L'arrrêt qui a été passé pour le rebaisement de la forêt de Brix occasionnerait de grandes dépenses et cette mesure ne donnerait des profits que dans un avenir bien éloigné, d'ailleurs, il est fort douteux qu'il soit possible de produire dans un endroit aussi exposé aux vents des arbres de grande futaie propre aux besoins de la marine. Toutes les recherches pour trouver un autre domaine répondant à cet objet ont été infructueuses. Cet objet mérite son attention et c'est vraiment une affaire d'état qui doit être traitée sous ce point de vue et non suivant les principes ordinaires de la finance.